Happy Birthday : |
Il a attendu la nouvelle de longues minutes avant de fondre en larmes au point de ne pouvoir dire un mot: à l'annonce de sa deuxième place du TOUR DE FRANCE, le discret Jean-Christophe Péraud a été rendu muet par l'émotion.
"De l'ombre !". Les premiers mots de Jean-Christophe Péraud en franchissant la ligne d'arrivée à Périgueux à 17h31 seront les seuls prononcés avant de longues minutes.
Assis à l'abri du soleil derrière un camion, le coureur de 37 ans attend l'arrivée de Thibaut Pinot , deuxième du Tour au départ samedi et parti de Bergerac trois minutes après lui.
Hagard, exténué par 1 heure 08 minutes et 48 secondes d'effort et de rage déployés pour se battre contre le temps et une crevaison qui aurait pu lui faire tout perdre, il ne regarde pas la nuée de journalistes massée autour de lui. Deux masseurs lui essuient les jambes.
"Jicé, ça y est tu es deuxième !", lance un journaliste. Péraud lève le regard, serre le poing. Etreint par les masseurs, il baisse à nouveau la tête. Les larmes coulent. Les secondes passent. Tout le monde guette les mots du premier Français deuxième du Tour depuis 1997.
Il prend le temps de sécher ses larmes, se relève pour une interview. Une question, un rire nerveux en guise de réponse et les larmes reviennent. "Je ne voulais pas craquer mais bon voilà...", lâche-t-il avant de tourner le dos à la caméra et de fondre en sanglots.
Le manager d'AG2R La Mondiale Vincent Lavenu se fraye un chemin parmi les journalistes: "Viens mon petit Jicé que je t'embrasse". "C'est ça, le bonheur", lance-t-il aux caméras.
Péraud retente une interview, puis renonce. "Je ne suis pas capable de te donner un mot. Rendez-vous dans un mois pour l'interview", sourit-il, les yeux rougis.
Sous l'ovation du public, Péraud rejoint le camping-car de l'équipe garé quelques centaines de mètres plus loin.
- 'On n'aurait pas pu l'imaginer' -
Il y retrouve son équipier Romain Bardet qui, lui, a vu son rêve d'une 5e place brisée quelques minutes plus tôt pour deux petites secondes. En apprenant la nouvelle, le jeune Auvergnat a jeté son bidon de rage et est parti ravaler sa frustration à l'abri des regards, loin de l'euphorie qui entoure son aîné.
"Perdre le top 5 d'un Grand tour pour deux secondes, surtout sur une crevaison, c'est rageant, mais c'est le sport. C'est un peu dur à encaisser la ligne franchie mais à froid, ça ira mieux. Demain on sera tous main dans la main pour fêter la place de Jicé", assure-t-il.
La déception sera vite dissipée. La réussite de l'équipe AG2R sur le TOUR DE FRANCE est exceptionnelle: Péraud deuxième, Bardet sixième et ses neuf coureurs en tête du classement par équipes. "Il y a trois semaines, on n'aurait même pas pu l'imaginer !", sourit Julien Jurdie, les traits marqués par trois semaines intenses, une courte nuit de préparation méticuleuse et un chrono "stressant".
"C'est pas bon pour mon hypertension mais des moments comme ça, j'en ai rêvé, glisse-t-il. Quand je voyais les autres directeurs sportifs batailler pour un podium du Tour, je me disais +Un jour, est-ce que ce sera mon tour de faire ça ?+ C'était aujourd'hui, c'est que du bonheur même si ça demande beaucoup d'énergie".
"C'est une grande récompense pour les coureurs, pour le staff, pour tous ceux qui croient en nous depuis longtemps. C'est tant d'investissement depuis tant d'années que ça me fait pleurer", ajoute Lavenu, qui n'oublie pas de partager sa joie avec la FDJ.fr de Thibaut Pinot , présent quelques mètres plus loin. "La nation France a repris une belle part dans le cyclisme international. Chapeau à Thibaut Pinot qui s'est battu aussi. Je suis très ami avec Marc Madiot (le manager de la FDJ.fr) et je crois qu'on va se congratuler l'un l'autre".