Happy Birthday : |
A 48 heures de son terme, le Giro est redevenu indécis dans les Alpes après le coup de force du champion d'Italie Vincenzo Nibali dans la 19e étape et la prise de pouvoir du Colombien Esteban Chaves à l'arrivée dans la station française de Risoul.
Agnel, ses murs de neige à très haute altitude (2744 m), sa descente piégeuse vers le Queyras, ont provoqué la chute de Steven Kruijswijk, le porteur du maillot rose depuis samedi dernier.
Alors qu'il tentait de suivre Nibali et Chaves dans l'un des premiers virages de la descente, le Néerlandais est passé au-dessus de son vélo après avoir heurté de plein fouet la paroi neigeuse, à 55 kilomètres de l'arrivée. Dépanné en deux temps (voiture neutre puis voiture d'équipe), il s'est battu sans compter le long de la vallée du Guil mais a payé ses efforts ensuite.
Blessé au bas du dos, le coude gauche ensanglanté, Kruijswijk a abordé la montée finale avec deux minutes de retard sur Nibali et Chaves, qui avaient pu s'appuyer sur leurs coéquipiers (Scarponi, Plaza) dans l'interminable descente (40 km) vers Guillestre. Malgré tous ses efforts, le passif a atteint à l'arrivée près de cinq minutes sur Nibali.
Moins bon descendeur que Chaves et surtout Nibali, l'un des maîtres contemporains de l'exercice, Kruijswijk a payé au prix fort son erreur, due peut-être aussi à la fatigue de la haute altitude. Tout comme le Russe Ilnur Zakarin, qui occupait la 5e place du classement au départ de Pinerolo avant de perdre le contrôle de son vélo dans cette descente très rapide et terminer sa course près d'un torrent (abandon).
- "C'était le rachat" -
Dans l'ascension finale vers Risoul (12,9 km à 6,9 %), Nibali, renaissant, a porté l'estocade dans les 5 derniers kilomètres. Pour précéder finalement Chaves de 53 secondes et bondir de la quatrième à la deuxième place du classement, à seulement 44 secondes du grimpeur de Bogota.
"J'ai passé des jours difficiles. Aujourd'hui, c'était le rachat", a déclaré le Sicilien, mal en point depuis la fin de semaine dernière au point de se soumettre à des examens médicaux qui n'ont rien montré d'anormal, d'après les premiers résultats hématologiques. "Ses valeurs sont conformes à une bonne condition physique", avait assuré la veille le médecin, le Dr Emilio Magni.
En pleurs sur son vélo après avoir franchi la ligne en vainqueur, son premier succès depuis le Tour d'Oman en février, Nibali a dédié sa victoire à un adolescent de l'équipe de jeunes qui porte son nom, décédé accidentellement pendant le Giro. Et aussi à ses équipiers, en particulier Michele Scarponi qui était en position de gagner l'étape mais qui l'a attendu pour l'aider.
Par cet extraordinaire renversement de situation, tout reste encore possible pour le vainqueur du TOUR DE FRANCE 2014, plus fringant que Chaves dans la montée de Risoul.
"Jusqu'à présent je devais attaquer. C'est ce que j'ai fait dans Agnel. Maintenant, je vais défendre", a reconnu le jeune Colombien (26 ans) avant la 20e et avant-dernière étape, un concentré de haute montagne entre Guillestre et le sanctuaire de Sant'Anna di Vinadio (134 km).
Sur le parcours français, trois grands cols dépassent les 2000 mètres avant de revenir en Italie. Vars, la Bonette (2715 m) dans un décor lunaire, et la Lombarde, dont le sommet est situé à seulement 10 kilomètres de l'arrivée, sont donc le théâtre grandiose, en altitude, dans lequel Chaves va s'arc-bouter sur son avantage (44 sec sur Nibali, 1 min 05 sec sur Kruijswijk, 1 min 48 sec sur Valverde).