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Les deux grands espoirs du cyclisme français, Thibaut Pinot et Romain Bardet , ont laissé passer l'occasion, samedi, à Mende, dans la 14e étape du TOUR DE FRANCE dont le climat s'est dégradé vis-à-vis du maillot jaune, le Britannique Chris Froome.
S'il a pu se satisfaire de la victoire symbolique de son compatriote, Stephen Cummings, pour le compte d'une équipe sud-africaine (MTN-Qhubeka) le jour anniversaire de la naissance de Nelson Mandela, Froome a alerté sur un incident rare dont il s'est plaint à l'arrivée.
Le Britannique a affirmé avoir été visé par un spectateur qui a lancé le contenu d'une tasse vers lui. "Pas de doute, c'était de l'urine", a déclaré le Britannique.
Pourquoi cette ambiance autour de l'équipe Sky ?
Les performances de Froome et de son équipe Sky ont beaucoup fait jaser depuis mardi, jour de sa domination écrasante sur les pentes de La Pierre-Saint-Martin.
A Mende, le maillot jaune a mis en cause les médias qui, selon lui, alimenteraient la suspicion.
"C'est dû à des reportages irresponsables qui ont été faits ces derniers jours. Ceux qui ont jeté la suspicion se reconnaîtront", a estimé Froome sans citer de noms.
Deux jours plus tôt, il avait réagi ("ils sont culottés") aux commentaires des consultants de France Télévisions, les anciens coureurs Cédric Vasseur et Laurent Jalabert , qui avaient fait part de leur surprise ou de leur réserve au vu de sa démonstration du col du Soudet.
L'incident évoqué à Mende par le maillot jaune a ajouté au climat pesant qui règne autour de la formation britannique. Comme en 2012 et 2013, Sky est soupçonnée d'arrogance tant à cause de sa supériorité en course que de ses moyens quasi-illimités (motor-homes luxueux, encadrement en surnombre, etc).
Avant le départ de l'étape à Rodez, le lieutenant de Froome, l'Australien Richie Porte , avait affirmé avoir reçu un coup de la part d'un spectateur dans l'ascension de La Pierre-Saint-Martin.
Le bilan sportif, en revanche, est satisfaisant pour le camp britannique. L'Américain Tejay Van Garderen a perdu une quarantaine de secondes et a laissé la deuxième place du classement général à Nairo Quintana , le plus insistant dans la côte de la Croix-Neuve. Mais Froome n'a rien lâché au grimpeur colombien qu'il a même précédé d'une seconde sur la ligne.
"Je savais que je rentrerais sur Quintana avant le sommet, je ne me suis pas affolé", s'est félicité l'Anglais.
"Cette montée était un peu trop courte et explosive pour moi. Je préfère les Alpes où les ascensions sont plus longues et exigeantes", a commenté pour sa part l'impassible Colombien, qui garde espoir de renverser la situation : "On a montré à Froome qu'il devra se méfier dans les Alpes."
Pourquoi les Français se sont-ils neutralisés ?
Sur la piste de l'aéroport de Mende, où le président de la République François Hollande aurait sans doute préféré avoir à les féliciter, Pinot et Bardet ont éprouvé une déception comparable. Défaits dans les deux premières journées des Pyrénées, tous deux ont réagi pour tenter de décrocher la victoire d'étape qui sauverait leur Tour, un an après avoir tant brillé (Pinot 3e, Bardet 6e).
Entre le Franc-Comtois et l'Auvergnat, nés à quelques mois d'intervalle, un respect mutuel existe, propice à une concurrence source d'émulation. Dans la côte de la Croix-Neuve, chacun s'est obnubilé sur l'autre. A raison puisqu'ils se sont montrés les deux plus forts du groupe d'une vingtaine de coureurs échappés depuis la première partie de l'étape, bien avant l'entrée dans les somptueuses gorges du Tarn.
Bardet, qui a attaqué à trois reprises, a vu revenir Pinot sur le haut: "Je ne connaissais pas la montée, c'était plus long que ce que je pensais.
Tous deux se sont observés quelques instants, le temps pour Cummings de débouler de l'arrière. "Ils ne se sont pas entendus", s'est félicité le Britannique, avantagé par la courte descente pour rejoindre la ligne droite d'arrivée : "J'ai l'expérience de la piste, je sais prendre les courbes à fond, je savais que Pinot serait très prudent".
Les deux Français, distancés de quelques mètres, allaient échouer ensuite à recoller pour prétendre imiter, à 20 ans d'écart, Laurent Jalabert , vainqueur d'une étape mémorable à Mende. Du gâchis, pour reprendre le mot (justifié) de Pinot.