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© AFP/ALAIN JOCARD
Formules E du Français Stéphane Sarrazin (d) et du Suisse Sébastien Buemi (g) lors du ePrix de Paris, le 23 avril 2016
Renault, Audi, Volkswagen, BMW, Mercedes... les uns après les autres, les constructeurs automobiles se convertissent à l'électrique et une question revient de plus en plus dans les paddocks: la Formule Electrique peut-elle se rêver en alternative à la Formule 1 au sommet du sport automobile?
Une "révolution vers les voitures électriques" est en marche, martèle Alejandro Agag, initiateur et patron de la catégorie, dont la troisième saison bât son plein. "La Formule Electrique veut en être un élément d'accélération".
Aujourd'hui, imaginer l'électrique supplantant l'essence dans les ventes de véhicules de série ne fait plus de vous un doux rêveur. Selon une étude publiée en février 2016 par Bloomberg New Energy Finance, si 462.000 véhicules électriques ont été vendus dans le monde en 2015, 41 millions devraient l'être en 2040. L'alternative n'a donc jamais été aussi crédible, du moins en Europe et en Amérique du Nord.
Peut-on dès lors imaginer l'électrique devenir la norme dans la course automobile, au détriment de la catégorie reine, la F1? Dans le paddock du deuxième ePrix de Paris, disputé samedi aux Invalides, les avis divergent.
Au regard de la performance pure, la Formule E n'a pas les arguments de sa grande soeur: ses 225 km/h en vitesse de pointe sont bien loin des 370 km/h d'une F1 et il faudra attendre la saison 5 pour voir les batteries tenir les 50 minutes d'un ePrix. A l'heure actuelle, les pilotes sont contraints de changer de monoplace à mi-course.
- 'Peut-être dans soixante ans' -
"La Formule 1 reste la compétition reine, c'est celle qui va le plus vite, constate le champion du monde en titre, le Suisse Sébastien Buemi, qui court pour Renault E.dams. Mais ça fait soixante ans que ça existe. Peut-être que dans soixante ans, ce sera le tour de la Formule E..."
D'ailleurs, la F1 doit composer depuis plusieurs années avec la désaffection des spectateurs et des sponsors, alors même que la Formule Electrique est parvenue à faire son trou.
"La Formule E réussit parfaitement là où les autres sports mécaniques, notamment la F1, ont des difficultés", précise Aled Rees, de l'agence de marketing sportif CSM. En investissant les centre-villes et les réseaux sociaux (notamment en donnant aux fans la possibilité de voter pour offrir à certains pilotes un supplément de puissance pendant la course), elle est parvenue à attirer l'attention des jeunes.
"Du point de vue du public, nous ne voyons qu'une trajectoire et celle-ci est ascendante", confirme James Barclay, patron de l'écurie Panasonic Jaguar Racing.
- 'Une compétition à part' -
"Je ne dirais pas que c'est l'avenir de la Formule 1, tempère tout de même Vincent Gaillardo, directeur du programme Formule E chez le pionnier français Renault. La Formule E est une compétition à part, où on a surtout la volonté de prouver l'intérêt de cette technologie."
D'ailleurs, les monoplaces électriques sont toutes dotées du même châssis. Ici, pas de course aux gadgets censés améliorer l'aérodynamique, "on se focalise uniquement sur la technologie électrique pour faire la différence et essayer de l'adapter aux voitures en série".
Et les progrès sont là: après trois saisons, les Formule E sont quatre à cinq secondes plus rapides sur un tour de piste à Monaco, note Vincent Gaillardo. De quoi donner des ambitions à certains...
"Si la vitesse venait à augmenter de manière importante, cela amènerait toute la course automobile à devenir électrique, avec des catégories différentes, en ville comme aujourd'hui mais aussi sur circuits", estime Jean-Paul Driot, patron de Renault E.dams.
"Vu que tous les constructeurs s'y mettent (ainsi que plusieurs sociétés américaines spécialisées dans les technologies de pointe, ndlr), dans dix à douze ans, ça peut avoir eu lieu."