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Au prix d'une descente très osée du col de Peyresourde, le Britannique Chris Froome a gagné la 8e étape du TOUR DE FRANCE, samedi, à Bagnères-de-Luchon, et a endossé le maillot jaune.
Froome a surpris ses adversaires en attaquant au sommet de Peyresourde, distant de 15,5 kilomètres de l'arrivée. Sur la ligne, il a précédé de 13 secondes ses poursuivants.
Par rapport à son rival direct, le Colombien Nairo Quintana , et à ses autres adversaires, le vainqueur sortant du Tour a grignoté au total 23 secondes, bonification incluse.
Le Britannique (31 ans), qui passait pour être un descendeur moyen par rapport aux as de la spécialité, a attaqué là où il n'était pas attendu. Même s'il a été contraint, pour ce gain minime, de prendre énormément de risques en étant assis sur le cadre pendant l'essentiel de la descente.
Principale victime de cette deuxième journée dans les Pyrénées, l'Espagnol Alberto Contador a cédé plus d'une minute et demie sur Froome. Pour se retrouver désormais relégué à 3 min 12 sec au classement général.
- Contador baisse la garde -
"J'espérais que cela puisse passer sans perdre trop de temps, j'ai fait mon maximum", a déclaré le double vainqueur du Tour (2007, 2009), meurtri dans sa chair par ses chutes des deux premiers jours.
Implicitement, "el Pistolero" a baissé pavillon: "Il faut voir avec toute l'équipe pour la suite, on a Roman Kreuziger qui est mieux placé que moi au général."
Quant au porteur du maillot jaune au départ de Pau (184 km), le Belge Greg Van Avermaet , il a lâché prise dès le premier des quatre cols, le monumental Tourmalet. Sans espoir de retour puisque son retard au sommet du Géant atteignait déjà les 6 minutes.
Les favoris se sont observés jusqu'à Peyresourde, le quatrième col au programme. Froome a testé ses adversaires une première fois. D'autres tentatives (Bardet, Quintana) ont suivi mais c'est un groupe de 14 coureurs qui a basculé au sommet, au moment de l'attaque inattendue de Froome.
"J'ai couru à l'instinct, j'ai juste profité de l'occasion qui se présentait", a assuré le Britannique.
"Mes coéquipiers ont fait tellement de boulot que j'ai voulu essayer", a ajouté le nouveau porteur du maillot jaune, après son sixième succès d'étape dans le Tour (vainqueur final en 2013 et 2015).
Froome, qui a signé aussi le sixième succès britannique depuis le départ du Mont-Saint-Michel, a expliqué avoir travaillé sa position - à déconseiller aux amateurs ! - avec le Polonais Michal Kwiatkowski , un excellent descendeur.
"Ce que j'ai fait, c'est la reproduction de ce qu'on fait souvent à l'entraînement. On se lance des défis entre nous pour descendre le plus vite possible", a souri le vainqueur du jour.
- Le verdict d'Arcalis -
Visé par la suspicion l'an passé à propos d'un éventuel recours à un avantage technologique dans la montée de La Pierre-Saint-Martin, Froome a battu cette fois ses adversaires dans un autre registre.
"Je suis certain qu'il y aura des gens qui vont calculer et faire des spéculations, a-t-il commenté. Mais je ne peux pas être plus content que de retrouver le maillot jaune et me dire que je n'avais encore jamais gagné de cette manière".
Pour sa part, Thibaut Pinot s'est lancé, au lendemain de sa contre-performance d'Aspin, dans une échappée qui s'est prolongée sur quelque 70 kilomètres. Pinot, vite rejoint par le Polonais Rafal Majka puis par l'Allemand Tony Martin , a franchi le sommet du Tourmalet (2115 m) en tête. Il a fait de même au deuxième col, la Hourquette d'Ancizan.
Mais le peloton, mené par les équipiers de Froome, n'a laissé aucune chance au trio, repris dans la montée d'Azet. Le Français, qui s'est rapproché au classement de la montagne, a été distancé ensuite. Surtout, il a définitivement perdu toute chance pour le classement général, son objectif au départ.
Si Froome a retrouvé le maillot jaune par son inattendu coup d'audace, le vrai verdict des Pyrénées interviendra seulement dimanche au sommet d'Arcalis. L'ascension doit convenir au Britannique, qui a toujours frappé fort dans la première arrivée au sommet lors de ses deux Tours victorieux (Ax-3 Domaines en 2013, La Pierre-Saint-Martin en 2015). Au point d'assommer la course.
En sa faveur, il dispose d'une formation solide puisque quatre coéquipiers (Nieve, Henao, Thomas, Poels) étaient encore à ses côtés au pied de Peyresourde. Et le propos de son directeur sportif Nicolas Portal résonne comme un avertissement: "Une arrivée en sommet, c'est ce qu'il y a de mieux pour un grimpeur."