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© AFP/Patrick Fort
L'ancien coureur cycliste Bernard Hinault
, lors d'une étape de la Tropicale Amissa Bongo au Gabon, le 16 janvier 2014
"Allez, va voir ton cowboy!", lance amicalement Bernard Hinault à la voiture Europcar: le "Blaireau", ambassadeur de la Tropicale Amissa Bongo au Gabon, assure parfois le rôle de commissaire de course mais n'a rien perdu de son franc parler.
Comme sur le TOUR DE FRANCE, Hinault conduit sur la Tropicale des invités de prestige en distillant sa science, mais sans perdre sa gouaille.
"Hier, il y avait une bonne petite patate (côte, ndlr). Je pensais qu'il y aurait plus de différence, ils n'avaient plus de jambes", rigole le quintuple vainqueur de la Grande Boucle. L'auditoire est d'autant plus conquis que le speaker officiel de la course fait quotidiennement son hagiographie, le décrivant comme le "plus grand sportif français de l'histoire, 10 fois Platini, 3 fois Zidane ou Noah".
De fait, il prend beaucoup de plaisir. "Je rencontre le cycliste local jusqu'au Prince Albert (de Monaco). Tu découvres plein de choses avec des gens de toutes les professions", explique Hinault, 59 ans, qui avait complètement quitté le monde du vélo à sa retraite sportive en 1986.
"Quand j'ai arrêté le vélo, la compétition ne m'a pas manqué, une autre compétition commençait. J'étais paysan. C'était une passion. Ca me prenait tout mon temps", se souvient-il.
Mais il est revenu il y a sept ans, à la mort de son beau-frère, alors âgé de 54 ans: "Ca m'a fait un coup. Je me suis dit: je bosse nuit et jour, pourquoi?"
La conversation se poursuit, et les coureurs ont du mal dans un faux plat. "Tu exploses les jambes dans la côte et après le faux plat, tu dis M..., ca fait mal. C'est plus facile en voiture!", rigole-t-il.
"Quand tu connais l'animal, tu le respectes"
Mais il garde son caractère de "Blaireau", notamment quand il devient commissaire par manque de voitures et de personnel qualifié: "Je ne veux pas de triche. Ce n'est pas parce qu'on est en Afrique que les règles changent".
Il peste alors contre tout: les photographes qui parlent au téléphone portable, les chauffeurs qui ne passent pas où il faut ou sont trop lents.
Il critique aussi l'attitude du Belge Louis Verhelst, qui vient de disputer un point chaud à des Africains: "Laisses-en aux autres! C'est idiot. Et, en plus, il va lui manquer les jambes à la fin, tu verras". Il a l'oeil: Verhelst terminera finalement 5e de l'étape alors qu'il fait partie d'une échappée de huit...
"Le surnom de Blaireau ne m'a jamais vexé. Au contraire! Quand tu connais l'animal, tu le respectes. Quand tu le taquines, il te mord. Moi, quand on me cherchait, je rentrais dans mon trou, je me préparais et quand je sortais, ça châtaignait".
Il dénigre aussi les oreillettes, le calendrier, le World Tour de l'Union cycliste internationale.
"On donne des points aux coureurs. Ca tue la course. Parfois, les coureurs ne bougent pas de peur de perdre une place au général. Ou le coureur joue sa carte personnelle pour une place d'honneur au détriment de l'équipe, rien que des points... Il faudrait faire comme au foot, avec les points qui vont à l'équipe, et des divisions".
Mais Hinault ne passe pas son temps à râler. Il salue l'esprit d'attaquant d'un coureur algérien qui s'écroule rapidement: "Et alors? Il a raison. Qui ne tente rien, n'a rien. Au moins, il a essayé".
Et il s'enflamme pour le cyclisme africain. "Il y a 5 ou 6 ans, on ne savait même pas qu'il y avait des cyclistes érythréens. Maintenant ils gagnent sur le circuit mondial. Demain, le futur grand champion, c'est peut être un des bambinos sur le bord de la route qui aura été inspiré par la course".