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Le petit monde du cyclisme français le connaissait mais en trois semaines de TOUR DE FRANCE, la France entière et le monde ont découvert Jean-Christophe Péraud, discret coureur de 37 ans devenu professionnel il y a à peine quatre ans.
Ses équipiers de l'équipe AG2R La Mondiale le qualifient d'"atypique", son manager Vincent Lavenu voit en lui un "être exceptionnel". Le deuxième du Tour se définit, lui, comme "un homme normal".
"Jicé" Péraud n'aime pas être dans la lumière. Sur le Tour, il a laissé avec plaisir les projecteurs médiatiques se braquer vers ses cadets de la nouvelle génération française, Thibaut Pinot et Romain Bardet . Mais sa pugnacité rare sur le vélo les a ramenés vers lui quelques jours plus tard quand il a tutoyé les sommets de la plus grande course cycliste du monde.
Un paradoxe pour celui qui avait débuté dans le VTT pour le plaisir. "Je n'avais pas la prétention de faire une carrière de coureur cycliste, raconte-t-il. C'était ludique, la recherche de la performance, essayer de progresser tout le temps... Mes parents donnaient la priorité aux études et je les ai écoutés."
Diplômé de l'Insa (Institut national des sciences appliquées) de Lyon, le Toulousain de naissance partage son temps entre son travail dans une filiale d'Areva et le VTT.
-'Un énorme moteur'-
En 2008, il s'illustre une première fois avec une médaille d'argent aux Jeux de Pékin, un résultat qu'il place encore au-dessus de sa deuxième place au TOUR DE FRANCE. Cette fois encore, il est dans l'ombre de Julien Absalon, médaillé d'or.
Il se met alors en disponibilité de son travail "civil" pour tenter sa chance sur la route.
Simple amateur, il rafle un an plus tard le titre de champion de France du contre-la-montre sur route, au nez et à la barbe des spécialistes français, une "première". Retenu en équipe de France, il finit quelques mois plus tard dixième du chrono des Championnats du monde à Mendrisio (Suisse). Peu d'équipes s'intéressaient alors à cet anonyme, ovni dans l'élite du cyclisme. La formation belge Lotto lui offre finalement son premier contrat pro.
Son passé dans le VTT lui offre pourtant des atouts rares. "C'est un énorme moteur avec des qualités physiques au-dessus de la norme. Il repousse la douleur très, très loin", explique Julien Jurdie, directeur sportif dans l'équipe AG2R La Mondiale que Péraud a rejoint en 2011.
"Il a des ressources physiques et mentales dignes d'un grand champion. Il progresse encore à 37 ans. S'il avait commencé la route un peu plus tôt, qu'est-ce que ça aurait donné?", s'interroge Vincent Lavenu.
-'Dans les jambes, il a 30 ans'-
"Il est tout neuf, complète Jurdie. Pendant des années, il a fait des courses en amateurs de 120, 130 bornes en VTT. Il n'a jamais +tapé dedans+ pendant des années, à enquiller deux grands tours, 90 ou 100 jours de course par an... Il a 37 ans mais dans les jambes, il en a plutôt 30."
Elevé loin du moule du cyclisme, il a toutefois dû forcer sa nature. "Il a progressé au niveau du collectif. Quand il est arrivé chez nous, il ne savait pas ce qu'était un leader, raconte Jurdie. Il s'en foutait un peu des équipiers. Il ne comprenait pas que le cyclisme est un sport individuel pratiqué en équipe. Depuis deux ans, il l'a entièrement compris. Il s'appuie fortement sur ce collectif. C'est un vrai leader."
Sa détermination sur un vélo n'a d'égale que sa décontraction hors du vélo. "Quand il y a sa famille, je n'arrête pas de lui dire +Assieds-toi, reste pas sur tes pattes+, +Ne t'occupe pas de tes gamins toute la journée+", explique Jurdie.
Discret, Péraud est aussi incroyablement distrait. "Il oublie ses chaussures deux ou trois fois par an, il oublie sa femme au restaurant, sourit Jurdie. Mais il n'a pas oublié de suivre les meilleurs sur le Tour, c'est le principal."