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© AFP/Luk BENIES
Le Néerlandais Tom Dumoulin (Sunweb), vainqueur du Giro, le 28 mai 2017 à Milan
Il a manqué de devenir médecin et a choisi le métier de coureur cycliste: Tom Dumoulin est l'homme des métamorphoses qui lui ont permis d'entrer dans l'histoire du Giro après sa victoire, dimanche, à Milan.
Grande taille (1,86 m) mais musculature longue et fine (69 kg), le coureur de Maastricht, où il est né le 11 novembre 1990, a surmonté les obstacles jusqu'à sa consécration au pied du Duomo de Milan. Entre autres, un problème intestinal qui l'a contraint à un arrêt improvisé au pied du Stelvio, mardi dernier, dans l'étape-reine du Giro.
A la façon d'un acteur de cinéma dont il a la plastique, le Néerlandais s'en est tiré par un trait d'humour après ce besoin physiologique diffusé quasiment en mondovision: "Je ne veux pas entrer dans l'histoire du Giro pour avoir fait caca dans un pré." Il est vrai qu'il a prouvé tout autre chose dans ce Giro très montagneux dans son final.
Son caractère d'abord. Déterminé, sûr de sa force, au risque de friser l'arrogance quand il tance ses rivaux (Quintana, Nibali) pour leur tactique à l'arrivée de la 18e étape à Ortisei. Mais aussi tacticien, pour s'appuyer sur les rivalités de ses adversaires et trouver de l'aide auprès d'autres coureurs, afin de limiter la casse dans les deux dernières journées de montagne.
Ses qualités physiques ensuite. Typé rouleur de grande classe, superbement posé sur le vélo du contre-la-montre, il a travaillé spécifiquement pour passer la montagne. Quitte à être plus fort sur une montée sèche que la référence colombienne, Nairo Quintana , comme lors de sa victoire dans l'étape d'Oropa.
"Il y a tant de choses surprenantes dans la vie", a dit Dumoulin pendant le Giro. Pour preuve, sa trajectoire. A 19 ans, il n'est pas retenu pour démarrer les études de médecine convoitées. "Au tirage au sort, à cause du nombre de places limité", précise-t-il.
Une place dans le bestiaire
A la déception de son père, biologiste, il se tourne alors vers le cyclisme. "Je n'étais pas particulièrement passionné, a-t-il expliqué au journal italien Corriere della Sera. Mais, à part médecine, aucune autre étude universitaire ne me plaisait alors que j'avais vu une arrivée de l'AMSTEL GOLD RACE qui m'avait emballé. Les applaudissements du public, le bruit des hélicoptères, la voix du speaker qui exaltait le vainqueur..."
En 2012, il passe professionnel dans la formation qui deviendra Sunweb, son équipe actuelle. Il participe pour la première fois au TOUR DE FRANCE l'année suivante (dans les dix premiers des deux contre-la-montre) et enlève sa première victoire en 2014, en Corse, dans le contre-la-montre du Critérium international. Le "chrono", sa spécialité d'origine qui lui a permis de gagner dimanche à Milan le Giro. L'an passé, seul le Suisse Fabian Cancellara l'a devancé pour l'or olympique à Rio.
Depuis le Tour de Suisse 2015, Dumoulin s'est découvert des possibilités en montagne. Il a cédé in extremis, à la veille de l'arrivée, dans la Vuelta 2015 (6e finalement) et a continué à suivre une trajectoire ascendante, compte tenu de son choix de privilégier le contre-la-montre pour les JO de 2016.
Une mue ? "J'ai seulement perdu un peu de poids (3 kg), affirme-t-il, et j'ai privilégié l'entraînement en altitude par rapport aux courses".
En réalité, Dumoulin, qui possède un nom d'origine wallonne mais parle seulement quelques mots de français, sait se transformer, seul élément pertinent par rapport au surnom, le "papillon de Maastricht", qui lui a été trouvé par un journal néerlandais.
Lui n'aime pas ce surnom: "Je préfèrerais quelque chose de plus fort, du genre Requin de Messine (Nibali) ou Condor de Colombie (Quintana)." Dans le bestiaire du Giro, une place est à prendre.