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En bouclant 22 tours du circuit d'Hockenheim vendredi matin, aux essais libres du Grand Prix d'Allemagne, Susie Wolff a montré, à sa manière, que la Formule 1 "est en train de changer, car le monde est en train de changer".
Deux semaines après une tentative avortée à Silverstone (4 tours seulement), l'Ecossaise de 30 ans, fille d'un marchand de motos, a enfin pu mettre en pratique des heures de préparation dans le simulateur Williams, sur une piste qu'elle connaît bien pour l'avoir longtemps pratiquée dans une Mercedes du Championnat d'Allemagne des voitures de tourisme (DTM).
"C'était un gros atout de bien connaître ce circuit, sans aucun doute, car je savais où je pouvais attaquer", a-t-elle confié dimanche matin à l'AFP, au bout d'un marathon médiatique de 48 heures qu'elle n'attendait pas aussi éprouvant: "Je ne m'y attendais pas, et l'équipe non plus. Je me sens très bien, car c'était vraiment important d'être sur la piste, j'en avais marre de parler".
"En général, je préfère agir. Et à la fin, sur la piste, l'important n'est pas de savoir si on est blonde ou brune, si on a les cheveux longs ou courts, ce qui compte c'est le chrono", ajoute Susie. Née Stoddart, elle a épousé l'Autrichien Toto Wolff, patron de Mercedes Motorsport et actionnaire de Williams F1. De quoi susciter des jalousies.
- Des 'idiots dans le paddock' -
"Il y a beaucoup d'idiots dans le paddock, qui écrivent des bêtises sur moi, qui pensent qu'une femme est incapable de piloter une F1. Mais la F1 change car le monde change, la place des femmes évolue, il y a plus d'opportunités pour les femmes, dans de nombreux secteurs, elles peuvent travailler et avoir des enfants. Du coup, le sport évolue aussi".
Deux femmes sont actuellement pilotes de réserve en F1, Susie Wolff et la Suissesse Simona de Silvestro, ex-pilote d'Indycar aux Etats-Unis: "Il n'y a pas de rivalité avec Simona, ou de relation particulière, nous sommes juste deux pilotes qui essaient d'arriver en F1, comme beaucoup de gars très talentueux".
Pour y arriver, il faut sans cesse prouver, c'est ce que Susie a fait vendredi matin: "Je voulais montrer à l'équipe que je pouvais faire le métier. Il y avait un programme, des réglages à évaluer, le plus dur c'était d'être rapide tout de suite, tout en pensant à ramener la voiture en un seul morceau", résume Susie. Son meilleur chrono n'était qu'à deux dixièmes du meilleur tour de Felipe Massa , l'ex-pilote Ferrari.
"Je n'aurais jamais demandé à le faire si je ne m'en sentais pas capable. J'ai dû répondre à tellement de questions +merdiques+ sur le fait que j'étais un outil marketing, alors je voulais faire du bon boulot et être le plus près possible de Felipe. J'ai le plus grand respect pour lui et il m'a beaucoup aidé, tout comme Valtteri (NDLR: Bottas, l'autre pilote titulaire chez Williams). J'ai beaucoup de chance d'être dans cette équipe", ajoute l'Ecossaise.
Deux femmes ont déjà couru en F1: les Italiennes Maria Teresa De Filippis , qui a disputé trois Grands Prix en 1958 (10e au GP de Belgique), et Lella Lombardi , qui en a couru 12 en 1975 (6e au GP d'Espagne) et 1976.
Il a fallu attendre 22 ans, depuis les trois tentatives de qualification ratées par une autre Italienne, Giovanna Amati, en 1992 dans une Brabham, pour qu'une femme roule à nouveau lors d'un week-end de Grand Prix. C'est arrivé deux fois en 15 jours, à Silverstone et Hockenheim, et il n'y a aucune raison que ça s'arrête...
Plus de titres : 5 par Yoann Bonato (2017, 2018, 2020, 2021 et 2023). Copyright Sportquick/Promedi ... |