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Heureux de cette 101e édition qui avait débuté par un formidable succès populaire dans le Yorkshire, le directeur du Tour Christian Prudhomme a salué avant l'arrivée à Paris, dimanche, la maîtrise de l'Italien Vincenzo Nibali .
Q: Comment qualifieriez-vous ce Tour 2014?
R: "Par des images d'abord. L'élégance, l'allure de Vincenzo Nibali qui m'a fait beaucoup penser à Felice Gimondi (vainqueur du Tour 1965, ndlr) et qui a couru de façon très intelligente. Les Français, à deux sur le podium, ce qui n'était pas arrivé depuis trente ans. Le départ du Yorkshire, extraordinaire. Les gens sont venus à pied, à vélo, en bus. On ne voyait que la foule et les coureurs du Tour. De la même manière que le Grand départ de Londres en 2007 a fait franchir un cran au TOUR DE FRANCE, on grimpe encore avec le Yorkshire. L'un et l'autre, les Français et le Yorkshire, sont un tremplin pour l'avenir".
Q: Peut-on parler de renaissance?
R: "J'ai aimé la course, on n'a jamais vraiment eu le scénario classique d'une échappée reprise à 10 ou à 5 kilomètres de l'arrivée. Les chutes et les abandons surprises de Chris Froome et Alberto Contador ont fait que plus personne n'avait peur d'attaquer. Il n'y avait pas d'équipe surpuissante pour bloquer le peloton".
Q: L'abandon des favoris (Froome, Contador) ternit-il l'éclat de la victoire de Nibali?
R: "Je ne suis pas du tout convaincu qu'on aurait un autre vainqueur si les autres étaient là. Nibali avait déjà pris beaucoup d'avance en leur présence. Il a construit méthodiquement, avec beaucoup d'intelligence, son succès. L'an dernier, il avait fait demi-tour à l'arrivée de l'étape de la Vuelta à Peyragudes pour me dire: 'l'an prochain je viens faire le TOUR DE FRANCE et je veux le gagner'. Cela voulait dire qu'il était obsédé par le Tour. Il l'a dominé, de façon constante mais pas écrasante. Il a été devant partout. Sa démonstration sur les pavés était exceptionnelle".
Q: Nibali a parlé d'un parcours sur mesure pour lui...
R: (sourire). "On ne fait pas le parcours pour tel ou tel coureur. Il est fait pour l'essentiel avant l'édition précédente".
Q: L'échec de l'équipe Sky est-il un changement radical ou un simple accroc ?
R: "On verra l'an prochain. Quand on perd son leader, et quel leader, la vie ne peut pas être la même. L'équipe Tinkoff a su rebondir, le team Sky un peu moins. Il me plaît d'imaginer que l'an prochain, Froome, Contador, Quintana, Nibali, les Français, seront là. C'est la première fois qu'à dix jours de l'arrivée, je me dis 'ce qu'on vit est formidable mais vivement 2015'".
Q: Est-ce le retour des pays traditionnels?
R: "J'ai la conviction que les pays traditionnels du cyclisme doivent avoir des champions. De la même manière qu'il est essentiel d'avoir des champions dans les nouveaux pays. C'était le cas avec Cadel Evans en 2012 pour l'Australie, puis avec Bradley Wiggins et Chris Froome pour la Grande-Bretagne. S'il y a un sport où les racines sont importantes, c'est le cyclisme".
Q: Ce Tour marque-t-il une rupture seulement pour le cyclisme français?
R: "Ce doit être un tremplin pour les années à venir. C'est une nouvelle ère qui s'ouvre dans laquelle les nations traditionnelles, l'Italie et la France par exemple, vont se battre contre les nouvelles nations".
Q: L'équipe de Nibali avait un passé lourd en matière de dopage. Qu'avez-vous pensé de Nibali sur ce sujet?
R: "J'ai trouvé ses réponses pertinentes. Le cyclisme a réellement changé parce que les contrôles aussi ont changé, parce que le passeport a été mis en place. Son équipe fait partie du Mouvement pour un cyclisme crédible (MPCC) et les contrôles sont les mêmes pour tout le monde. On a affaire à un coureur qui maîtrise, qui n'écrase pas. Il est normal que la question soit posée. Dommage qu'elle ne soit pas posée dans toutes les autres disciplines".
Q: On a eu l'impression que ce Tour s'était déroulé sans temps mort...
R: "Ce sont les coureurs qui ont magnifié le parcours. Les temps faibles n'ont pas existé. Cela ne dépend pas de nous mais des coureurs, des directeurs sportifs, des managers d'équipes. La vedette, c'est le TOUR DE FRANCE mais le plus important, ce sont les coureurs".