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Le luxueux motor-home de l'équipe Sky utilisé par Richie Porte pour dormir dans le Giro fait parler dans le petit monde du cyclisme, réservé et même sarcastique vis-à-vis de cette innovation en rupture avec les traditions.
Un bus digne d'une rock star
L'engin, qui a pris place chaque soir sur le parking de l'hôtel où loge la formation britannique, mesure 12 mètres, pèse 14 tonnes et coûte, dans son prix de base, 250.000 dollars, avant tout aménagement. Il est équipé princièrement (avec lit extra-large), à la manière des motor-homes employés pour les courses automobiles ou les tournées des rock stars.
"L'équipe me l'a proposé, c'est une bonne chose d'avoir son propre espace et de ne pas faire ses bagages chaque jour", affirmait Porte au journal organisateur La Gazzetta dello Sport en début de Giro.
"C'est une expérience. On verra plus tard si on la renouvelle", confirmait le patron de Sky, Dave Brailsford, à l'affût des "gains marginaux", les détails susceptibles de faire la différence.
Egalité des chances et places de parking
"Il y a la course et aussi l'après-course", rappelle Martial Gayant , le directeur sportif de l'équipe FDJ sur le Giro qui insiste sur la récupération, facteur essentiel de la performance.
Pour lui, les problèmes soulevés sont nombreux: "L'égalité des chances mais aussi les problèmes de stationnement à cause de la place limitée sur les parkings et la réaction des hôteliers, alors que l'hébergement des grandes équipes est déjà plus soigné que celui des équipes (de deuxième division) invitées. Quand ils en parlent, les coureurs se demandent où l'on va."
"Le sportif doit primer", renchérit son homologue d'AG2R La Mondiale, Laurent Biondi . "Il y a peut-être un aspect marketing, business, derrière tout ça. Mais il serait bon de rester un peu plus simple et d'essayer de mettre les compétiteurs sur un pied d'égalité".
Serge Parsani, qui dirige une équipe de deuxième division (Southeast) après des années passées dans des formations au gros budget, redoute un emballement: "On va un peu trop vite. On a vu arriver les bus, les camions-cuisines. Un chef cuisinier peut être utile, il sert à toute l'équipe. En revanche, un motor-home pour un seul coureur... J'ai du mal à comprendre."
Résultat? Catastrophique!
Le confort 4 étoiles du motor-home, augmenté de l'avantage d'un vol en hélicoptère (pour le transfert de 350 km avant la première journée de repos), s'est soldé par... un fiasco.
Porte a fait long feu dans ce Giro. Loin, au classement, de son équipier tchèque Leopold König. "Cela lui vaudra-t-il de dormir dans le motor-home ?", s'amusait dimanche le journal L'Equipe. Porte, blessé suite à une chute, a fini par jeter l'éponge lors de la journée de repos à Madonna di Campiglio.
L'ironie veut que l'Australien et ses coéquipiers aient perdu pied la semaine passée dans un fait de course anodin, une crevaison suivie d'un dépannage -illicite- par un coureur d'une autre équipe. Pour Parsani, le professionnalisme commence là: "Inadmissible pour un coureur qui cherche à gagner le Giro. Pendant l'hiver, les coureurs ont deux-trois mois sans rien faire, il faudrait qu'ils apprennent le règlement. C'est leur métier."
"C'est compréhensible de vouloir protéger le coureur et chacun a le droit d'avoir sa politique", tempère Gianni Savio, patron de l'équipe Androni. "Mais je crois que nous arrivons à une exagération, à une obsession de tous les détails. Il y a d'un côté cette organisation stratosphérique et de l'autre un coureur (Siutsou) qui regarde sans rien faire son leader dépanné par un coureur d'une autre équipe. Le destin est railleur."