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La route montagneuse où le cycliste colombien Nairo Quintana a commencé à pédaler il y a 10 ans le menait de chez lui au lycée: 15 kilomètres qu'il parcourait encore récemment pour s'entraîner au TOUR DE FRANCE, dont il est aujourd'hui un des grands favoris.
A l'inverse de ses concurrents, concentrés en Europe, "le scarabée" (surnom donné aux cyclistes colombiens habitués des dénivelés vertigineux) de l'équipe espagnole Movistar s'est préparé dans les montagnes de Boyaca, cette froide région rurale du centre de la Colombie, à 2.000 m d'altitude, où il est né et a enfourché sa première bicyclette.
Là-bas, le coureur de 25 ans peut compter sur le soutien de sa famille pour lui "donner des forces", et sur l'attention de ses amis et anciens collègues, qui espèrent tous le voir être le premier Latino-américain à remporter la Grande Boucle.
Après l'avoir vu pédaler à Arcabuco où se dresse l'ancien lycée de Quintana, Rusbel Achaguas, son premier entraîneur, se souvient que "dès ses débuts, Nairo était un bon grimpeur. On voyait, comme on dit en Colombie, que c'était un +scarabée+".
"Il venait très tôt et préférait monter tout droit jusqu'à Moniquira (un village éloigné) et revenir, (...) même si des fois il arrivait un peu en retard en cours", raconte M. Achaguas à l'AFP.
- Grimpeur de poche -
"Nairooooo !", hurle un homme à moto qui le reconnaît, alors que la champion parcourt les six heures de trajet entre Tunja, où il vit lorsqu'il se trouve en Colombie, et Vélez. Le grimpeur au format de poche - 1,67 m pour 59 kilos - répond avec un sifflement.
Les victoires de Nairo "ont été synonymes de joie pour nous, pour ses frères, sa famille, mais aussi pour la région de Boyaca et pour toute la Colombie", s'enthousiasme Luis Quintana, son père.
La maison où il a grandi est le passage obligé de ses entraînements. Située sur la route en direction de Tunja, elle est couverte de photos de Quintana et de drapeaux colombiens.
"Son premier vélo, il se l'est acheté, mais pas pour faire du sport, ni de l'entraînement (...), comme moyen de transport. Jusqu'à ce moment-là, il n'avait jamais montré d'intérêt pour le cyclisme, mais peu après, quelqu'un m'a dit qu'il avait une tête de coureur, qu'il serait un très bon cycliste", se souvient son père.
- Vélo d'occasion -
A l'époque, Nairo avait 15 ans. Le vélo "était d'occasion, mais en bon état, et j'ai commencé à aller au collège avec", explique le cycliste. La compétition est arrivée plus tard, et déjà, ses cahiers sur le dos, il dépassait sur la route des sportifs affublés de tout l'équipement.
Le jeune homme se souvient également du directeur du lycée technique Alexandre de Humboldt, effrayé à l'idée que les élèves adeptes du vélo se fassent renverser sur la route étroite et fréquentée par de nombreux camions.
"Il se mettait en colère parce qu'il nous voyait aller assez vite dans les descentes, (...) il voulait nous confisquer nos vélos parce que cela lui faisait peur", sourit-il.
Ses anciens professeurs évoquent un garçon très attaché au cyclisme et aux activités culturelles, comme la danse, le théâtre, qu'il pratiquait avec plus d'enthousiasme que les études.
"Il était assez mutique (...). Il était timide mais très respectueux", se souvient son ancienne professeure de langues, Flor Mireya Vargas, une des nombreux enseignants qui ont désinfecté ses plaies après des chutes à vélo.
Les élèves de son ancien établissement, comme lors de sa deuxième place au TOUR DE FRANCE en 2013 ou de sa victoire au Giro italien en 2014, auront l'autorisation de suivre la Grande Boucle à la télévision, du 4 au 26 juillet.