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Six victoires sur sept cette saison pour Mercedes, 19 places sur 21 sur le podium pour le trio Mercedes-Ferrari-Red Bull, les trois seules écuries victorieuses en Formule 1 depuis 2014: la victoire de Lewis Hamilton (Mercedes) dimanche au Canada a confirmé le gouffre entre les "top teams" et les autres.
Et la raison est connue: la répartition disproportionnée des revenus commerciaux de la Formule 1, en faveur des grosses écuries.
Alors certes, le règlement technique va changer la saison prochaine. Pneus plus gros et appuis aérodynamiques plus importants vont faire leur retour, pour tenter de rendre les courses plus spectaculaires, les voitures plus rapides et les dépassements plus nombreux.
Du coup, certaines écuries envisagent déjà d'arrêter le développement de leurs monoplaces 2016, pour tout miser sur 2017. Alors qu'il reste encore 14 GP à courir cette saison...
Le but est clair: ramener un public qui s'est progressivement détourné de la discipline. La F1 est diffusée par un plus grand nombre de chaînes payantes (Sky, Canal+, etc.), ce qui fait mécaniquement baisser les audiences: 450 millions de téléspectateurs "uniques" par an, au lieu de 600 millions il y a quelques années.
Comme il y a aussi moins de spectateurs dans les tribunes, notamment en Europe, les sponsors se font rares et la tension monte autour de la répartition inégale des revenus colossaux générés par la F1: 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires annuel, en moyenne, dont les deux tiers sont redistribués aux écuries.
- 'L'écart est énorme' -
Et le "patron" reste Bernie Ecclestone, 85 ans, le gérant de Formula One Management (FOM) pour le compte de CVC Capital Partners, un fonds d'investissement qui a déjà commencé à se désengager. Des candidats au rachat des dernières parts de CVC ont été annoncés, au Qatar et aux Etats-Unis, mais aucun n'a encore signé.
Une certitude: la clef de répartition des revenus entre les écuries ne fait pas que des heureux, car deux critères sont déterminants, les résultats et l'antériorité. De quoi donner à Ferrari, en F1 depuis 1950, un avantage déterminant: soit 192 millions de dollars de revenus commerciaux cette saison, dont 105 millions de "bonus", selon le magazine de référence Autosport.
170 millions de dollars pour Mercedes, 140 pour Red Bull: au total, ce sont donc plus de la moitié des 965 millions de dollars du pactole destiné aux écuries qui se retrouvent dans les caisses des trois grands.
De quoi expliquer le monopole de ce trio sur les victoires en F1 depuis 2014: 38 pour Mercedes, 4 pour Red Bull, 3 pour Ferrari.
"Ce serait bien que ce soit un peu plus équitable. La différence entre les grandes et les petites équipes est trop grande. L'écart est actuellement énorme et il faut reconsidérer cela", jugeait au Canada Dave Ryan (ex-McLaren), désormais responsable de la petite écurie Manor (ex-Marussia).
- Zéro euro pour Haas -
L'exemple de l'équipe américaine Haas est frappant. Débutante en F1 cette année, elle va participer aux 21 Grands Prix et suscite déjà un intérêt certain sur le marché nord-américain. Mais elle ne recevra pas le moindre centime de la FOM en 2016, n'ayant aucun résultat et aucune ancienneté à faire valoir. Et doit donc se contenter des ressources, certes énormes, de son patron, Gene Haas, qui a fait fortune dans la machine-outil aux Etats-Unis.
La situation actuelle est figée jusqu'en 2020, en vertu des Accords Concorde qui répartissent les droits commerciaux. Mais cela pourrait continuer au delà. Le Team Principal de l'écurie Haas, l'Italien Günther Steiner, s'est déjà résigné à ce que les grosses écuries, au delà de 2020, continuent à se répartir la plus grosse part du gâteau.
Deux écuries indépendantes, Force India et Sauber, ont décidé l'an dernier de porter plainte devant la Commission européenne, dénonçant l'organisation actuelle de la F1 et ces accords "Concorde".
Pour Robert Fernley, Team Principal de Force India, "l'idée d'équipes privilégiées négociant dans leur coin avec CVC, en se réservant la plus grosse part avant de redistribuer le reste, n'est pas acceptable".
Pour son équipe anglo-indienne, 5e du Championnat du monde des constructeurs en 2015, avec un budget sans commune mesure avec celui des "top teams", recevoir plus d'argent permettrait de développer de meilleures monoplaces, pour viser un jour la victoire.
C'est bien ce qui dérange Mercedes, Ferrari et Red Bull.