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© AFP/JOSE JORDAN
Nairo Quintana
sur le podium de la 20e étape de "La Vuelta" à l'Alto de Aitana, le 10 septembre 2016
Des cimes des Andes au sommet du podium du Tour d'Espagne, Nairo Quintana poursuit son inexorable ascension, celle d'un petit grimpeur surdoué ambitionnant de devenir un jour le premier Colombien à remporter le TOUR DE FRANCE.
Déjà vainqueur du Tour d'Italie en 2014, le "Condor" Quintana (26 ans) a escaladé dimanche à Madrid une marche supplémentaire vers ce qu'il appelle son "rêve jaune", remporter le prestigieux maillot de leader de la Grande Boucle.
"J'ai toujours été focalisé sur le fait de remporter le Tour. Le rêve jaune n'est pas qu'un slogan, c'est un rêve qui perdure", a-t-il lancé cette semaine, imperturbable comme à son habitude.
"Nairoman" est déjà une star dans son pays, d'autant plus qu'il a succédé au mythique Lucho Herrera, premier de cordée des petits "scarabées" colombiens et premier vainqueur sud-américain d'un grand Tour de trois semaines, la Vuelta 1987.
"Il est certain qu'on se souviendra de lui et de moi avec émotion", a reconnu Quintana, conscient d'écrire une page d'histoire de son sport.
Père d'une petite Mariana (2 ans) et ambassadeur de l'Unicef, le petit grimpeur de l'équipe Movistar (1,67 m, 58 kg) présente une maturité rare et un palmarès enviable pour un coureur de son âge.
- Un vieux VTT pour aller à l'école -
Mais avant de s'inviter en haut de l'affiche, le gamin de Boyaca, dans les Andes colombiennes, a débuté au bas de l'échelle.
© AFP/STR
Nairo Quintana
lors d'un entraînement en montagne à Cundinamarca, en Colombie, le 10 juin 2016
Avec Quintana, l'histoire tutoie la légende. Tout petit, il manque de mourir d'une étrange maladie, le "mal du défunt", que transmettraient les femmes enceintes en contact avec un moribond.
Plus tard, son père Luis Guillermo, qui gère un modeste commerce de fruits et légumes malgré les séquelles d'un accident de la circulation, lui bricole un vieux VTT pour qu'il puisse se rendre à l'école distante de 16 kilomètres... plus bas.
A l'aller, le tout jeune Nairo descend. Au retour, il grimpe sur une pente à 8%, à contre-courant des camions, pour rentrer chez lui, à plus de 3000 mètres d'altitude.
Tout le prédispose à une carrière de coureur. Après une saison 2009 dans l'équipe de sa région, il rejoint une sélection colombienne (Colombia es Pasion - Café de Colombie) qui lui permet de se faire remarquer.
En 2012, il intègre Movistar, dirigé par Eusebio Unzué, ex-mentor de Miguel Indurain . Avec des résultats immédiats puisqu'il gagne une étape de montagne du Dauphiné. Son frère cadet Dayer Quintana le rejoint en 2014 au sein de la formation espagnole.
- Plan de carrière -
Son plan de carrière a été habilement tracé: deuxième du TOUR DE FRANCE dès sa première participation en 2013, à 23 ans, il fait l'impasse l'année suivante pour aller s'aguerrir sur le Giro, qu'il remporte. Une chute dans la Vuelta quelques semaines plus tard, alors qu'il porte le maillot rouge, le contraint néanmoins à abandonner.
En 2015, Quintana répond aux attentes en finissant à nouveau deuxième à Paris, mais les premières critiques commencent à poindre: le Colombien ne serait-il pas trop économe de ses efforts? Manquerait-il de panache?
© AFP/LUK BENIES
Nairo Quintana
avec son trophée après la conquête du Tour d'Italie, le 1er juin 2014 à Trieste
Accusations redoublées cette années: alors qu'on annonçait un alléchant duel avec Chris Froome, le Britannique s'est envolé vers son troisième TOUR DE FRANCE quand Quintana, affaibli par une allergie, a tant bien que mal sauvé une troisième place finale.
Mais derrière son impassible visage de cuivre, Nairo Quintana dissimule une ambition de champion. Et il a montré une splendide réaction d'orgueil sur cette Vuelta, domptant Froome, Alberto Contador et plusieurs autres ténors, tout en montrant un côté stratège et meneur d'hommes qu'on ne lui connaissait pas.
Tous les observateurs s'accordent à voir en lui le meilleur escaladeur du peloton. Dur au mal, il est un grimpeur explosif capable d'accélérer en serrant les dents lorsque la pente fait grimacer ses rivaux. Et, peu à peu, il commence à gommer ses faiblesses, comme le contre-la-montre.
"Je ne suis pas un phénomène, je suis un être humain, a-t-il lancé un jour. Je ne viens pas d'un autre monde."
Nairo Quintana vient de Colombie. Et il a un rêve: être un jour en jaune sur les Champs-Elysées.