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L'éternel débat sur la sécurité dans le sport automobile a été relancé dimanche par l'accident de Jules Bianchi (Marussia) au Grand Prix du Japon de F1, et notamment autour de l'heure de départ, qui n'a pas été modifiée malgré le passage imminent du typhon Phanfone.
QUESTION Qui est en charge de l'organisation des GP ?
REPONSE La Fédération internationale de l'automobile (FIA), basée à Paris et présidée depuis 2009 par Jean Todt , le père de l'agent de Jules Bianchi , Nicolas Todt, est l'autorité sportive et technique de la Formule 1. Elle définit les règlements, vérifie la conformité des monoplaces, valide les calendriers, les résultats des qualifications et des courses, pénalise en cas d'incident ou de comportement dangereux. Elle est aussi en charge de la sécurité sur les circuits, de l'organisation des secours, de la coordination médicale. La société Formula One Management (FOM), basée à Londres et toujours dirigée par Bernie Ecclestone, ne s'occupe elle que des aspects commerciaux de la F1. Elle négocie donc les contrats avec les promoteurs et organisateurs de Grands Prix, les chaînes de télévision qui diffusent les courses et les parraineurs intéressés. Elle produit aussi toutes les images de la F1 sur les circuits et contrôle donc de près tout ce qui est diffusé dans le monde sur la catégorie-reine du sport automobile.
QUESTION Pourquoi la FOM n'a pas montré les images de l'accident ?
REPONSE C'est la procédure habituelle, en cas d'accident grave, pour préserver les familles et les proches, et surtout pour éviter toute dérive, à l'époque de YouTube et des réseaux sociaux. FOM détient les droits commerciaux de la F1 et produit les images distribuées aux chaînes de télévision clientes. C'est elle qui choisit donc les images et exerce un contrôle très strict de tout ce qui est diffusé. Quand le pilote s'en sort bien, en général les images sortent quelques jours plus tard.
QUESTION Fallait-il changer l'horaire de la course?
REPONSE Le départ à 15h00 locales, pour coïncider avec le réveil des fans de F1 dimanche matin en Europe, n'a visiblement pas pu être modifié. La FIA a proposé deux fois au promoteur, la société Mobilityland (une filiale de Honda), d'avancer le départ à 11h00 ou même 13h00, en raison des prévisions météo liées au passage du typhon Phanfone, mais rien n'a changé. Les contraintes de la télévision semblent une explication plus plausible que l'horaire d'arrivée des spectateurs sur le circuit, l'explication avancée par Mobilityland, car ceux-ci auraient pu être informés la veille. Une chose est sûre, il a moins plu le matin, et c'était bien prévu par Ubimet, les services météo prestataires de la F1.
QUESTION Un départ à 15h00 était-il le pire scenario?
REPONSE En partant à 15h00, sur une piste mouillée, en pneus pluie et au ralenti derrière la voiture de sécurité, alors que la nuit nippone devait tomber à 17h22 et que la pluie allait devenir plus forte au cours de la journée, selon Ubimet, la F1 se mettait tout de suite dans le rouge. Les chances de boucler les 53 tours prévus dans des délais raisonnables étaient minces, les monoplaces ne pouvant rouler aussi vite sous la pluie que sur le sec. Il pleuvait moins le matin, mais la F1 n'en a pas profité.
QUESTION Pourquoi ne pas avoir arrêté la course plus tôt ?
REPONSE Une fois 40 tours bouclés, soit 75% de la distance prévue effectuée par le leader Lewis Hamilton , qui avait dépassé facilement Nico Rosberg au 29e tour et disposait d'une avance confortable sur son coéquipier, un arrêt de la course n'aurait pas changé grand chose au résultat final. Mais il aurait permis de limiter les risques pour les pilotes, souvent prêts à rouler avec des pneus intermédiaires usés pour gagner quelques places malgré une piste redevenue très glissante. "Ca faisait cinq tours que je disais de tout arrêter, sur la radio de bord", a expliqué Felipe Massa , le pilote Williams, qui n'a pas été entendu par la direction de course.
QUESTION Pourquoi cet engin qu'a percuté Bianchi se trouvait-il là?
REPONSE Sur les sites internet et dans les réseaux sociaux, d'anciens champions français, à commencer par Alain Prost et Olivier Panis , ont mis en cause la présence d'une "grue" dans le virage 7, le lieu de l'accident. Sauf que l'engin de levage utilisé, de la taille d'un gros chariot élévateur, avec de grosses roues arrière, avait été appelé à la rescousse pour dégager la Sauber d' Adrian Sutil et ne devait passer que quelques minutes à cet endroit-là avant de retourner derrière les rails de sécurité. L'intervention de cette grue aurait-elle dû entraîner l'entrée en piste de la voiture de sécurité? Ce n'est pas une procédure automatique en F1.
QUESTION La voiture de sécurité aurait-elle dû sortir dès l'accident de Sutil au 41e tour, et avant même que l'engin de levage soit appelé pour dégager la Sauber ?
REPONSE C'est l'autre question du moment, liée au contexte général de cette fin de course (reprise de la pluie, visibilité en baisse, etc.). Il a fallu le deuxième accident d'affilée, celui de Bianchi au 42e tour, pour que la voiture de sécurité sorte des stands une dernière fois, au 44e tour, suivie par la voiture médicale, et pour que la course soit finalement interrompue.
QUESTION Les drapeaux jaunes étaient-ils bien visibles ?
REPONSE Agités par les commissaires autour du circuit, en cas de danger, ils s'ajoutent à une lumière jaune clignotant dans le cockpit des voitures en course. Quand Sutil est sorti de la piste, au 41e tour, Bianchi ne l'a peut-être pas vu car il était alors 17e de la course, devant Sutil. Et quand il est arrivé dans le virage 7, au tour suivant, avec des pneus intermédiaires usés sur une piste glissante, personne ne sait s'il a bien vu les drapeaux jaunes consécutifs à la sortie de Sutil, car il ne semble pas qu'il ait ralenti de manière significative, d'où sa glissade et le choc violent contre l'arrière du tracteur. Et la lumière dans son cockpit s'est elle allumée?
Plus de titres : 5 par Yoann Bonato (2017, 2018, 2020, 2021 et 2023). Copyright Sportquick/Promedi ... |