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Une seule fine couche de tissu ultra-perfectionné protège les pilotes McLaren, Jenson Button et Kevin Magnussen , ce week-end à Melbourne pour la reprise du Championnat du monde de F1: la combinaison inventée par une entreprise 100% italienne, Sparco.
En F1, la combinaison aussi est un bijou de technologie. Unique en son genre, "l'Extrema" habille les pilotes McLaren depuis la saison dernière. Fruit de trois années de recherche, elle est fabriquée à Volpiano, dans la banlieue de Turin (nord de l'Italie).
Pour recevoir l'homologation, il a fallu franchir "un écueil mental à la FIA (Fédération internationale de l'automobile) pour faire admettre qu'une combinaison si légère a les mêmes performances, face au feu, qu'une autre avec quatre épaisseurs", raconte à l'AFP Angelo Bardascino, le chef de produit.
Ces combinaisons monostrates sont réalisées en "Hocotex", une marque déposée par Sparco, dont le brevet est en cours de validation. Un textile qui "englobe en un seul tissu tout ce que la technologie traditionnelle a obtenu avec un sandwich multistrates", poursuit M. Bardascino, 44 ans, jean et barbichette.
Chacune coûte de 3 à 4.000 euros, selon la décoration et les détails demandés par chaque pilote. Les écuries en consomment une cinquantaine par saison.
- Vingt secondes au feu -
Pour laisser place aux sponsors, très importants en F1, il a fallu mettre au point un procédé d'impression: hors de question de broder, comme sur les tenues à plusieurs épaisseurs, car les trous gâteraient la résistance.
Ce système permet aux designers de l'entreprise de s'en donner à c?ur joie, notamment pour les combinaisons flashy de la NASCAR, aux Etats-Unis, et du rallye, champ d'action privilégié de Sparco.
Des dessinateurs aux coupeurs d'étoffe, une centaine de personnes s'activent dans la ruche de Volpiano, la maison-mère de Sparco.
Au-dessus du poste de travail des couseuses, qui assemblent les combinaisons à la machine à coudre, une gigantesque photo occupe tout un mur, mettant en valeur le travail fait ici. Elle montre un pilote américain transformé en torche humaine, Charles Espenlaub, barré de la mention "20 secondes". Le 5 décembre 2009, sa voiture a explosé, sa combinaison a résisté 20 secondes aux flammes, et il en est sorti indemne.
Au fond du hall principal, la zone "urgences" a dû, en quelques jours seulement, équiper l'écurie Manor Marussia, inscrite de dernière minute au Championnat du monde, la semaine dernière. L'écurie anglaise a appelé le jour-même pour demander des combinaisons pour ses pilotes et tous ses mécaniciens.
- 'Fibre noble' -
La ligne spéciale a tourné à plein régime, avec deux tours de douze heures de travail, pour livrer à temps. Et samedi seulement, trois jours avant de l'annoncer à Melbourne, l'écurie a donné le nom - et les mesures - de son deuxième pilote, l'Espagnol Roberto Merhi, équipé en seulement 48 heures. "Un tour de force", estime l'administrateur délégué de Sparco, Claudio Pastoris.
En concurrence féroce avec d'autres firmes italiennes, comme Alpinestars ou OMP, Sparco a d'autres gammes de produit, des casques à l'équipement des voitures haut de gamme, mais "la F1 c'est le maximum", glisse M. Pastoris (62 ans), cravate et cheveux gris, "car elle offre une visibilité sans pareille".
Son entreprise, créée en 1977 par deux passionnés de course auto, affiche un chiffre d'affaires de 52 millions d'euros en 2014, dont 60% pour la branche Racing (courses). Elle compte 600 employés entre les sites turinois, l'usine de produits grand public en Tunisie et les filiales commerciales d'Irvine (Californie) et Interlagos (Brésil).
Sparco travaille avec des fournisseurs italiens. Seule la matière première vient des États-Unis, le fil Nomex, du géant de la chimie du Pont de Nemours, que M. Bardascino appelle "la fibre noble".
Ce fil "est tissé par nos fournisseurs à notre demande, en fonction de nos besoins, pour les différents types de combinaisons", ajoute-t-il.
Il explique que pour la F1, outre la résistance au feu, "les deux contraintes principales sont le poids et l'hydrophilie". La légère "Extrema" limite la transpiration. "Si le pilote se sent mieux, s'il perd moins d'eau, il peut gagner quelques précieux dixièmes de seconde au tour"... grâce à ses couturiers italiens.
Plus de titres : 5 par Yoann Bonato (2017, 2018, 2020, 2021 et 2023). Copyright Sportquick/Promedi ... |