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Le Britannique Chris Froome a assommé le TOUR DE FRANCE dès la première arrivée au sommet, mardi, dans la 10e étape qu'il a dominée outrageusement dans la montée de La Pierre-Saint-Martin.
Froome, qui a assuré son maillot jaune, a distancé de plus d'une minute le Colombien Nairo Quintana , devancé pour la deuxième place par un... coéquipier de Froome, l'Australien Richie Porte dans cette première arrivée au sommet.
Les écarts aussi importants étaient-ils prévisibles ?
Le premier grand col du Tour est toujours redouté par les coureurs, surtout après neuf journées dans la plaine à utiliser des braquets importants. Un facteur aggravant s'est ajouté cette fois. La course, le lendemain de la journée de repos, est souvent difficile à négocier.
"Je n'arrivais pas à garder le rythme, à trouver le souffle. Comme si j'étais sans forces...", a déploré le champion d'Italie Vincenzo Nibali , visage défait: Je ne suis même pas le petit frère du Nibali de l'année dernière." Pour le vainqueur sortant du Tour, l'addition a approché les quatre minutes et demie.
"Je n'arrivais pas à respirer, à tourner les jambes assez vite. J'ai passé une mauvaise journée", a déclaré en écho Alberto Contador . Pour l'Espagnol, candidat au départ au doublé Giro-Tour, la note a dépassé les trois minutes.
Dans le camp français, les propos sont allés dans le même sens. Surtout pour les deux jeunes talents qui avaient rivalisé l'an passé dans les grandes ascensions du Tour, Romain Bardet , rejeté à plus de huit minutes, et Thibaut Pinot , encore plus loin.
"Ce n'est pas une défaillance", a corrigé Jean-Christophe Péraud, distancé de plus de cinq minutes et demie. "Je suis à ma place. Le niveau est très relevé, j'étais incapable de suivre. J'ai souffert de la chaleur", a estimé le dauphin de Nibali l'été dernier.
Le col du Soudet, une montée irrégulière et très éprouvante (15,3 km à 7,4 % de pente moyenne), a condamné d'autres leaders d'équipes. Entre autres l'Espagnol Joaquim Rodriguez et le Colombien Rigoberto Uran , dont le retard a avoisiné les six minutes, l'Américain Andrew Talansky et le Canadien Ryder Hesjedal , distancés plus encore.
Tous ont été asphyxiés par le rythme de l'équipe de Froome avant que l'Anglais accélère encore à 6,4 kilomètres du sommet, sur le haut de la partie la plus pentue. Quintana, le seul à tenter de le suivre, a vu s'éloigner le maillot jaune à travers la foule qui avait envahi le col, tout près de la frontière franco-espagnole.
Froome a-t-il quelque chose à craindre ?
Quintana, troisième au classement à seulement 17 secondes de l'Américain Tejay Van Garderen , accroché à sa deuxième place, compte désormais plus de trois minutes de retard.
"Mes chances de victoire se sont un peu réduites, admet le grimpeur colombien. Mais je rêve encore du jaune et je me battrai jusqu'au bout pour l'obtenir".
Le quasi-KO infligé par Froome à ses adversaires place le "Kenyan blanc" dans une situation confortable bien qu'il reste... 25 cols à grimper. Mais le maillot jaune a rappelé lui-même le précédent de 2013 quand il avait gagné haut la main la première étape de montagne, dans la station pyrénéenne d'Ax-3 Domaines, devant... Porte.
Au lendemain de ce coup de force, l'équipe Sky avait pris l'eau et Porte avait été largement distancé sur la route de Bagnères-de-Bigorre.
"On sera sur nos gardes, a affirmé Froome. L'équipe a montré sa force dans le contre-la-montre, ça donne des raisons d'espérer que l'on ne fasse pas les mêmes erreurs qu'en 2013".
Et les Français ?
Pour les hommes en vue de l'édition 2014, le temps est déjà au bilan. Pour changer sans doute d'objectif et, par conséquent, de stratégie. Péraud, le dauphin de Nibali l'an passé, est désormais à plus de six minutes du podium. Quant à Bardet et Pinot, la logique leur impose de viser un coup d'éclat, dès lors que la surveillance à leur égard devrait se relâcher.
Si Warren Barguil a longtemps tenu l'allure, malgré une chute survenue en cours d'étape, la principale satisfaction est venue de Tony Gallopin , désormais 7e du classement général. L'ex-maillot jaune du Tour 2014, dans le sillage d'un excellent Pierre Rolland , a franchi la ligne d'arrivée devant van Garderen.
"Je vais sans doute revoir les plans, je n'aurai pas la liberté (pour viser une étape, ndlr)", a commenté le Francilien, qui n'avait encore jamais réalisé une performance de ce niveau en haute montagne. De quoi l'inciter à tenter peut-être d'obtenir une belle place au classement final: "Je n'ai jamais joué le général d'un grand tour. J'ai essayé à Paris-Nice et ça ne s'est pas mal passé (6e)."