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Flamberge au vent, Romain Bardet a gagné la 18e étape du Tour, jeudi, à Saint-Jean-de-Maurienne, la deuxième d'un coureur français depuis le départ après celle de son coéquipier Alexis Vuillermoz.
L'étape la plus longue du menu alpestre (186,5 km à partir de Gap) a laissé le haut du classement inchangé, à la satisfaction du porteur du maillot jaune, le Britannique Chris Froome.
Bardet est-il le porte-drapeau de la jeune génération française ?
Le jeune Auvergnat (24 ans) avait laissé la vedette, dans le Tour 2014, à Thibaut Pinot , son aîné de quelques mois. Mais sa sixième place marquait déjà sa progression, un an après ses débuts très prometteurs (15e).
Douze mois plus tard, ces deux beaux coureurs ont accédé au statut de leaders dans leurs équipes respectives, AG2R La Mondiale pour Bardet et FDJ pour Pinot. Ils ont gagné dans les courses du WorldTour (1re division mondiale) et ont entamé le Tour avec un surcroît de responsabilités. Pour tomber d'encore plus haut à l'épreuve des Pyrénées.
"On n'a pas encore la carrure pour cela. C'est un long apprentissage. Pour être excellent sur le TOUR DE FRANCE, il faut l'être 21 jours durant", a rappelé le vainqueur du jour. "Pour ma part, j'espère pouvoir le faire un jour mais c'est encore un peu tôt".
Pinot, au potentiel athlétique impressionnant, aurait pu tenir le même propos.
La déception encore vive, Bardet s'est logiquement tourné vers les succès d'étape, un objectif qui correspond à son tempérament d'attaquant. "Je prends plaisir en partant dans les échappées", a-t-il dit.
Pinot, lui aussi, cherche à trouver l'ouverture en allant de l'avant chaque jour. Il s'est encore mêlé à l'échappée de... 29 coureurs formée dès la première des sept ascensions du jour. Mais, au lendemain de sa chute d'Allos, il a payé ensuite le contre-coup de ses efforts.
Bardet, à l'opposé, a choisi ses cibles. Il a échoué au Plateau de Beille (3e), dans la dernière étape des Pyrénées, et surtout à Mende (3e), où la victoire lui tendait les bras.
"Clairement, il y a eu une erreur tactique. C'est ma pleine et entière responsabilité. Je ne connaissais pas le final", a reconnu l'Auvergnat, avec une lucidité et une franchise qui l'honorent.
Mais il a aussi ajouté: "Je dois peut-être à mon échec de ce jour-là mon rebond d'aujourd'hui. Mon appétit était intact."
Vrai grimpeur, le natif de Brioude est aussi un grand descendeur. C'est dans le très long serpentin du Glandon, après avoir attaqué à l'approche du sommet à 41 kilomètres de l'arrivée, qu'il a construit les bases de son succès de Saint-Jean-de-Maurienne.
Pierre Rolland , deuxième à 33 secondes, n'a pu s'en prendre qu'à lui-même de ne pas avoir réagi à l'offensive de son compatriote mais adversaire.
"J'ai coupé mon effort et je n'aurais pas dû", a regretté l'Orléanais, bien aidé par son coéquipier Cyril Gautier dans les très télégéniques Lacets de Montvernier, avant les 10 derniers kilomètres. "Mais je préfère ce classement à celui de Mende, où Romain et Thibaut font deux et trois".
Les adversaires de Froome sont-ils résignés ?
Après Alberto Contador , les chairs encore à vif après sa chute de la veille, Vincenzo Nibali s'est dégagé quelques instants dans le Glandon. Pour un baroud d'honneur sans conséquence pour le porteur du maillot jaune qui a beau jeu de se concentrer sur ses deux suivants au classement, le Colombien Nairo Quintana et l'Espagnol Alejandro Valverde , deux coéquipiers.
Le Britannique a été d'autant plus tranquille que Valverde est apparu en difficulté... sur une accélération de Quintana vers le haut du Glandon. Le Colombien a coupé son effort et Valverde est rentré dans la descente.
"Ils me maintiennent sous pression", a estimé Froome, visiblement serein sur ce plan: "Avec Geraint Thomas (son coéquipier de Sky) à la quatrième place, c'est le scénario rêvé pour nous. Pour eux, il est une menace, ils ne peuvent pas tout jouer à quitte ou double."
"Il y a beaucoup de courses dans la course. Ceux qui sont septième, huitième ou dixième mettent leurs équipes à contribution pour faire rouler derrière les échappées", a constaté l'Anglais. "Cela nous arrange. Nous, nous nous fixons sur deux coureurs, Quintana et Valverde".
Quintana, dont le retard reste inchangé (3 min 10 sec), veut croire que "les deux prochaines étapes sont plus favorables" pour passer à l'attaque. Mais le Colombien a aussi évoqué un lot de consolation: "L'Alpe d'Huez (samedi), ce serait une belle victoire de prestige."