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Pour allier l'intelligence et le caractère, le perfectionnisme et le pragmatisme, Romain Bardet a illuminé le bilan français du Tour 2016, qu'il a terminé dimanche à une place inespérée, en dauphin de Chris Froome.
Accablé par les malheurs qui ont touché ses autres chefs de file, Nacer Bouhanni (forfait peu avant le départ), Pierre Rolland (chute) et surtout Thibaut Pinot (maladie), le cyclisme français s'en est remis au jeune Auvergnat, 25 ans. Son grand numéro dans le final de l'étape de Saint-Gervais Mont Blanc a été salué dans son équipe AG2R La Mondiale mais aussi les autres formations françaises.
Jusque-là, seul Bryan Coquard était passé tout près - à 2,8 centimètres exactement - du succès à l'arrivée à Limoges. Les autres tentatives avaient échoué et le Tour semblait se diriger vers une édition sans victoire française, pour la troisième fois dans l'histoire de la course.
"Ce n'est pas forcément révélateur de la place que le cyclisme français prend à l'échelon international", a souligné Bardet avec sa lucidité coutumière. Surtout après un printemps éclairé par les victoires d'Arnaud Démare à Milan-Sanremo et la constance de Thibaut Pinot dans les courses par étapes (2e du Tour de Romandie).
- 'Il y aura des éditions meilleures' -
"Il y aura des éditions meilleures", a pronostiqué samedi l'Auvergnat de Brioude (Haute-Loire), dont la démarche, réaliste, s'appuie toujours sur des éléments objectifs.
Lui-même est un "vrai pragmatique", selon l'expression de son père Philippe, certes pas un rêveur. Mais sa quête permanente d'amélioration, son sens du perfectionnisme, ne peuvent que l'amener très haut, dans des sphères où le jaune n'est plus un mirage.
"On est loin de ce qui se fait de mieux dans le cyclisme", estime Bardet, élément moteur de la dynamique entraînant favorablement AG2R La Mondiale depuis plusieurs saisons. "En tout cas, on progresse. On va devenir des outsiders sérieux, tant sur les sprints que les vraies classiques ou les courses par étapes".
De la deuxième à la première place dans le Tour, Bardet le sait, le pas est géant. Il suppose, sauf dans le cas particulier d'un accident ou d'une défaillance inattendue du maillot jaune dans les derniers jours de course, une force collective pour supporter un prétendant à la tunique de leader au général.
- Analyser ses erreurs -
"Il faut être plus fort", convient Vincent Lavenu, le patron de l'équipe savoyarde. C'est à ce prix, pour peu que la vigilance de la course soit garantie par les contrôles antidopage de tous ordres (biologiques et motorisés), que Bardet pourra viser plus haut encore, sans doute à moyen terme au vu de son jeune âge.
"Je suis conscient de la dynamique positive et de la chance que j'ai eu dans ce Tour. Je n'ai pas eu de chute cette année, pas de crevaison au mauvais moment", a souligné le Français, qui a aussi progressé dans sa maîtrise de la course.
Son cafouillage de l'étape reine du dernier Dauphiné, quand il avait tergiversé entre deux options (privilégier l'étape ou le classement général), est derrière lui. "On apprend de ses erreurs", a souri à ce sujet Bardet, dont l'une des forces tient dans sa rapidité d'analyse.
Le cyclisme français n'a plus qu'à espérer que Julian Alaphilippe , très prometteur pour ses débuts dans le Tour, tire lui aussi la leçon de ses places d'honneur à répétition.
Ses qualités de puncheur, sa virtuosité dans les descentes et son enthousiasme doivent lui valoir de grandes satisfactions. A condition d'éviter de gaspiller ses forces dans des tentatives vouées à l'échec, tel le raid suicidaire mené dans le sillage de son coéquipier Tony Martin sur la route de Berne.