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Le vent a joué dimanche un mauvais tour à plusieurs prétendants au podium du Tour (Nibali, Quintana, Péraud, Pinot) dans la deuxième étape gagnée par l'Allemand Andre Greipel sur la grande digue de Zélande.
Chutes, cassures, malchance... les mêmes mots ont été prononcés par les perdants du jour qui ont rallié l'arrivée, sous un ciel confondant le gris et le bleu de la mer du Nord, à près d'une minute et demie du groupe de tête et du nouveau porteur du maillot jaune, le Suisse Fabian Cancellara , un habitué du podium.
L'étape qui a connu des moments de grande intensité, presque de folie, quand les coureurs ont été éparpillés sous les rafales de pluie du côté de Rotterdam, a tourné à l'avantage du Britannique Chris Froome et de l'Espagnol Alberto Contador , les deux favoris présents dans le groupe de tête avec l'Américain Tejay Van Garderen .
Le grimpeur colombien Nairo Quintana s'est retrouvé rejeté dans un deuxième groupe au seuil des 60 derniers kilomètres. Le vainqueur sortant du Tour, l'Italien Vincenzo Nibali , qui figurait à l'avant, a été retardé une dizaine de kilomètres plus loin par la chute d'un autre coureur (Hansen).
"Je suis resté à un cheveu du groupe mais nous nous sommes désunis et nous n'avons pas pu combler immédiatement l'écart", a expliqué le Sicilien. Thibaut Pinot et le porteur du maillot jaune, l'Australien Rohan Dennis , ont connu une mésaventure approchante.
- "A peu de chose" -
"Ça se joue vraiment à peu de chose", a renchéri le grand espoir français, troisième du Tour l'an passé. "L'orage est arrivé au plus mauvais moment à la sortie de Rotterdam. Il y avait un rond-point et nous l'avons pris du mauvais côté. Après, c'est difficile de s'y retrouver avec la pluie, le vent, il y avait des coureurs partout".
Les deux groupes attardés (Nibali et Quintana) ont regroupé leurs forces à 35 kilomètres de l'arrivée pour tenter de limiter la perte de temps à moins d'une minute. Mais le forcing de plusieurs équipes intéressées par la victoire d'étape (Cavendish) ou le classement général (Contador, Van Garderen), a augmenté l'écart dans les 10 derniers kilomètres.
"Il s'est passé ce qu'on craignait", a reconnu Jean-Christophe Péraud. "Mais ce n'est pas catastrophique", a ajouté le dauphin de Nibali dans le Tour 2014, tôt distancé dans l'étape avant de remonter "groupe par groupe".
Romain Bardet , présent dans le groupe de tête, a payé en revanche son tribut à la malchance: "Je ne pouvais pas être mieux placé. Mais j'ai été retardé par la chute de Nacer Bouhanni à un rond-point. Après, j'ai été en chasse tout le reste de la journée."
Sa responsabilité est-elle engagée ? "Quand on prend à l'extérieur un virage, on est dépendant de la trajectoire des autres", répond le jeune Auvergnat, encore à portée au classement toutefois (3 min sur Cancellara) au contraire de Pierre Rolland (6 min 48 sec).
- La classique de Cancellara -
Il reste que cette étape de 166 kilomètres a confirmé la supériorité collective des formations habituées à tirer partir du vent et de la pluie. Même si l'équipe Etixx, représentée par six coureurs dans le groupe de tête, a échoué sur toute la ligne après avoir assuré l'essentiel du travail.
A l'arrivée, son sprinteur Mark Cavendish , lancé de (trop) loin par son poisson-pilote habituel (Renshaw), s'est limité à la 4e place. Un rang qui a interdit à son coéquipier, l'Allemand Tony Martin , de s'habiller du maillot jaune.
Cancellara, troisième de l'étape derrière le Slovaque Peter Sagan , a empoché la bonification (4 secondes) qui lui a permis de passer devant Martin au classement général. Pour trois secondes.
Onze ans après ses débuts fracassants au prologue de Liège ("je n'étais encore qu'un petit garçon", a-t-il plaisanté), le Bernois a endossé son... 29e maillot jaune à l'âge de 34 ans.
"J'ai dit que ce serait peut-être mon dernier Tour. Et porter ce maillot pour son dernier Tour, je profite encore plus", a apprécié "Spartacus", qui a affirmé être resté "un mois sans vélo" après sa chute en mars dernier, synonyme de forfait pour ses classiques favorites (TOUR DES FLANDRES et PARIS-ROUBAIX).
Greipel, autre coureur d'expérience (32 ans), a respecté ses habitudes de gagner au moins une étape depuis sa première participation en 2011: "J'ai attendu le plus longtemps possible, il y avait vent de face. Quand j'ai vu que Sagan allait faire son effort, je me suis lancé."
Sur l'île artificielle de Neeltje Jans, cernée par les eaux, Cancellara a résumé la journée: "On a vite compris que la course serait épique et chaotique. A l'image d'une classique d'un jour."