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Derrière son impassible visage de cuivre, Nairo Quintana dévoile une ambition de champion qui lui a valu d'être dimanche, à 24 ans à peine, le premier Colombien vainqueur du Giro.
"J'ai montré qui est Nairo Quintana ", a-t-il répété à plusieurs reprises au cours d'un Giro qu'il a renversé dans la dernière semaine de course. Qui est Nairo Quintana ? Un Colombien grandi dans les montagnes du Boyaca, la province qui a accueilli les Mondiaux sur route 1995 alors qu'il était encore un enfant de cinq ans à peine rétabli d'une grave maladie. Un coureur prodige, vainqueur du Tour de l'Avenir 2010, récupéré un an plus tard par une équipe espagnole qui l'a façonné.
"Je ne suis pas un phénomène, je suis un être humain, dit-il. Je ne viens pas d'un autre monde". Mais, avec Quintana, l'histoire tutoie la légende. Tout petit, il manque de mourir d'une étrange maladie, le "mal du défunt", que transmettraient les femmes enceintes en contact avec un moribond.
Plus tard, son père, Luis Guillermo, qui gère un modeste commerce de fruits et légumes malgré les séquelles d'un accident de la circulation, lui bricole un vieux VTT pour qu'il puisse se rendre à l'école distante de 16 kilomètres... plus bas. A l'aller, le tout jeune Nairo descend. Au retour, il grimpe sur une pente à 8%, à contre-courant des camions, pour rentrer chez lui, à plus de 3000 mètres d'altitude.
- Deuxième du Tour -
Tout le prédispose à une carrière de coureur. Après une saison 2009 dans l'équipe de sa région, il rejoint une sélection colombienne (Colombia es Pasion - Café de Colombie) qui lui permet de se faire remarquer. En 2012, il intègre Movistar, dirigé par Eusebio Unzue, ex-mentor de Miguel Indurain . Avec des résultats immédiats puisqu'il gagne une étape de montagne du Dauphiné et la Route du Sud en juin.
L'an dernier, il se présente au TOUR DE FRANCE sans aucune responsabilité à assumer. Suivant la méthode qui avait valu à Indurain de grandir dans l'ombre de Pedro Delgado , il laisse à l'Espagnol Alejandro Valverde le rôle de chef d'équipe. Mais, trois semaines plus tard, c'est bien Quintana qui grimpe à plusieurs reprises sur le podium des Champs-Elysées.
Deuxième du classement final (le meilleur résultat d'un coureur colombien), il collectionne les couleurs. Le blanc du meilleur jeune, les pois rouges du meilleur grimpeur. Avec, dans sa collection, une victoire d'étape au Semnoz, à la veille de l'arrivée à Paris.
Par son sourire, son regard direct d'Améridien aux yeux noirs, l'homme a de quoi susciter la sympathie. Posé, calme, il semble imperturbable. Sauf quand il évoque avec émotion l'enfant que lui a donnée Paola, une petite fille née en février dernier et prénommée Mariana.