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© AFP/JEAN-FRANCOIS MONIER
La ligne d'arrivée aux 24 Heures du Mans, le 18 juin 2017
Porsche tenté de se retirer, Toyota qui s'interroge: quel avenir pour le LMP1, la catégorie reine du Championnat du Monde d'Endurance (WEC) et par voie de conséquence pour les 24h du Mans, son épreuve phare ?
"Je ne vais pas réagir à des rumeurs, a indiqué samedi le directeur de l'écurie Porsche, Andreas Seidl, questionné sur un désengagement de son équipe avant le terme prévu fin 2018.
Victorieux pour la 19e fois dimanche, le détenteur du record de succès n'a plus rien prouver.
Le groupe Volkswagen, auquel Porsche appartient, pourrait privilégier une nouvelle économie substantielle, dans son vaste plan de limitation des dommages financiers liés au scandale des moteurs diesel truqués.
Les raison sont inverses chez Toyota mais pourraient aboutir au même résultat.
Le constructeur japonais, frustré de voir la victoire lui échapper in extremis en 2016, a investi de plus belle, avec l'engagement d'une troisième voiture en 2017, pour un résultat plus mauvais encore.
Dans ces conditions, un départ après 19 participations infructueuses ne serait pas une surprise. "On ne peut pas les blâmer de se retirer après avoir tout essayé", confiait en privé un membre de l'Automobile Club de l'Ouest (ACO) dimanche.
"Le développement de ces technologies hybrides est la raison d'être de notre programme en WEC", dément Pascal Vasselon, directeur technique de Toyota.
Un départ prématuré de l'un ou l'autre signifierait en pratique la fin de la catégorie LMP1, vidée de sa substance.
A l'ACO, qui organise le WEC sous le parrainage de la Fédération internationale de l'automobile, on a bien identifié le danger, et réagi en conséquence avec un nouveau règlement dévoilé vendredi.
Tout constructeur engagé en LMP1 a actuellement l'obligation d'utiliser un moteur hybride. A partir de 2020, les prototypes seront contraints, après chaque passage aux stands, de parcourir le premier kilomètre en piste sans le moteur thermique, qui ne sera activé qu'ensuite.
Et à chaque ravitaillement en carburant, les mécaniciens devront également brancher une prise pour recharger la batterie de la voiture.
Mais le nerf de la guerre c'est le budget des équipes en LMP1, aux alentours de 100 millions d'euros, trop élevé pour les candidats.
- Cadillac, Mazda et Honda -
Car il est difficile de se lancer dans l'hybride à partir d'une feuille blanche et de justifier des coûts élevés dans un contexte économique tendu.
Thomas Laurent, la grande révélation de cette saison dans la catégorie LMP2 avec le Jackie Chan DC Racing, observe attentivement la situation: "Il y a beaucoup de rumeurs qui circulent mais tant qu'il n'y a rien de concret, ça ne sert à rien de se projeter", commente le Français de 19 ans, 2e dimanche.
Son talent précoce au volant suscitait bien des appétits chez les sponsors présents dans les luxueuses loges du circuit de la Sarthe. Une équipe française peut-elle l'accueillir en LMP1 dès la saison prochaine ?
Cela ne pourra pas être Peugeot, qui envisage un retour mais pas avant 2020.
"Nous n'avons pas changé de discours, nous sommes toujours intéressés", a expliqué Bruno Famin, le directeur de Peugeot Sport, à l'AFP lors de la course mancelle.
"L'endurance est la meilleure discipline pour un constructeur qui souhaite tester ses nouveautés technologiques", assure-t-il.
"Nous devons examiner les changements réglementaires annoncés vendredi, avant de prendre une décision", ajoute Bruno Famin.
La marque au Lion, partie précipitamment en 2012, espère voir les budgets divisés par deux et le poids des prototypes diminuer.
"En dernier lieu, c'est le président Carlos Tavares qui tranchera à l'automne", prévient le patron de Peugeot Sport.
Du côté de Renault, le quarantième anniversaire en 2018 de la victoire d'une Alpine au Mans, qui coïncidera avec la commercialisation de la nouvelle voiture de la marque, donne des idées.
"On y pense", a annoncé samedi Bernard Ollivier, directeur général adjoint d'Alpine, au sujet d'un passage du LMP2 au LMP1.
Chronométrées à 334 km/h durant la course, les LMP2, dotées de 100 chevaux de plus qu'en 2016, ont égalé les LMP1 en vitesse.
Certains soupçonnent l'ACO de les avoir "boostées" pour anticiper une période de vaches maigres en LMP1 afin de se retrouver avec des voitures suffisamment rapides pour assurer le spectacle.
Evoqué, un rapprochement du WEC avec le championnat américain reste pour l'instant hautement hypothétique.
Il aurait le mérité d'attirer Cadillac, Mazda, et surtout Honda.