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Le Tour engendre une tension maximale dans le peloton, qui redoute les chutes malgré toutes les mesures prises pour protéger la course des dangers de la route et des foules-record.
Les risques des chutes collectives, devenues habituelles en début d'épreuve, mettent les coureurs sur les nerfs. L'enjeu, grandissant en raison de l'importance prise par le rendez-vous, et les aménagements techniques qui se sont multipliés sur les routes expliquent pour l'essentiel le phénomène.
La nouveauté de la saison 2016, c'est la gravité des chutes qui ont traumatisé le peloton dans des courses en Belgique. Antoine Demoitié y a laissé la vie fin mars. Stig Broeckx est dans le coma depuis fin mai. Deux accidents majeurs, dans lesquels des motos sont impliquées.
Sur le fil du rasoir en permanence, les organisateurs entendent maintenir le fragile équilibre qui permet à la course d'être vue et à ses acteurs d'être protégés. Ancien coureur devenu directeur de course, Thierry Gouvenou cherche à améliorer à chaque fois le dispositif. Le mot d'ordre, aujourd'hui, est au professionnalisme, un souci salué par les responsables d'équipes.
"Le Tour est un exemple", estime Vincent Lavenu (AG2R La Mondiale). "Que ce soit en termes d'organisation, de services autour du coureur et du peloton, de la sécurité en règle générale avec l'information des aménagements routiers et le cahier des charges demandé aux pilotes".
"Mais la route reste un élément de piège en permanence, souligne-t-il. La ferveur populaire et l'enjeu sportif font que ça reste dangereux de toute façon".
- "Ils discutent et se déconcentrent" -
Lylian Lebreton, directeur sportif de l'équipe Direct Energie, insiste sur la tension régnant dans le peloton. Avec, pour conséquence, de grandes difficultés à doubler pour les véhicules des équipes qui veulent s'installer derrière leurs coureurs présents dans l'échappée et même pour les motos de la Garde républicaine chargées de prévenir des dangers routiers.
"Les coups de klaxon ne suffisent pas. Nous avons affaire à une génération moins respectueuse des règles passées", affirme-t-il. Sa position est partagée par nombre de ses collègues qui le relient au grand mouvement d'internationalisation touchant le cyclisme. Dans les pays traditionnels d'Europe de l'ouest ou dans les territoires nouveaux conquis par ce sport, l'éducation sportive diffère.
La typologie des chutes du Tour a été étudiée par Philippe Mauduit, qui a bourlingué dans plusieurs équipes en France et à l'étranger (Lampre en 2016).
"Le parcours alterne des routes très larges et des petites routes sinueuses avec des traversées de villages, des aménagements, des rond-points, des îlots directionnels... A ces endroits, les coureurs sont hyper-attentifs. Dès qu'on arrive sur une route plus large, ils respirent un peu, discutent avec les copains, se déconcentrent. C'est là que se passent les pires chutes", explique Mauduit.
"Deux roues se touchent et on retrouve un tas de 25 coureurs par terre. Tout le monde s'étonne mais la réponse, c'est qu'ils ont été très concentrés avant".