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© AFP/Joël Saget
Le Français Jean-Christophe Péraud (AG2R La Mondiale), lors de la 17e étape, le 17 juillet 2013 entre Embrun et Chorges
Jean-Christophe Péraud, meilleur Français au classement général du TOUR DE FRANCE, voulait lancer mercredi avec le contre-la-montre de la 17e étape sa dernière ligne droite vers Paris mais la journée a viré au cauchemar et il a dû abandonner après deux chutes.
Le Toulousain affiche un certain fatalisme en quittant le bus médical du TOUR DE FRANCE où vient de lui être délivré le diagnostic de sa blessure: une fracture déplacée de la clavicule droite qui nécessitera une opération.
"Je ressens du soulagement de rentrer chez moi, on va panser les plaies et repartir sur un organisme sain", explique le coureur, bras droit en écharpe, à sa sortie.
Plus loin, les yeux rougis du manager Vincent Lavenu et l'abattement du directeur sportif Julien Jurdie témoignent de la déception de son équipe AG2R La Mondiale, à la hauteur des espoirs que sa 9e place avait suscités à cinq jours de l'arrivée sur les Champs-Elysées.
"C'est une journée maudite pour lui, pour l'équipe, c'est une sale journée. C'est l'objectif de l'année qui se fout en l'air, avec tout le travail que ça représente", soupire Lavenu.
Pour Péraud, ce diagnostic est le terme d'une longue journée de douleur physique et morale.
La sortie d'entraînement du matin, censée permettre de trouver les derniers réglages et d'enregistrer les derniers détails du parcours, a tout fait basculer.
Arrivé à la toute fin de la première descente, sinueuse et bosselée, le champion de France 2009 du contre-la-montre a chuté. "Je me suis fait piéger dans le dernier virage de la première descente, je pensais en avoir fini avec la partie piégeuse et j'avais oublié ce virage", raconte le coureur de 36 ans.
"Un boxeur"
Il passe immédiatement des examens qui révèlent une petite fracture de la partie extérieure de la clavicule droite. Après consultation du médecin de l'équipe Eric Bouvat, il est convenu qu'il prendra le départ "strappé afin de maintenir l'épaule".
Le but n'est plus alors de faire une performance mais d'évaluer la douleur et la possibilité de continuer les jours suivants. Dans les heures qui suivent, Péraud essaie différentes positions sur le vélo, dents serrées, avec grimaces et lourds soufflements.
"C'est un boxeur, il va se battre contre la douleur. Il a très mal mais il va se faire plus mal aux jambes qu'il a mal à l'épaule", annonce son équipier Romain Bardet .
16h07: Péraud s'élance du podium d'Embrun. Il maintient un rythme étonnant et prend même des risques dans la descente qui lui avait été fatale quelques heures plus tôt. Mais dans le dernier virage, à 1.200 mètres de la ligne, il dérape sur une inscription au sol et chute sur la même clavicule.
"Je n'avais pas l'impression de prendre des risques, je descendais à la mesure de ce que je savais faire. J'ai vraiment été piégé par ma roue avant qui est partie dans le dernier virage", explique Péraud.
Son manager Vincent Lavenu estime qu'"il arrivait trop vite". "Mais toute la difficulté est de trouver la maîtrise de soi quand il y a la motivation, l'enjeu, une route mouillée...", tempère-t-il.
"Il nous a donné une leçon de courage. Avec une clavicule cassée, il arrivait à se maintenir au niveau des meilleurs. Sans la chute et le petit pépin technique, je suis sûr qu'il aurait pu terminer dans les dix premiers", affirme-t-il.
Après sa 9e place finale en 2011, "il pouvait espérer finir 7e ou 8e", confie Julien Jurdie.
"C'est le sport, soupire Péraud. Je suis à peu près en bonne santé, je n'ai qu'une fracture de la clavicule. Ça m'apprendra à vouloir insister sur des blessures".