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En Irak avec les inspecteurs aux trousses des armes chimiques ou bactériologiques du régime de Saddam Hussein, à Haïti comme Casque bleu, aujourd'hui sur le rallye Dakar, toujours dans son hélico: depuis vingt ans, Mauricio Neira trimbale son éternel sourire à travers le monde.
A bord de son appareil, il survole chaque jour les pistes du Dakar. Aux commandes de Delta, l'hélicoptère d'Etienne Lavigne, le directeur de la course.
Cheveux en pétard, petit bouc branché, Mauricio, Chilien de 39 ans, est le patron de la petite tribu des pilotes d'hélicos du Dakar, au nombre d'une quinzaine. Avec plus de 61.000 heures de vol, il a bourlingué et son CV inspire le respect.
Mais il ne se prend jamais au sérieux. En témoignent les stickers sur son casque: devant, un Autobot, ces robots pacifiques de la série Transformers, derrière, avec sa salopette bleue, ses grosses lunettes et son crâne chauve, un des personnages du film d'animation "Moi, moche et méchant".
- Pilote de Michelle Bachelet -
"J'ai commencé comme pilote d'avion de chasse, dans l'armée de l'air chilienne", explique-t-il à l'AFP. "Mais je suis vite passé à l'hélico, et j'y suis resté !"
C'est dans ce cadre qu'il part en Irak en 1998, avec la mission d'inspection de l'UNSCOM (la Commission spéciale des Nations unies) dirigée par Hans Blix. "Nous étions à la base d'Al Rasheed, près de Bagdad, et je suis resté quatre mois".
Une période qui lui permet de nouer des liens avec des "collègues" américains, raconte-t-il en montrant fièrement ses rangers, "les mêmes que celles des Navy Seals".
Puis, trois ans plus tard, il part pour Haïti, en tant que Casque bleu : "Là-bas, c'était beaucoup plus dangereux que l'Irak, on se faisait tirer dessus".
De retour au pays, il devient le pilote personnel de Michelle Bachelet, aujourd'hui présidente du Chili, quand celle-ci était alors ministre de la Défense, de 2002 à 2004, avant son premier mandat à la tête de l'Etat.
C'est alors qu'il quitte l'armée pour intégrer une société privée, où il est instructeur et pilote. Fini le Black Hawk Sikorsky américain, Mauricio Neira est désormais aux commandes d'un Ecureuil du constructeur français Eurocopter. Et, dès 2009, il découvre le rallye Dakar, pour ASO (Amaury Sport Organisation), quand l'épreuve débarque en Amérique du Sud.
- Deux motos repêchées -
"La première fois, c'était vraiment effrayant", se souvient-il. "Comment voler, plus bas, plus haut, où se poser, ici c'est vraiment spécial". Sur une étape un peu agitée du rallye, c'est jusqu'à quarante atterrissages dans la journée, sans compter les moments où il dépose un photographe, ou Etienne Lavigne, en restant en stationnaire un mètre au-dessus du sol.
Avec les années, le binôme entre Etienne et Mauricio se rôde. "Maintenant je comprends ce qu'il veut, ça le tranquillise. Mais je sais séparer les choses", insiste le pilote. "Quand je suis à bord, je suis le pilote, plus l'ami, et si je lui dis non, c'est non".
Car les interventions de Delta peuvent être parfois périlleuses. Comme lors de cette étape entre Salta et Tucuman, en Argentine, lors du Dakar-2013, quand deux motards se retrouvent pris au piège d'une rivière en crue, à 2.400 m d'altitude : "On les a récupérés tous les deux dans l'hélico, et ensuite on a fait traverser leurs motos, avec un crochet !"
Depuis 2009, Mauricio a fait tous les Dakar, sauf celui de 2012, quand sa société n'avait pas été retenue par ASO. Chaque année, ces quinze jours avec le rallye lui rappellent parfois l'armée. "Le Dakar, c'est une logistique plus que militaire !", sourit-il.
Seul changement, son rôle, qui ne se limite plus à piloter : "A bord, je suis à la fois le pilote, l'hôtesse de l'air pour les VIP de passage, le mécano... Mais au moins, ici, personne ne me tire dessus !"