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© AFP/Mandel Ngan
Photo d'un écran le 17 janvier 2013 à Kensington, aux Etats-Unis, montrant Lance Armstrong
avouant s'être dopé
Soupirs, silence ou coups de gueule: coureurs et organisateurs du TOUR DE FRANCE ont manifesté chacun à leur manière la même exaspération de voir l'épreuve à nouveau mise à l'index vendredi dans une interview de Lance Armstrong posant le dopage comme préalable à la victoire.
Les propos du coureur américain, déchu de ces sept titres le 22 octobre dernier après les révélations des preuves de son dopage, ne sont pas nouveaux. Lors de ses aveux télévisés dans l'émission Oprah Winfrey en janvier, il avait déclaré que "durant cette génération" (la sienne), il était impossible de gagner sans se doper.
Sa nouvelle affirmation dans une interview au Monde ("Impossible de gagner sans dopage"), qui vient s'ajouter aux confessions du vainqueur du Tour 1997 Jan Ullrich samedi dernier et à la révélation lundi soir d'échantillons de Laurent Jalabert positifs à l'EPO sur le Tour 1998, a fini d'irriter le monde du vélo, lassé des amalgames avec cette période sombre.
"C'est sûr que lui n'aurait jamais gagné sans se doper et je pense que du coup, il ne peut le concevoir autrement", a réagi sur France Inter et France Info le directeur du Tour, Christian Prudhomme, en soulignant qu'Armstrong avait originellement un profil pour les courses d'un jour et pas pour les courses par étapes.
"Suspicion permanente"
"Il y a eu une époque maudite (...) Mais quand on voit ce qui s'est passé l'an dernier avec Thibaut Pinot qui, à 22 ans, a réussi à gagner une étape et à finir dans les dix premiers, ce qui n'était pas arrivé depuis 1947, ça veut dire aussi quelque chose", a-t-il insisté.
Le quintuple vainqueur Bernard Hinault , qui avait déjà dénoncé une volonté de "tuer le Tour" deux jours plus tôt, s'est emporté sur BFM TV. "Il faut arrêter de penser que tous les coureurs cyclistes sont des voyous, des drogués ! Ca me désole d'entendre tout ça. Je pense que quand les gens feront exactement ce qu'ils ont à faire, c'est-à-dire de vrais contrôles dans tous les sports, on va rigoler cinq minutes", a tonné l'ancien coureur, aujourd'hui dans l'organisation.
© AFP/
Bernard Hinault
, quintuple vainqueur du TOUR DE FRANCE, et le directeur de l'épreuve Christian Prudhomme le 21 mai 2013 à Londres
"Arrêtons de dire que c'est culturel, merde ! C'est pas possible ! Il y a plein d'autres jeunes coureurs qui sont passés au contrôle et qui n'ont pas été pris ! (...) La suspicion est en permanence. Pensez à autre chose", a-t-il ajouté avant de mettre un brusque terme à l'entretien en duplex depuis Porto-Vecchio (Corse-du-Sud), d'où s'élancera le Tour samedi.
Chez les coureurs, le ras-le-bol s'est essentiellement manifesté par le silence. La plupart a refusé de commenter les propos d'Armstrong pour ne pas alimenter la polémique. L'équipe britannique Sky, employeur du dernier vainqueur du Tour, Bradley Wiggins , et qui compte dans ses rangs le grand favori de l'édition 2013, Chris Froome, a également opposé un "no comment" aux sollicitations des journalistes.
Evans: "Je pense le contraire"
Interrogé sur le sujet lors de la traditionnelle conférence de presse d'avant-départ de son équipe BMC, le vainqueur du TOUR DE FRANCE 2011, Cadel Evans , a répondu: "Je pense le contraire (d'Armstrong), je suis la preuve que ce n'est pas vrai". "J'en suis sûr (qu'on peut gagner sans se doper) parce que je l'ai fait, a-t-il insisté. Je ne vais pas gaspiller de l'énergie à m'énerver".
Interrogé sur un nouveau Tour "éclipsé" par le dopage, l'Australien a rétorqué: "Eclipsé ou obscurci par l'attention des médias ? Moi, je m'entraîne tous les jours et je n'y pense pas."
Son équipier, le champion du monde du monde Philippe Gilbert , a également pointé la responsabilité des journalistes: "C'est l'importance que vous lui donnez qui est dérangeante. Si les médias ne réagissaient pas, il n'y aurait pas tant de problèmes. Mais ça fait vendre du papier..."