Les Vosges ont été fatales à l'Espagnol Alberto Contador qui a abandonné lundi le TOUR DE FRANCE, désormais aux mains de l'Italien Vincenzo Nibali après sa victoire dans la 10e étape à la Planche des Belles Filles.

Cinq jours après l'abandon du vainqueur sortant, le Britannique Chris Froome, dans l'étape des pavés, le Tour a perdu son autre favori au départ de Leeds. Après dix jours de course, la 101e édition n'a plus d'ancien vainqueur dans ses rangs puisque le Luxembourgeois Andy Schleck (2010) a lui aussi été éliminé sur chute.

Contador est tombé sur la route glissante au bas de la descente du Petit Ballon, à plus de 90 kilomètres de l'arrivée.

Genou droit ensanglanté, le double vainqueur du Tour (2007 et 2009) a patienté sur le côté de la route pour se faire poser un bandage et changer l'une de ses chaussures, cassée dans le choc.

Reparti à plus de quatre minutes derrière le peloton, avec l'aide de plusieurs équipiers, il a capitulé peu après avoir grimpé le Platzerwasel. En pleurs, il a pris place dans la voiture de son équipe Tinkoff et a passé ensuite des radios qui ont délivré un verdict sans appel: fracture du tibia.

"Ce n'est pas une grosse fracture mais il a besoin d'être opéré", a déclaré le responsable de son équipe, Bjarne Riis .

- La frayeur de Nibali -

Cet abandon est le premier dans un grand Tour pour Contador, 31 ans, qui avait fait de la conquête du maillot jaune à Paris son objectif principal de la saison. Mais, depuis son succès de 2009, le Madrilène a cumulé les déceptions dans la Grande Boucle (déclassement en 2010, chute et 4e place en 2011, 5e en 2013).

"Il est tombé devant moi, j'ai eu peur pendant quelques secondes, mon Tour aurait pu s'arrêter là", a réagi Nibali en racontant cette chute à 60 km/h sur la route glissante.

"On a ralenti un moment, a ajouté le Sicilien, on s'est parlé avec Richie Porte , avec mon directeur sportif, mais on est reparti car l'échappée de Martin et Kwiatkowski avait quatre minutes et demie d'avance".

Car Tony Martin a ouvert une nouvelle fois la course durant plusieurs heures, au lendemain de sa longue échappée victorieuse de Mulhouse. L'Allemand, au service du Polonais Michal Kwiatkowski , a roulé inlassablement derrière un groupe parti en éclaireur (avec Voeckler, Moinard et Riblon notamment).

Le champion du monde du contre-la-montre a continué après le regroupement au 64e kilomètre. Il a prolongé l'effort jusqu'à 22 kilomètres de l'arrivée au pied du col des Chevrères, la 6e et avant-dernière ascension du jour, que les échappés ont abordée avec moins de deux minutes et demie d'avance.

- Les promesses de Bardet et Pinot -

Les pentes de cette route étroite (3,5 km à 9,5%) se sont avérées trop raides pour Tony Gallopin , le porteur du maillot jaune, comme pour Pierre Rolland et l'Américain Andrew Talansky.

Dans la montée finale (5,9 km à 8,5 %), le grimpeur espagnol Joaquim Rodriguez a lâché Kwiatkowski dès le premier kilomètre. Nanti d'une marge de 1 min 35 sec au pied, il a vu toutefois revenir à 1500 mètres de la ligne Nibali, qui avait distancé ses adversaires sous la banderole des 3 derniers kilomètres.

Le Sicilien de 29 ans, soucieux de creuser l'écart, a démarré à nouveau aux 800 mètres pour devancer d'une quinzaine de secondes Thibaut Pinot , le premier représentant d'un cyclisme français à la fête en ce 14 Juillet avec Jean-Christophe Péraud (4e dans la roue de Valverde) et Romain Bardet (5e).

Au classement, Nibali, vainqueur pour la 2e fois depuis le départ après son succès de Sheffield dans la 2e étape, a porté à 2 min 23 sec son avantage sur l'Australien Richie Porte , qui s'est plaint après l'arrivée de ne pas avoir reçu d'aider dans la poursuite: "Quand Vincenzo attaque, il me semble qu'il est nécessaire de répondre. Il a déjà pris suffisamment de temps."

"J'avais de bonnes sensations mais je n'étais pas dans un grand jour", a estimé pour sa part Pinot, remonté à une prometteuse 6e place avant la journée de repos. Dans le sillage de... deux autres coureurs français (Bardet épatant 4e, Gallopin 5e) puisque ce Tour 2014 sourit résolument à la jeune vague française.