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La victoire de Lewis Hamilton , dimanche au Grand Prix du Canada, dans sa Mercedes, et la nouvelle déroute de l'écurie McLaren-Honda, avec Fernando Alonso dans le rôle principal, ont illustré à merveille la fragilité des choix de carrière des pilotes de Formule 1.
Sous les yeux d'Al Pacino et Michael Douglas, qui en connaissent un rayon en matière de scénarios hollywoodiens, les deux double champions du monde, l'Anglais dans une voiture allemande, l'Espagnol dans une voiture anglaise à moteur japonais, ont vécu un dimanche contrasté: l'un en tête de la course, l'autre dans les profondeurs du classement.
Hamilton a gagné pour la quatrième fois en sept GP en 2015, et a repris le large (17 points) sur son coéquipier Nico Rosberg . Le second rôle était aux premières loges, dans le baquet de sa W06 Hybrid, pour assister à cette nouvelle démonstration de force, de talent et de maîtrise.
Quand Hamilton a quitté McLaren pour Mercedes, fin 2012, certains ont crié au fou. Depuis, Lewis a remporté 16 GP, signé 18 pole positions, et son deuxième titre mondial, en novembre à Abou Dhabi, ne devait rien au hasard: il est l'un des trois meilleurs pilotes actuels, avec Alonso et Sebastian Vettel , et il dispose de la meilleure voiture, de très loin.
"Je ne veux pas, je ne veux pas" (ralentir pour économiser du carburant), a crié Alonso, hors de lui, sur sa radio de bord, quand son ingénieur lui a demandé de surveiller sa consommation. Il était englué dans le peloton et se battait contre Carlos Sainz Jr, 20 ans, le pilote Toro Rosso. "J'ai de gros problèmes. On passe pour des amateurs", a-t-il même ajouté.
"Ce n'était pas le moment d'économiser de l'essence, j'aurais pu le faire plus tard", a tempéré Alonso, une fois calmé. Il avait arrêté les frais après 47 tours de galère, sur les 70 prévus à l'origine, en raison d'un problème d'échappement, peut-être. Rien n'est moins sûr, car McLaren et Honda sont très attentifs à leur communication, surtout quand ça va mal.
- Forcément malheureux -
"Bien sûr, c'est embarrassant", a admis Éric Boullier, le directeur de la compétition chez McLaren, "mais nous ne voulons pas nous retrouver dans la situation de Red Bull et Renault". Une allusion aux critiques récurrentes de l'écurie autrichienne vis-à-vis du motoriste français, depuis l'an dernier, après quatre années de domination absolue (2010-2013).
"Si on en est encore à ce point-là l'an prochain, Fernando va sûrement devenir fou", a ajouté Boullier, "mais je ne pense pas que ce sera le cas. Vous pouvez tous voir qu'il est heureux dans notre équipe. Il veut se battre, il veut gagner, comme nous. Il m'a dit l'autre jour qu'il considère cette année comme une année d'essais, afin que nous soyons prêts l'an prochain".
Reste à savoir si Alonso, après cinq saisons frustrantes chez Ferrari, aura la patience nécessaire. Il va sur ses 34 ans, Hamilton n'en a que 30, et ça fait déjà trois fois qu'il se trompe dans ses choix de carrière. La première, c'était fin 2007, quand il a claqué la porte de McLaren, mécontent de la cohabitation avec le jeune Hamilton, débutant en F1.
Hasard ou coïncidence, en 2008, Hamilton a été champion du monde, et Alonso a terminé 5e du championnat, chez Renault F1, l'écurie dans laquelle il avait été sacré en 2005 et 2006. L'année suivante, c'était pire (9e du championnat 2009), alors "Nando" est parti chez Ferrari et a servi de faire-valoir au jeune Vettel. Bilan: trois fois deuxième du championnat, malgré des efforts acharnés.
Après le retour chez Renault, Alonso joue donc le retour chez McLaren, faute de mieux. Il avait raté l'opportunité Red Bull, en partant chez Ferrari, et il est définitivement barré chez Mercedes, malgré son forcing fin 2014, par un duo complémentaire et efficace, Hamilton-Rosberg.
Son compte en banque est bien garni, il a un appartement à Dubaï, mais Alonso n'a encore marqué aucun point en 2015 et il est forcément malheureux, même s'il ne le montre pas. Sa carrière ressemble de plus à un film noir, dans lequel Al Pacino et Michael Douglas pourraient jouer. Allo, Hollywood?
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