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Deux Français, Thibaut Pinot et Jean-Christophe Péraud, ont pris place sur le podium virtuel du TOUR DE FRANCE derrière l'intouchable maillot jaune, l'Italien Vincenzo Nibali , vainqueur jeudi à Hautacam de la 18e étape, la dernière de montagne.
L'ultime ascension des Pyrénées a laissé intact le suspense pour la fin du Tour, dans la perspective du contre-la-montre de Périgueux. A distance de Nibali qui a porté à 7 min 10 sec -le plus gros écart depuis 1997- son avance sur Pinot, le jeune (24 ans) grimpeur de Franche-Comté.
"Deuxième, c'est une place provisoire, je ne m'enflamme pas. Le chrono de samedi peut tout changer", a déclaré Pinot.
Le Français, qui a tout donné sur la fin pour grignoter quelques secondes supplémentaires, possède un avantage trop mince pour être une sécurité. De 15 secondes sur l'Espagnol Alejandro Valverde , qui a reculé de la deuxième à la quatrième place, et de 13 secondes sur Jean-Christophe Péraud, a priori le meilleur rouleur des trois.
"J'ai bien travaillé dans ce domaine", note le chef de file de l'équipe FDJ.fr, qui s'est classé à trois reprises dans les dix premiers d'un contre-la-montre cette saison (Pays Basque, Romandie, Suisse). "C'est aussi une question de maturité et d'expérience. J'ai pris de la caisse".
- La quatrième de Nibali -
Pinot, dont l'entourage est confiant au vu de la fraîcheur physique affichée en fin de Tour, a su rester calme sur l'attaque de Nibali, dans la première partie de la montée d'Hautacam: "Il ne fallait surtout pas essayer de le suivre car il y avait un risque de se mettre dans le rouge." Et de résumer d'un mot la supériorité du champion d'Italie: "Il est intouchable."
A l'approche des 10 derniers kilomètres, le Sicilien a réagi derrière l'Américain Chris Horner , qui l'avait devancé dans la dernière Vuelta. "Ca a joué", a reconnu ensuite Nibali quand il lui a été demandé s'il aurait couru pareillement derrière un autre coureur.
Puis, le maillot jaune a accéléré en augmentant la cadence de pédalage à la façon du Britannique Chris Froome, le dernier vainqueur du Tour. Il a débordé ainsi aux 8 kilomètres l'Espagnol Mikel Nieve, rescapé d'une longue échappée, qu'il a dépassé sans un regard.
Sur la ligne, installée à 1520 mètres d'altitude, Nibali a précédé Pinot de 1 min 10 sec. Au bout d'une montée qui le place, dans un classement officieux sur les temps d'ascension de Hautacam lors des cinq arrivées du TOUR DE FRANCE, à la 26e place depuis 1994. Mais de nombreux paramètres donnent bien sûr à cette comparaison une simple valeur indicative.
Le maillot jaune a enlevé son quatrième succès depuis le départ après ceux de Sheffield, pour l'entame anglaise, de La Planche des Belles Filles, dans les Vosges, de Chamrousse, dans les Alpes. A chaque massif montagneux, une victoire. "Cette étape, je la devais à mes équipiers", a conclu Nibali, à trois jours de son premier succès dans le Tour.
- "Tenir, s'accrocher, souffrir" -
Dans cette ultime journée de montagne, les favoris du Tour ont attendu la montée finale de Hautacam pour s'expliquer. Ils ont laissé un groupe de 20 coureurs prendre les devants en début d'étape pour aborder le Tourmalet avec quatre minutes d'avance.
Sur les pentes du Géant des Pyrénées (17,1 km à 7,3 %), escaladé par le versant de La Mongie, Mikel Nieve et Blel Kadri se sont détachés. Avant que le Français bascule en tête au sommet, franchi pour la... 79e fois par le Tour depuis la "première" en 1910 ( Octave Lapize ).
Dans Hautacam, course de côte format géant (13,6 km à 7,8 %), Valverde a été décroché sur l'attaque de Pinot avant les 5 derniers kilomètres. "Il fallait tenir, s'accrocher, souffrir", a reconnu l'Espagnol qui a lutté pour limiter la perte de temps, comme la veille dans la montée du Pla d'Adet.
Péraud, à l'énergie, s'est accroché au sillage de Pinot, avec l'Américain Tejay Van Garderen . Le trio est revenu aux 3 kilomètres sur le Polonais Rafal Majka qui avait tenté de contre-attaquer derrière Nibali.
Dans les derniers hectomètres, Pinot a grappillé quelques secondes supplémentaires en prenant la deuxième place, à 1 min 10 sec du vainqueur du jour. Majka, derrière lui, a sauvé son maillot à pois de meilleur grimpeur.
Pour les Français, la fête est inespérée. Pour trouver trace de deux Français aux trois premières places d'un classement certes provisoire, il faut remonter au Tour... 1984 (Fignon 1er, Hinault 2e).