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Camping-cars décorés de drapeaux, fourgons aménagés, tentes multicolores: sur les pentes du mont Ventoux, des milliers de fans étaient déjà prêts mercredi pour le passage du peloton le lendemain, mais la météo va gâcher la fête et a contraint les organisateurs à déplacer l'arrivée à 6,5 km du sommet.
Une arrivée d'étape du TOUR DE FRANCE en haut au mont Ventoux --qui plus est un 14 juillet--, un mythe pour les passionnés de la petite reine, ça n'était plus arrivé depuis 2013. Et, finalement, ça n'arrivera pas jeudi non plus, l'arrivée de la 12e étape ayant été décalée par les organisateurs au Chalet Reynard, en raison des violentes rafales de vent annoncées.
Dans la soirée, la préfecture du Vaucluse a mis en garde les spectateurs présents sur les pentes du mont Chauve, conseillant notamment à ceux qui sont stationnés entre le Chalet Reynard et le sommet de ne pas tenter de redescendre et recommandant aux personnes "à la santé fragile et aux enfants" de ne pas se rendre sur le mont, en raison de températures ressenties négatives.
Mais mercredi matin, sur les pentes, personne n'imaginait encore une montée raccourcie. Et dès le matin, cinq quadragénaires belges en vacances dans le Vaucluse avaient planté leurs tentes au pied des mélèzes, avec leurs quatre enfants adolescents.
"On ne le fera qu'une seule fois dans notre vie", sourit Frédéric, les yeux déjà pétillants. La petite bande a décidé d'égayer le passage du peloton en se déguisant en canette de bière, en dressant une banderole, en klaxonnant et en criant des encouragements, explique Geoffroy en surveillant la cuisson des merguez sur une plaque devant lui.
-"On va faire beaucoup de bruit"-
Un peu plus loin, Philippe, posté sur le bas-côté, propose de l'eau aux très nombreux cyclistes qui s'attaquaient mercredi, une journée avant les professionnels et jusqu'au bout dans leur cas, au mont Chauve, qui culmine à 1.910 mètres d'altitude.
"On n'est pas des passionnés du TOUR DE FRANCE, mais il y a tellement une bonne ambiance... On ne sait même pas qui est en tête, mais on est là", sourit-il en versant de l'eau sur la nuque d'un cycliste colombien visiblement à bout de forces.
Même si les places sont chères, l'ambiance est très conviviale entre les voisins de quelques jours et il était encore possible dans la matinée de mercredi de se caler entre un fourgon et un camping-car pour être aux premières loges 24 heures plus tard.
Installés sur une chaise pliante --accessoire indispensable s'il en est-- les uns testent leurs encouragements, les autres font la sieste ou discutent avec leurs voisins suisses, belges, danois, britanniques, allemands. D'autres encore peignent sur le bitume le nom de leur champion favori.
Sous une immense tente noire, une trentaine de personnes déjeunent sur trois longues tables: la famille et l?entourage d'Arthur Vichot, champion de France sur route et coureur de l'équipe FDJ, sont venus en nombre du Doubs pour le soutenir.
"On va faire beaucoup de bruit, on va lui réserver une belle ovation", promet son oncle, Christian.
Avec l'altitude, la végétation devient plus rare, la température chute sous les 10 degrés, le paysage rocailleux offrait alors ce spectacle lunaire typique de l'ascension du mont Ventoux, déjà balayé mercredi par des rafales de vent glaciales.
Bob enfoncé sur la tête, emmitouflé dans un blouson, Raymond, 84 ans, pédale en chaussons sur son vélo? d'appartement, qu'il a installé devant son camping-car, stationné à quelques virages du sommet. "Je suis arrivé le premier mardi dernier, il y a une semaine, il n'y avait personne", avance avec fierté ce résident des Alpes-Maritimes.
"Après, des places, il n'y en a plus, il faut se battre", se réjouissait-il mercredi en milieu de journée, loin d'imaginer qu'il serait peut-être contraint le lendemain de suivre à la télévision l'arrivée, qui sera finalement adjugée 6,5 km plus bas.