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Vincenzo Nibali est-il "propre"? "Je pense que oui", répond Eugenio Capodacqua, une référence de l'antidopage, au sujet du dernier vainqueur du TOUR DE FRANCE, qui se réclame d'un cyclisme sain malgré le passé chargé de son équipe Astana.
"Je pense que oui, même s'il faut toujours être prudent", insiste auprès de l'AFP le responsable de www.sportpro.it, un site internet indépendant consacré à l'antidopage, par ailleurs spécialiste du cyclisme au grand quotidien italien La Repubblica.
"Si on analyse la performance, les exploits et la vie du coureur, on peut dire que c'est un coureur absolument propre comme on le disait de Cadel Evans (vainqueur du Tour 2011, NDLR)", estime-t-il.
L'avis porte d'autant plus que le journaliste a failli être traîné par le coureur devant un tribunal pour trancher un différend.
"En 2009, Nibali s'est retrouvé à l'entraînement à Saint-Moritz (Suisse) avec des coureurs qui étaient suivis par Michele Ferrari (préparateur, banni à vie depuis par l'agence antidopage américaine, NDLR), rapporte Eugenio Capodacqua. "Je l'ai écrit et Vincenzo est allé en justice, avant de retirer sa plainte".
"Si tu es avec un groupe de voleurs, cela ne veut pas dire que tu es aussi un voleur, ce peut être une affaire de circonstances. En l'occurrence, cela ne voulait pas dire que Nibali était entraîné par Ferrari. Je pense que c'est plutôt une imprudence. On n'a pas de raison de le soupçonner", souligne-t-il.
- Jamais de rumeur -
Pour appuyer ses dires, le spécialiste italien, l'un des doyens du journalisme de cyclisme (68 ans), affirme n'avoir "jamais entendu de rumeur" provenant des autres coureurs à propos du Sicilien: "Il faut penser qu'il n'y a pas de suspicion derrière."
Pour ce qui concerne le niveau physique affiché par Nibali sur les routes du Tour 2014, Capodacqua explique: "En se basant sur la formule du Pr (Pietro Enrico di) Prampero, on est dans les valeurs hautes de la performance humainement possible. Alors que, dans le passé, il y avait des performances d'autres coureurs inexplicables du point de vue de la physiologie."
En revanche, la présence de l'Italien dans une équipe confrontée l'an passé à une série de cas de dopage pourrait engendrer des soupçons.
"Des actes isolés de coureurs qui ont tout fait tout seuls, avait-il protesté. Et on aurait dû tous payer pour eux?"
- 'Astana pâtit de son passé' -
Astana, dont le manager est le Kazakh Alexandre Vinokourov -- convaincu de dopage dans les années 2000 --, "pâtit de son passé", selon l'expression de Nibali recruté avant le retour aux commandes de "Vino".
Il reste que la participation du vainqueur du Tour a été remise en cause en raison de l'hypothèque pesant sur la licence finalement accordée en avril à son équipe. Même si le Sicilien n'était pas directement concerné par les faits, de l'avis de Capodacqua: "Nibali a son propre entourage et son entraîneur Paolo Slongo est estimable, il n'a jamais eu de problème."
Le bémol concernant Nibali est en fait surtout lié à l'ambiance de son sport, longtemps dans la spirale des affaires de dopage. "Il y a eu des années et des années de scandales. Le cyclisme doit retrouver sa crédibilité. Je dis toujours que si mon frère était coureur, j'aurais des doutes même sur lui", sourit Capodacqua.
"C'est difficile d'avoir une certitude absolue", ajoute-t-il. "Mais Nibali n'est ni Froome, ni Contador. Chacun a un passé différent, des résultats différents. Il est possible de faire du cyclisme, avec un entraînement normal, une alimentation normale, sans être attaché à un médecin ou à des produits dopants".