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© AFP/JEAN-FRANCOIS MONIER
L'ancien pilote de F1 Jacques Lafitte et le cavalier Karim Florent Laghouag, le 15 mai 2017 à Nogent-Le-Rotrou
La vie de Karim Florent Laghouag, champion olympique par équipes de concours complet, ressemble à l'un de ces contes qui débutent fort mal, avec, en guise de fées, des chevaux qui galopent et d'autres vombrissant sous les capots.
Victime de l'écrasement d'une hanche à deux ans et demi, le petit Karim, né à Roubaix d'un père algérien, restera immobilisé pendant quatre ans, entre lit et chaise roulante.
Une fois libéré du carcan, l'adolescent exprime sa rage par une débauche de sport. Mais, déjà, les chevaux ne sont pas loin. "Du côté paternel, il y avait un jockey. Et surtout mon oncle maternel, Pierre Defrance, international de complet puis coach de la discipline, qui m'a tout appris près d'Orléans, où je passais mes vacances", explique le médaillé d'or des Jeux de Rio.
Entre les hauts et les bas du début de carrière, Laghouag fait la rencontre d'une cavalière, Camille, fille aînée de l'ex-pilote de F1 Jacques Laffite .
Karim entre alors dans le monde des chevaux-moteur, d'autant plus prégnant que Camille est également la belle-fille d' Alain Prost , monstre sacré des circuits qui a refait sa vie avec la première épouse de Jacques Laffite .
Les deux ex-pilotes, déjà au fait du monde des équidés, ont aidé Karim et sa compagne à s'installer, en équipant notamment le cavalier de chevaux. Le concours complet, triathlon équestre (dressage/cross/saut), ne nourrit ni les propriétaires ni les cavaliers internationaux, qui doivent aussi être moniteurs-instructeurs, marchands et préparateurs de chevaux pour vivre de leur métier.
- Seconde jeunesse -
A 73 ans, Jacques Laffite vit une seconde jeunesse par l'intermédiaire de son gendre. "Mes filles ont fait du cheval jeunes. J'avais acheté des chevaux, je trouvais ça beau. Le cheval, c'est une Formule 1. Il y a une trajectoire très, très précise, c'est une vraie mécanique. Les cavaliers pilotent leurs chevaux comme nous on pilotait nos voitures. Il y a des réglages très importants à faire", explique-t-il à l'AFP.
Ecurie et paddock sont des termes partagés par les deux sports. "Et puis il y a le danger, la prise de risques. J'aime les prises de risques depuis que je suis tout petit. Si j'avais fait du cheval, j'aurais fait du cross. C'est hyper-dangereux. Finalement, ce qu'aiment les gens ce sont les gladiateurs. Ils aiment vivre à travers quelqu'un le danger qu'ils n'ont pas le courage d'affronter", ajoute sans détour l'ex-premier volant de chez Ligier.
Les risques du métier ? Laghouag n'y pense pas, même s'il répertorie en 2000 "six fractures du bassin" et en 2009 la chute avec Havenir d'Azac qui lui retombe dessus aux Championnats d'Europe à Fontainebleau. L'issue est heureuse grâce à l'airbag.
- Cavalier complet -
De l'avis général, Laghouag ne manque pas de qualités et surtout, il connaît l'équitation du bout des doigts, lui qui a pratiqué la voltige dans sa jeunesse et surtout monte toujours à bon niveau en saut d'obstacles.
Toujours beau gosse au sourire solaire, le champion olympique s'est assagi au fil des ans. "Au départ, j'avais les dents qui rayaient le plancher", se souvient-il.
En son nouveau domaine de La Ribaudière, qu'il occupe depuis presque trois ans aux portes de Nogent-le-Rotrou, et à l'aube de la quarantaine, le champion olympique transpire la sérénité, profitant de ses deux enfants, Quentin (5 ans) et Chloé (18 mois), toujours mû par la passion des chevaux.
Entebbe de Hus, superbe étalon bai brun, son partenaire lors des derniers Jeux, continue de porter ses espoirs sportifs. A partir de jeudi, le couple participera au CCI de Saumur, étape importante sur la route des +Europe+, programmés à Strzegom (Pologne) du 17 au 20 août.
Et Jacques Laffite , en se plantant devant l'hanovrien, de parodier Louis-Ferdinand Céline: "Ah c'est beau un cheval, c'est beau".