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© AFP/JEAN-FRANCOIS MONIER
Pilotes des 24 Heures du Mans, le 16 avril 2005, se précipitant vers leur monture avant le début de la course
Le regard vissé au drapeau à damier et les jambes en position de course, ils sont prêts à bondir: une trentaine de mètres seulement sépare les pilotes de leur moto au départ des 24 Heures du Mans mais ils n'ont pas le droit au faux pas pour rejoindre leur monture.
"Le départ est un exercice particulier, on doit courir, monter sur sa moto et la démarrer au milieu d'un paddock curieux. On a tous envie de briller devant le public et à la TV", confie à l'AFP Vincent Philippe, triple vainqueur des 24 Heures du Mans avec Suzuki Endurance Racing Team (SERT), avant la 40e édition ce week end.
Pour le pilote français, sacré dix fois au Championnat du Monde d'Endurance moto, le départ dans le style "Le Mans" est "toujours un moment très spécial, crucial pour lancer la course de toute une équipe".
Les motos, placées en épi sur la grille de départ et maintenues à bout de bras par le directeur de l'équipe ou un mécanicien, attendent leur pilote. Le drapeau abaissé du commissaire de course lance les hostilités: un sprint de quelques secondes s'engage alors entre la cinquantaine de motards.
"Le but c'est de démarrer le plus vite possible. En courant vite on peut gagner entre 5 et 10 places sur le peloton", explique Kenny Foray, membre de l'équipe BMW.
- Stress -
"C'est un stress permanent", assure le pilote français, arrivé 2e des 24 Heures du Mans en 2014. Il craint le "départ loupé". "La moto qui ne démarre pas, pas assez rapide ou l'embrayage lâché trop rapidement... et c'est déjà 20 secondes de perdues !".
Son coéquipier Camille Hédelin évoque "la piste humide" source "de mauvais départ".
Autre paramètre, celui du "silence très pesant des 80.000 spectateurs", raconte Vincent Philippe qui a fait de l'entame des 24 Heures du Mans sa "spécialité".
"J'arrive à bien gérer mon stress et mes émotions, j'ai une certaine habitude des courses, une facilité à être dans ma bulle et me concentrer sur ce que j'ai à faire sur la moto", explique le champion d'endurance en titre de 39 ans. "Certains sont plus nerveux et ont du mal à gérer ces moments-là, il faut simplement les mettre en 2e pilote et tout se passe bien".
Critiquée pour sa dangerosité, la procédure du "départ Le Mans" est interdite à partir de 1970 pour les autos. L'année d'avant, le pilote belge Jacky Ickx , opposé à ce type de départ, avait rejoint sa voiture en marchant. Parti dernier, il avait remporté la course 24 heures plus tard.
- Interdit de caler! -
"On ne gagne pas grand chose à être devant au départ par contre on peut perdre beaucoup si on rate son départ", estime Vincent Philippe.
Dans une course d'endurance comme les 24 Heures du Mans, "l'enjeu n'est pas le départ" ajoute Michel Augizeau, patron de l'écurie Tecmas-BMW. Néanmoins "le 1er tour est très important, tout le public est présent, les TV, une ambiance exceptionnelle".
Damien Saulnier, directeur de la Junior Team Suzuki, est celui qui retient "à chaque fois la moto" de ses pilotes au moment du départ. "Un moment intense", décrit-il. "Je le regarde arriver, on se fait des petits signes, pas besoin de dialogue". Avant les 24 Heures du Mans, Damien Saulnier réalise des simulations de départ avec ses jeunes recrues pour éviter "tout couac".
Un exercice dont l'expérimenté Vincent Philippe se passe. L'octuple vainqueur du Bol d'or s'amuse à observer certains pilotes entamer un sprint vers leurs motos au moment du départ. "Certains croient qu'il faut courir vite, mais non !", assure-il.
"Mon petit secret, c'est de me concentrer sur le démarrage de la moto et éviter tout simplement de caler".
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