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Thibaut Pinot , désormais placé sur le podium, a forcé l'entrée des Pyrénées dans la 16e étape du TOUR DE FRANCE gagnée mardi à Luchon par l'Australien Michael Rogers .
A cinq jours de l'arrivée d'un Tour toujours contrôlé par Vincenzo Nibali , Pinot a délogé l'autre espoir français Romain Bardet de la troisième place derrière le maillot jaune italien et l'Espagnol Alejandro Valverde . Il lui a aussi ravi le maillot blanc de meilleur jeune.
"Aujourd'hui, j'ai perdu une bataille", a reconnu Bardet, qui a lâché prise sur le haut de l'ascension du port de Balès, le grand col de cette première des trois journées pyrénéennes. Quelques instants après l'Américain Tejay Van Garderen , le grand perdant du jour.
Bardet a cédé un peu moins de deux minutes à ses rivaux directs, "TVG" plus de trois minutes et demie. Et une bonne partie de ses chances d'accéder au podium du Tour dont il est séparé de plus de quatre minutes. "J'étais vidé", a soupiré l'Américain dont le retard a encore augmenté dans la descente de Balès, une vingtaine de kilomètres, pour rejoindre Luchon.
Le col, l'un des plus éprouvants du Tour 2014, a mis en lumière la force de Pinot et la résistance obstinée de ses deux principaux concurrents désormais pour le podium, l'Espagnol Alejandro Valverde et le Français Jean-Christophe Péraud.
- Géraud ou la gestion de l'énergie -
Tous deux ont été décrochés dans les derniers hectomètres de cette longue ascension qui remonte la vallée de la Barousse pour rejoindre l'altitude de 1755 mètres. "J'ai préféré lisser l'effort. Dans la descente, j'ai attendu que Valverde revienne et on est rentré tous les deux tranquillement", a expliqué Péraud qui, du haut de sa formation d'ingénieur, excelle dans la gestion de l'énergie.
"Sur le dernier kilomètre du port de Balès, Valverde a laissé le trou par rapport à Pinot. Je suis rentré aussi vite que je le pouvais", a raconté Nibali qui n'a jamais été mis en difficulté bien qu'il ait perdu son dernier équipier à 5 kilomètres du sommet. Au col, il a seulement ralenti pour happer un bidon et basculer dans la descente avec ses adversaires.
Lui aussi a souligné "penser aux journées suivantes" après cette étape qui a vu les hommes de Valverde assurer le train dans le port de Balès avant l'accélération de Pinot sur le haut de la montée afin de provoquer la sélection.
"J'avais de très grandes sensations, mes meilleures jambes depuis le début du Tour. Je devais en profiter. J'ai voulu accélérer quand j'ai vu que je pouvais distancer Van Garderen et Bardet", a déclaré le Franc-Comtois, pointé à 29 secondes seulement de la deuxième place du Tour derrière l'inaccessible Nibali.
"Valverde n'est pas loin mais ce n'est pas facile de le faire craquer", a-t-il relevé. "Péraud me pose peut-être encore plus de souci, parce que c'est un vrai client sur le contre-la-montre" dans la perspective de ce chrono de 54 kilomètres qui s'annonce déterminant samedi dans le Périgord.
- Roger à la man?uvre -
Mais le premier verdict des Pyrénées attend confirmation. "Je vais peut-être avoir plus de liberté" espère Bardet qui songe à l'étape de mercredi, un concentré de cols dans les 75 derniers kilomètres pour rejoindre le Pla d'Adet où l'explication s'annonce intense, quasi-explosive.
"Je dois encore essayer de gagner du temps sur Valverde et Van Garderen", estime Pinot, l'homme du jour -malgré sa 17e place à l'étape- avec le vainqueur Michael Rogers .
L'Australien a su man?uvrer très habilement dans un petit groupe de cinq coureurs rescapé d'une échappée qui a mis du temps à se former, une soixantaine de kilomètres après le départ. Pris en tenailles par le duo de l'équipe Europcar, Thomas Voeckler et Cyril Gautier , il a trouvé l'ouverture dans les 4 derniers kilomètres.
Son expérience (dixième participation au Tour) et ses qualités de rouleur ont fait la différence. Voeckler, qui visait la passe de trois à Luchon où il avait gagné lors des deux arrivées précédentes du Tour (2010 et 2012), a sprinté pour la deuxième place, une dizaine de secondes après l'arrivée victorieuse de l'Australien.
A 34 ans, Rogers est devenu le neuvième coureur de son pays à enlever une étape du Tour. Sur la touche en début de saison, à cause d'un contrôle antidopage positif pour lequel il a été disculpé en avril, il a rattrapé depuis le temps perdu. Avec trois victoires d'étape dans les grands tours (deux au Giro, une au Tour), lui qui n'en avait aucune depuis ses débuts professionnels.