Happy Birthday : |
Chris Froome, le favori du TOUR DE FRANCE qui commence samedi dans le Yorkshire, a la peau claire des Anglais de vieille souche mais tout le désigne comme un Africain blanc, le premier du continent à figurer au palmarès, le premier à parler couramment swahili.
Dans le peloton du Tour 2014, Froome est l'un des quatre Britanniques en lice et surtout l'un des... deux Anglais identifiés, avec le néo-pro Simon Yates recruté par une équipe australienne. Le seul de la formation Sky, groupe britannique qui a pris cette fois une consonance hispanisante (Lopez, Nieve, Zandio) puisque Bradley Wiggins , le premier représentant du Royaume-Uni à gagner le Tour, en 2012, a été laissé cette fois sur la touche.
"Wiggo", le Londonien désormais établi dans le nord du pays, incarne bien davantage jusqu'à présent le cyclisme britannique, qui a commencé par truster les succès sur la piste (champion olympique dès 2004) avant de s'attaquer au Tour. "Froomey" porte lui aussi les couleurs de Sky depuis sa création en 2010. Mais son identité est double à cause de ses racines africaines, profondes et revendiquées.
- Avec deux pythons -
Le petit Chris est né en 1985 à Nairobi, d'un père établi à l'âge adulte au Kenya et d'une mère issue de parents britanniques mais native d'Afrique. Il a grandi dans une banlieue de la capitale du Kenya, quand la quasi-totalité de ses adversaires viennent d'Europe.
"Dès le plus jeune âge, on m'a donné beaucoup plus de liberté", a raconté le maillot jaune dans un reportage au long cours publié le mois dernier par L'Equipe Explore. "J'ai l'impression que les enfants en Europe doivent obéir à bien plus de règles. Au Kenya, c'était beaucoup plus relax. Après l'école, je pouvais prendre mon vélo et aller partout, pas pour m'entraîner, mais pour explorer. C'est ce que j'adore faire".
L'enfant découvre la végétation africaine, la faune sauvage, les scorpions, les serpents. Il a alors deux... pythons pour animaux de compagnie. Il se risque sur son petit vélo dans la vallée du Rift. "C'était de la descente, donc c'était très amusant. J'adorais ce sentiment de grande vitesse, zigzaguer dans ce décor de bush kényan, très sec, avec des pierres partout... À cette époque, je faisais juste des trucs de gamins, des sauts, des petits jeux".
- 'Bulle européenne du cyclisme' -
Plus tard, après le divorce de ses parents, viendra l'époque des premières compétitions après que Froome a déménagé à l'âge de 15 ans en Afrique du Sud pour recevoir une éducation plus traditionnelle, plus "british". L'époque des premiers entraînements structurés aussi, en marge des petits jobs et d'études de comptabilité, sous la conduite de Robbie Nilsen, l'un de ses coéquipiers.
"Quand on a commencé à bosser ensemble, je l'entraînais pour qu'il connaisse le succès en Europe, pas en Afrique du Sud, c'était donc une approche à long terme", a raconté à L'Equipe Explore son premier entraîneur, aujourd'hui avocat. "C'est l'une des raisons pour lesquelles il n'a jamais trop réussi dans les courses sud-africaines".
Le succès, ce sera d'abord un contrat professionnel dans l'équipe Barloworld en 2008 et l'apprentissage des premières grandes courses. Puis surtout la formation millimétrée, scientifique, chez Sky. Prélude à la domination d'un coureur hors normes qui partage depuis plusieurs années sa vie entre Monaco, son camp de base durant la saison, et Johannesburg, où il retourne chaque hiver avec sa compagne Michelle Cound, rencontrée en Afrique du Sud.
"En revenant ici, dit-il, j'ai l'impression de me retirer de la bulle européenne, du cyclisme. Etre près de la nature, apprécier des choses plus modestes, entendre, sentir, presque toucher les animaux. Il n'y a pas de meilleure chose pour moi".