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Vincenzo Nibali , Sicilien de 29 ans, n'a plus que 137,5 kilomètres à pédaler pour conquérir le maillot jaune final du TOUR DE FRANCE, dimanche, sur les Champs-Elysées, un exploit salué avec anticipation par la presse dominicale.
La dernière étape, qui part d'Evry, le fief du Premier ministre Manuel Valls, s'annonce comme une simple formalité pour l'Italien, le premier coureur de son pays à gagner le Tour depuis Marco Pantani en 1998.
Les places sur le podium sont attribuées elles aussi depuis le contre-la-montre de Périgueux, samedi après-midi, conclu par une performance inespérée pour le cyclisme français.
Pour la première fois depuis 1984, le pays-hôte aura deux représentants sur le podium final: Jean-Christophe Péraud , l'un des doyens du peloton français (37 ans), sur la deuxième marche, et Thibaut Pinot , un grimpeur de 24 ans, sur la troisième.
Il faut remonter à 1997, l'édition qui a précédé le catacylismique Tour 1998 défait par un gigantesque scandale de dopage ("l'affaire Festina"), pour trouver trace d'un Français sur le podium ( Richard Virenque 2e).
"Trois Français dans les six premiers, je n'en espérais pas tant", s'est félicité le directeur du Tour Christian Prudhomme, en référence aussi au prometteur Romain Bardet , l'une des révélations de ce Tour 2014, qui a perdu sa cinquième place sur une crevaison dans le final du contre-la-montre. Pour deux secondes, l'écart qui le sépare de l'Américain Tejay Van Garderen .
- Opposition affaiblie -
Pour Le Parisien Dimanche, cette 101e Grande Boucle restera "le Tour des Français, un Tour bleu-blanc-rouge". Le Journal du Dimanche souligne lui aussi les performances françaises dans ce Tour 2014 et s'attarde sur "le joli conte de Péraud", ajoutant toutefois que "l'avenir appartient à Thibaut Pinot ".
L'Equipe Dimanche rappelle en Une que cela fait "trente ans de la France attendait ça". "La chair de poule", titre le journal sportif en référence à "l'émotion autour" de Péraud et de Pinot. "Pour eux, c'est jour de fête", note encore L'Equipe Dimanche.
Le directeur du Tour a pour sa part insisté sur l'"élégance" et la "grande maîtrise" de Nibali, qui s'est emparé du maillot jaune dès la deuxième étape à l'arrivée à Sheffield, en terre anglaise.
Après le succès inaugural de l'Allemand Marcel Kittel à Leeds (Yorskshire), il a fait en effet la course en tête. Il a creusé l'écart sur ses adversaires sur les pavés du Nord. Il a laissé son maillot jaune une seule journée, le temps d'un bref intérim pour le Français Tony Gallopin , et l'a repris dans la 10e étape pour le garder jusqu'ici.
Si l'opposition a été affaiblie par les chutes et les abandons des deux favoris du départ, le Britannique Chris Froome (vainqueur sortant) et l'Espagnol Alberto Contador (lauréat en 2007 et 2009), Nibali a impressionné par sa constance.
"Je ne suis pas du tout convaincu qu'on aurait un autre vainqueur si les autres avaient été là jusqu'au bout, a estimé Christian Prudhomme. Nibali avait pris beaucoup d'avance, même en leur présence. Il a construit son succès méthodiquement, avec beaucoup d'intelligence".
A 29 ans, le septième coureur italien appelé à figurer au palmarès du Tour (après Bottecchia, Bartali, Coppi, Nencini, Gimondi et Pantani) va intégrer le cercle très restreint des coureurs vainqueurs des trois grands Tours, France, Italie et Espagne. La performance n'a encore été réalisée que par cinq coureurs majeurs (Anquetil, Gimondi, Merckx, Hinault, Contador).
- Le sprint des Champs-Elysées -
Vainqueur de la Vuelta 2010, Nibali a rejoint l'équipe Astana en 2013 pour gagner le Giro. Si cette formation kazakhe a longtemps senti le soufre à cause d'affaires de dopage répétées, touchant notamment son inspirateur, Alexandre Vinokourov (champion olympique à Londres en 2012 avant de prendre sa retraite sportive), elle a tenté de se refaire ensuite une réputation en intégrant le Mouvement pour un cyclisme crédible (MPCC).
Interrogé après le contre-la-montre de Périgueux sur ce qui pourrait convaincre les sceptiques à ce sujet, Nibali a répondu: "J'ai un grand plaisir à raconter mon histoire, mes racines, tous les sacrifices que j'ai consentis pour arriver là. J'en suis très fier".
La presse dominicale italienne n'a pas attendu la confirmation de la victoire de Nibali pour saluer en lui un "nouveau roi de France" (La Stampa). "Nibali, une étoile à Paris", a titré le Corriere della sera, le quotidien sportif Corriere dello sport soulignant le "triomphe" du Sicilien, "maillot jaune à Paris pour entrer dans l'histoire".
Comme les 163 autres rescapés d'un Tour qui a débuté par un extraordinaire succès populaire en Angleterre, l'Italien voit la fin d'un parcours de quelque 3661 kilomètres.
Le peloton rejoint en fin de matinée la région parisienne (aéroport d'Orly) par voie aérienne. Avant de prendre à 15h45 le départ d'Evry, où Manuel Valls est attendu, et de rejoindre la capitale par un défilé festif qui a l'habitude d'accélérer brutalement l'allure à l'approche du circuit final des Champs-Elysées (huit tours de 6,5 km).
Très convoitée, la dernière étape se termine en général par un sprint. Mark Cavendish , le Britannique quadruple vainqueur (2009 à 2012) qui sera présent sur l'avenue parisienne en tant que spectateur, pourra contempler son successeur, l'Allemand Marcel Kittel , vainqueur de l'année passée, défier ses rivaux. A moins d'une surprise pour conclure cette 101e édition d'un Tour qui a aimé jouer avec les favoris dans sa première partie.