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"Un leader", "un champion", "un cérébral avec des jambes". Le portrait de Romain Bardet , dressé par son entourage sportif jeudi au soir de sa spectaculaire victoire à Saint-Jean-de-Maurienne, était forcément élogieux, mais surtout teinté de respect envers un garçon décrit comme "hors norme".
A 24 ans à peine, le natif de Brioude en Auvergne, est déjà l'une des personnalités du peloton.
"C'est déjà le top mondial", s'enflamme même son directeur sportif, Vincent Lavenu.
Parfois surnommé le "cycliste-étudiant", car il mène en parallèle de sa carrière des études supérieures en management, Bardet possède la tête et les jambes d'un champion en devenir.
"C'est déjà un vrai leader qui tire tous ses équipiers vers le haut, confie à l'AFP son ami et confident chez AG2R, Mikael Cherel. Un leader, c'est quelqu'un qui s'exprime sur le vélo mais aussi dans la vie de groupe. Romain sait le faire".
"Depuis l'arrivée de Sky dans le peloton, on parle beaucoup des gains marginaux, poursuit Cherel. Romain nous répète sans cesse de ne rien laisser au hasard, de soigner chaque détail. Que ce soit la nutrition, l'hygiène de vie, l'entraînement en altitude".
"Il est très pointu sur l'entraînement, le sommeil, l'alimentation. Cette victoire n'est pas due au hasard", enchaîne Lavenu.
Qualifié de "cérébral" par Eric Bouvat, le médecin de son équipe, Bardet, père instit et mère infirmière libérale, a toujours été bon élève. Le jeune cycliste, assidu de lecture, est un bon client pour les journalistes en quête de l'analyse juste et des mots utilisés à bon escient.
- "Il respecte son sport" -
"Il y a chez lui une autorité naturelle. Il n'a pas besoin de longs discours pour convaincre du bien fondé d'une décision", note Bouvat qui est "épaté" par la capacité de son coureur à se relever des coups durs.
"Après sa défaillance dans la première étape des Pyrénées, il a vite compris qu'il n'y avait rien de grave. Certes, il avait perdu du temps. Mais il n'était ni blessé, ni malade. Il a remis le compteur à zéro et a réagi en champion".
Techniquement, Bardet est qualifié de grimpeur. Voir de puncheur. "Mais c'est aussi un grand descendeur", insiste Lavenu.
Et il tient aussi son aura de son attitude: "il respecte son sport", note son équipier belge Jan Bakelants.
"Romain aime le Tour. Mais ses yeux brillent quand on lui parle de Liège-Bastogne-Liège et du Tour de Lombardie", remarque Bakelants.
Surtout, Bardet insiste sur la notion de plaisir.
"Je n'ai pas l'impression de faire plus de sacrifices que les autres coureurs. Je fais mon métier avec passion. Et, ces derniers jours, ce qui m'a rendu heureux, c'est de courir devant, dans les échappées".
Sixième du Tour l'an passé, Bardet ne rééditera pas la même performance dimanche à Paris (il est actuellement 10e à près de 13 minutes de Froome). Mais qu'importe, lâche Cherel, "son Tour est réussi. Et l'an prochain, il reviendra encore plus fort après avoir analysé avec minutie les erreurs commises cette année".
Ne rien laisser au hasard...