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Le Français Eric Boullier, Directeur de la compétition de McLaren-Honda, vit une saison compliquée avec son écurie et pense que quelqu'un doit "taper du poing sur la table" pour résoudre la crise que traverse la Formule 1.
Question: Comment fait-on pour gérer une saison aussi compliquée (McLaren-Honda est 9e du championnat constructeurs, malgré deux champions du monde, Fernando Alonso et Jenson Button , et avec un budget conséquent)?
Réponse: "On se dit qu'on est responsable de la motivation, de la stratégie, de plusieurs centaines de personnes, qu'on représente une marque comme McLaren, et donc qu'on n'a pas le droit d'avoir des états d'âme négatifs, contre-productifs. A partir de là, il faut être rationnel et réfléchir convenablement, pour se sortir de cette situation. La deuxième mission, c'est de faire en sorte que les gens soient à l'aise avec ce qui se passe, même s'ils peuvent être frustrés. Et qu'ils sachent où on va. C'est la clé".
Q: Est-ce votre saison la plus compliquée en sport auto, à titre personnel? Quels sont les signes positifs?
R: "Oui, et de loin. Plus on avance, plus on voit des progrès du côté du moteur thermique, du châssis, d'énormes progrès sur la qualité de fabrication, sur la corrélation entre ce qui est dessiné et ce qui arrive sur la piste. Ca veut dire que l'organisation est beaucoup plus efficace, fluide, et c'est ce que je voulais atteindre. On travaille tous pour gagner des courses, donc les résultats sont frustrants, mais il faut regarder le +timing+ depuis quatre ans: la maturité du projet n'est pas aussi bonne qu'elle devrait être. Maintenant, il faut regarder vers le futur. On a isolé les problèmes et on travaille pour que ce soit corrigé en partie, l'année prochaine".
Q: Le carcan des règlements techniques vous empêche-t-il de rattraper votre retard?
R: "Bien sûr. Malheureusement, oui. La F1 est une compétition, mais on ne peut pas faire ce qu'on veut, s'exprimer. C'est frustrant et ça se voit avec Honda et Renault qui ne s'en sortent pas. La règlementation devrait être normale, sur ce qu'on peut faire ou pas, en termes de dimension, mais libre en termes de développement. C'est une grosse erreur et pour la corriger il faudrait que tout le monde se mette d'accord, mais chaque écurie a sa vision, donc c'est compliqué. Mercedes a un avantage et ne souhaite pas que ça se libéralise. Tout le monde sait qu'on va les rattraper, mais ils préfèrent que ce soit le plus tard possible. Il faut peut-être, à un moment, taper du poing sur la table. Ce n'est pas à moi de le faire".
Q: Des écuries indépendantes comme McLaren et Williams ont-elles encore leur place en F1, face aux grands constructeurs?
R: "C'est très simple. Pendant dix ans, il y avait des constructeurs automobiles en F1, avec un modèle économique qui prévoyait 100 millions de revenus par écurie, mais eux dépensaient 400 millions par an. Ils sont partis et les écuries continuent à dépenser plus que ce qu'elles gagnent. Il y a une transition qu'il faut faire, pour permettre à tout le monde de s'en sortir. Car il y a de la place pour tout le monde, Haas, Manor, etc... Il doit y avoir un seuil, il faut pouvoir être compétitif avec 100 millions. Et si quelqu'un veut en dépenser 300, il a le droit".
Propos recueillis par Daniel ORTELLI
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