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Alexis Vuillermoz a signé la première victoire française dans le Tour, samedi, en haut de la côte de Mûr-de-Bretagne, où le puncheur de l'équipe AG2R La Mondiale s'est montré le plus fort dans la 8e étape.
La journée 100 % bretonne s'est conclue sans danger pour le maillot jaune de Chris Froome. En revanche, le vainqueur sortant du Tour, l'Italien Vincenzo Nibali , a lâché 10 secondes au Britannique.
Le succès de Vuillermoz était-il prévisible ?
Sa troisième place, lundi dernier, au sommet du mur de Huy, avait valeur prémonitoire. Le Jurassien de 27 ans a intégré le cercle limité des meilleurs spécialistes, à sa troisième saison à peine dans le peloton professionnel.
"C'est un grand grimpeur-puncheur", estime Thibaut Pinot (légèrement distancé tout comme Romain Bardet ) au sujet du coureur de la formation AG2R La Mondiale, aussi explosif dans ses démarrages que humble dans la vie.
Dans son équipe, Vuillermoz fait l'unanimité par ses qualités humaines et son sens du collectif, sa simplicité et sa détermination. Venu à la route par le VTT, il estime avoir encore beaucoup à assimiler. Mais il apprend (très) vite et bien, tout comme il a excellé dans ses études supérieures d'économie et management.
A Mûr-de-Bretagne, au bout d'une côte de 2 kilomètres, pentue dans sa première moitié avant un final en faux-plat, Vuillermoz a man?uvré à la perfection.
"Je suis sorti une première fois sur la partie raide mais j'ai été marqué par Yates et je n'ai pas voulu l'emmener jusqu'à la ligne d'arrivée", a-t-il expliqué. "Quand le peloton est revenu, j'en ai profité pour prendre un peu d'air puis j'y suis allé".
Froome, qui menait alors le groupe, n'a pas réagi. Seul, Dan Martin a eu les ressources pour tenter la poursuite. Mais l'Irlandais, autre vrai talent naturel, a dû se résigner à la deuxième place.
Le groupe des favoris, réglé par l'Espagnol Alejandro Valverde devant le Slovaque Peter Sagan (désormais porteur du maillot vert), a franchi la ligne 10 secondes après le vainqueur.
"Il y a trois ans, je n'aurais jamais cru gagner une étape du Tour", a reconnu Vuillermoz, presqu'incrédule en se souvenant des difficultés surmontées: le décès de son père et d'autres membres de sa famille, la menace du chômage après l'arrêt de sa première équipe (Saur-Sojasun) fin 2013, l'intervention providentielle d'un mécène, Daniel Germond, un entrepreneur retraité de son département qu'il a chaleureusement remercié après sa victoire.
Grand grimpeur encore en devenir, Vuillermoz est aussi un type bien, souligne le staff de son équipe qui a prolongé son contrat de plusieurs années.
Froome est-il favori du contre-la-montre par équipes ?
Le Britannique a contrôlé la situation à Mûr-de-Bretagne. Dans le droit fil d'une première semaine qui lui a souri de bout en bout, hormis le contre-la-montre initial d'Utrecht (Pays-Bas) qui a ressemblé à un quasi match nul entre les favoris.
Froome peut s'appuyer sur plusieurs gros rouleurs autour de lui (Kennaugh, Porte, Stannard, Thomas). Tout comme le Colombien Nairo Quintana (Castroviejo, Dowsett, Malori, Valverde). Mais l'équipe championne du monde en titre n'est autre que la BMC de l'Américain Tejay Van Garderen , qui a gagné de surcroît le "chrono" du récent Dauphiné.
"Nous partons avec une réelle confiance", assure van Garderen dont la position au classement général, à 13 secondes de Froome, lui laisse entrevoir un possible maillot jaune à l'issue des 28 kilomètres de contre-la-montre par éaquipes séparant Vannes de Plumelec: "Il y a toujours une chance."
"Le parcours est piégeux car la route monte et descend tout le temps", renchérit Froome. "Je m'attends à des écarts conséquents".
Si le Britannique dit vrai, le risque est élevé pour le champion d'Italie Vincenzo Nibali , souvent contrarié depuis le départ du Tour et déjà placé dos au mur. Le Sicilien, à la peine sur la partie pentue de Mûr-de-Bretagne, a donné des signes inquiétants de faiblesse et son équipe Astana a été débordée (Kangert 52e, Fuglsang 56e).
"C'était un jour-sans", a reconnu le vainqueur sortant du Tour. "J'avais de bonnes sensations en début d'étape mais dans le final je ne sentais plus rien, je n'avais plus de jambes".
Pointé à 1 min 48 sec de Froome, Nibali n'a plus aucun droit à l'erreur.