Happy Birthday : |
© AFP/NELSON ALMEIDA
Le Britannique Lewis Hamilton
(Mercedes) arbore un casque vert et jaune en hommage à son idole le Brésilien Ayrton Senna
aux essais libres du GP du Brésil , le 11 septembre 2016 à Sao Paulo
Au pays du football, un autre sport fait chavirer le coeur des Brésiliens: la Formule 1 soulève une ferveur qui s'exprimera dimanche à Sao Paulo, lors du dernier Grand Prix à domicile du futur retraité Felipe Massa , où plane toujours l'ombre du "dieu" Senna.
Pour rejoindre le circuit d'Interlagos, de nombreux fans emprunteront l'autoroute Ayrton Senna , qui porte le nom du pilote au destin tragique encore vénéré au Brésil et dans le monde plus de vingt ans après sa mort.
Preuve de son impact sur les générations suivantes de pilotes, le Britannique Lewis Hamilton (Mercedes), qui avait 9 ans en 1994 au moment de l'accident qui a coûté la vie à son idole, a choisi de lui rendre hommage en arborant sur ses terres un casque vert et jaune, inspiré de celui qu'utilisait le Brésilien.
"Il continue d'être vu comme un héros", explique à l'AFP Rodrigo França, auteur d'un livre sur le triple champion du monde qui repose à quelques kilomètres de la piste, dans le cimetière du quartier cossu de Morumbi.
Pour ce spécialiste, qui travaille avec l'Institut Senna, à l'origine de projets éducatifs, l'amour des Brésiliens pour "Ayrton" et la Formule 1 dépasse le cadre sportif.
"A son époque, au début des années 1990, le football, l'économie et la politique ne se portaient pas bien dans le pays. La seule chose qui fonctionnait, c'était la F1 avec Senna. Il représentait vraiment le Brésil qui gagnait", analyse Rodrigo França, pour qui les sports mécaniques occupent une place à part pour les Brésiliens.
Et plus particulièrement à Sao Paulo, d'où sont issues la plupart des gloires locales, d' Emerson Fittipaldi , champion du monde en 1972 et 1974, à Rubens Barrichello , en passant par Senna et Massa.
- 'Obrigado' -
Ce qui est loin d'être un hasard pour ce sport parmi les plus coûteux. Car cette mégalopole, sorte de New York sud-américaine où se concentrent les familles les plus riches du Brésil, compte de nombreuses écoles et circuits de karting, le passage obligé pour les jeunes qui veulent gravir les échelons du sport auto.
"Le championnat local de kart à Sao Paulo est le plus relevé du pays, encore plus que le championnat national", souligne José Pédro Larriera, ex-pilote de kart qui aide et conseille des jeunes talents.
Or, la filière brésilienne connaît actuellement un creux, au point que les Brésiliens pourraient se retrouver sans pilote auriverde sur la grille de départ en 2017.
© AFP/Miguel SCHINCARIOL
Le Brésilien Felipe Massa
arbore sur l'aileron arrière de sa Williams un "obrigado" aux essais pour son dernier GP à domicile, le 11 novembre 2016 à Sao Paulo
A 35 ans, le vétéran Massa prendra sa retraite à la fin de l'année. Pour son dernier GP à domicile, il adressera un clin d'oeil à ses fans avec un "obrigado" ("merci" en portugais) sur l'aileron arrière de sa Williams. Quand à l'autre Felipe, le jeune Nasr, 24 ans, il n'est pas sûr de continuer chez Sauber l'an prochain.
Un scénario inenvisageable pour TV Globo, le puissant groupe de médias brésilien. Dans le contrat entre Formula One Management (FOM) et la chaîne brésilienne qui diffuse les courses, estimé à 24 millions de dollars par an, il est écrit qu'un Brésilien doit obligatoirement figurer sur la grille, chaque saison.
D'autant que d'autres nuages bouchent l'horizon du GP du Brésil, pays qui traverse une grave crise économique.
Dans le calendrier provisoire pour la saison 2017 de F1, la Fédération internationale de l'automobile (FIA) a fait figurer le GP du Brésil parmi les courses à "confirmer".
Mais Tamas Rohonyi, le promoteur de la course se veut rassurant. Il n'a "aucune inquiétude" sur l'avenir de cette épreuve, dans la foulée des travaux "très importants" réalisés récemment sur le circuit d'Interlagos.
Alors, la F1 pourrait-elle un jour tourner le dos au géant d'Amérique du Sud ? Signe que le sujet préoccupe les autorités, le président Michel Temer a reçu durant deux heures mercredi Bernie Ecclestone, le grand argentier de la F1.
Nelson Piquet , le triple champion du monde brésilien présent à Interlagos, en est convaincu: "Le meilleur endroit pour accueillir un GP au Brésil, c'est Sao Paulo: c'est la ville la plus grande, le circuit a été rénové et vous avez de la passion. Toutes les conditions sont réunies!"