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Sans gagner une seule étape, le Slovaque Peter Sagan s'est montré digne du maillot vert qu'il a remporté pour la quatrième fois d'affilée, en épiçant un TOUR DE FRANCE qu'il a relevé de sa fantaisie.
Ce ne fut pas faute d'essayer. Mais le sprinteur-puncheur-baroudeur de l'équipe Tinkoff a rejoint Paris bredouille. Pas une seule étape. Mais une collection de places d'honneur.
Cinq fois deuxième. Dix fois dans le top-5 d'une étape. "Hulk" est passé tout près à plusieurs reprises et peut pester d'avoir été... trop fort.
"Dès que je me trouve dans une échappée, je me sens surveillé et j'ai l'impression de devoir en faire plus que les autres", disait-il au soir de l'étape de Gap, le 20 juillet quand il avait franchi la ligne en 2e position, se frappant le torse comme pour indiquer qu'il a du coffre et du coeur.
"Le coureur le plus fort de ce Tour, c'est Peter", dira son patron Oleg Tinkov, lors de la deuxième journée de repos.
A l'exception de la haute montagne, le Slovaque a brillé sur tous les terrains, montrant sa longue chevelure aux avant-postes quasiment chaque jour.
Il a rendu les courses moins fades. Sa descente du col de Manse fut fantastique, par exemple.
- 'Prendre du plaisir' -
Sur les podiums et dans les coulisses, le natif de Zilina, a aussi fait le spectacle, charriant les hôtesses et même le maillot jaune Chris Froome.
Pour un sponsor, ce coureur de 25 ans est une bénédiction, même si Oleg Tinkov s'agace parfois du manque de résultats de son poulain.
Avant le Tour, le magnat russe avait même mis la pression en menaçant de toucher à son salaire. Avant de revenir à de meilleurs sentiments au fil des attaques du Slovaque.
Mais il faudra bien un jour que Sagan concrétise son talent en termes de résultats.
Car côté palmarès, le prodige fait grise mine. Il n'a toujours pas remporté le moindre monument.
Pour le directeur sportif Sean Yates, "Sagan est un coureur d'instinct qui aurait sans doute gagné plus de courses s'il écoutait davantage les conseils".
"C'est incroyable qu'un coureur de son talent gagne si peu", s'étonnait au printemps dernier le légendaire Eddy Merckx .
Quatre étapes du Tour, un Grand Prix de l'E3 (2014), un GAND-WEVELGEM (2013) et le Grand Prix de Montréal (2013), cela peut effectivement paraître peu, eu égard au potentiel d'un garçon qui possède le profil pour briller à Milan-SanRemo, au TOUR DES FLANDRES, voire même dans les Ardennaises.
"Il va vite au sprint, il passe les bosses, il est puissant quand il faut rouler", notait Merckx.
Sagan devra peut-être changer sa façon de courir à l'avenir pour gagner en efficacité. Mais, à l'entendre, ce n'est pas sûr.
"Moi, je suis là pour m'amuser. Faire son métier sans prendre de plaisir, je ne vois pas l'intérêt. Passer sa journée dans le peloton, sans rien tenter, très peu pour moi".