Une réunion du Groupe stratégique de la Formule 1, jeudi près de Londres, a permis de bien avancer sur la question du contrôle des coûts et un communiqué devait être diffusé vendredi, a-t-on appris auprès de la Fédération internationale de l'automobile (FIA).

Ce communiqué commun de la FIA, garante des règlements techniques et sportifs, et de Formula One Management (FOM), la société qui gère les droits commerciaux de la F1, précisera les pistes qui ont été évoquées jeudi en présence de Jean Todt , le président français de la FIA, et de Bernie Ecclestone, le promoteur de la F1.

Aucun retour en arrière technologique n'est prévu, par rapport aux nouveaux moteurs V6 turbo hybrides apparus début 2014, et des moyens d'améliorer le spectacle en F1 ont été évoqués dans le détail, a indiqué une source proche de la FIA. Une version remaniée de l'audit du cabinet McKinsey sur les moyens de réduire les coûts de la F1 était sur la table, près de six mois après une première version présentée en décembre.

Parmi les propositions qui tournent depuis quelques semaines, en coulisses, il y a le projet d'interdire bientôt l'utilisation des souffleries. Certains les estiment indispensables et d'autres souhaitent les remplacer par les simulations sur ordinateur, pour économiser 15 à 20 millions d'euros par an.

Le magazine britannique Autosport avait révélé, à la veille de cette réunion très attendue, les montants des droits commerciaux versés aux écuries par la FOM en 2014. On ne savait pas jeudi soir si le Groupe stratégique avait eu le temps d'évoquer aussi des solutions pour aider les écuries qui connaissent des difficultés financières.

La F1 génère toujours autant d'argent (près de 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires annuel en 2014) mais le redistribue selon des clés de répartition compliquées qui permettent aux grosses écuries de continuer à grandir pendant que les petites écuries n'arrivent plus à financer leurs coûts de développement et à payer leurs nouveaux moteurs V6 turbo hybrides.

- Pas de 5e moteur sans pénalité en 2015 -

L'étude d'Autosport montre que Ferrari, 4e du Championnat du monde en 2014, a reçu 145 millions d'euros de FOM l'an dernier, soit deux fois plus que Williams (73 M EUR) qui a pourtant terminé devant elle au classement. Et Williams Grand Prix Holdings plc a annoncé fin avril 47 millions d'euros de déficit pour son exercice 2014, malgré un chiffre d'affaires de 125 M euros.

Ce déficit a des causes connues: "baisse des revenus, due à une 9e place au Championnat 2013, et augmentation des coûts", écrit Williams, à cause de l'achat de nouveaux moteurs hybrides à Mercedes et des lourds investissements consentis pour revenir aux avant-postes. Le cas de Williams est symbolique de la F1 actuelle: même une écurie "historique", qui touche un "bonus" chaque année de la FOM, n'est pas à l'abri des soucis financiers.

Un autre sujet sensible au menu de jeudi était la possibilité d'autoriser un 5e moteur à chaque pilote, sans pénalité sur la grille, à la demande de Red Bull Racing qui a eu de gros problèmes de fiabilité de ses moteurs Renault en début de saison. Cette demande en cours de saison n'a pas été acceptée, alors qu'il fallait l'unanimité, car certaines écuries ont mis leur veto.

L'ordre du jour de la réunion de Biggin Hill était chargé, à dix jours du GP de Monaco et alors que le fossé se creuse entre les écuries les plus riches et les autres. La FIA et la FOM pèsent chacune six voix dans le Strategy Group, soit autant que les six écuries présentes: Ferrari, Red Bull, Mercedes, McLaren, Williams, comme équipes "historiques", et Force India, 6e du Championnat 2014.

Enfin, à plus long terme, certains patrons d'écuries proposent que les F1 redeviennent plus agressives à partir de 2017, avec des moteurs de 1000 chevaux mais moins chers, des carrosseries plus agressives et des pneus plus larges, pour relancer l'intérêt des fans.

On en saura plus sur ce point vendredi en lisant le communiqué commun de la FIA et de la FOM. Toute proposition éventuelle devra ensuite être transmise à la Commission F1, qui compte plus de membres, avant validation finale au prochain Conseil mondial de la FIA.