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C'est "la plus belle journée du Tour après Paris", synonyme d'étape finale, pour Martin Elmiger. La journée de repos permet de soulager les corps mais surtout de couper avec une épreuve souvent qualifiée de rouleau compresseur.
Mardi à Berne (Suisse), le peloton observera sa deuxième pause, seulement, depuis le départ du Mont-Saint-Michel le 2 juillet. Neuf étapes l'ont d'abord conduit en Andorre, lieu de la première halte. Sept étapes plus tard, le Tour s'arrête une seconde fois, avant les cinq derniers jours de course.
"J'étais un peu cramé les deux derniers jours avant Andorre, et après je me sentais bien", explique Elmiger dans un sourire.
Les équipes s'organisent, pour la plupart, de la même façon: réveil tardif, décrassage à vélo d'une heure environ avant le déjeuner, détente et soins dans l'après-midi.
Chez lui, en Suisse, Elmiger retrouvera sa femme et ses enfants. Une parenthèse essentielle pour "essayer d'oublier le circuit et ne pas penser à demain. Le vélo, c'est important, mais il y a plus important dans la vie".
- 'Sans horaires et sans montre' -
Dans la principauté pyrénéenne, le coureur de IAM a consacré son temps libre au shopping. "J'ai marché un peu, acheté quelques chaussettes, quelques T-shirts, des parfums pour ma femme et moi, un petit truc pour mes enfants. On a mangé tous ensemble avec l'équipe, pris quelques verres de vin". Des moments simples mais rares sur le Tour.
"C'est une journée qu'on attend tous", confirme Florian Vachon, qui s'attachera à "prendre son temps, récupérer, se changer les idées." Le coureur de Fortuneo rêve d'une journée "sans horaires et sans montre". La journée "à la carte" redonne à chacun une liberté dont il a été jusqu'ici privé.
Se vider l'esprit pour repartir apaisé. "Ce jour est plus important dans la tête que dans les jambes", affirme Jean-Jacques Menuet, le médecin de Fortuneo. "Il s'agit de laisser le coureur s'installer dans une espèce de bulle en dehors de la course, en contact avec sa famille. Ils se font masser pendant une bonne heure, le reste de la journée leur appartient."
Le premier choix à faire porte sur le décrassage. "Le vélo n'est pas 100% obligatoire", affirme Kjell Carlström, directeur sportif de IAM. "Le coureur a parfois vraiment besoin de ne pas rouler". Ce fut le cas en Andorre de Jarlinson Pantano, vainqueur dimanche à Culoz.
Cette liberté comporte naturellement des limites. "Ils ne vont pas se lever trop tard, sinon on se remet un peu en décalage horaire. Il faut se méfier du relâchement", souligne Menuet.
- Les chronos aussi comptent -
Tous les directeurs sportifs, dont Carlström, vont dans son sens: "Il ne faut pas trop de changements parce qu'après, tu vas au lit tard et c'est difficile le lendemain. Déjà, ne rouler qu'une heure au lieu de quatre ou cinq, c'est un gros changement".
Obligatoires, ces journées de repos sont placées cette année de manière dégressive plutôt que régulière. Un choix que regrette Philippe Mauduit. "Elles ont été placées en fonction des problèmes que rencontrent les organisateurs pour leur tracé", affirme le directeur sportif de Lampre. "Il faudrait un repos chaque samedi ou chaque dimanche".
Jean-Jacques Menuet n'y voit pas de problème. "Pour certains coureurs, les chronos sont aussi une journée de repos. Sur le peloton, il n'y a peut-être que cinquante coureurs qui font le contre-le-montre à fond", rappelle le médecin.
Pour lui, le compte y est: "Deux journées de repos, plus deux contre-la-montre, plus l'étape des Champs-Elysées qui n'est pas forcément violente". D'autant que sur les étapes en ligne, "les gars sont capables de gérer l'effort. S'ils voient qu'ils ne sont pas sur le final et qu'ils ne jouent pas le classement général, ils vont se relever. Dans ces cas, la récupération commence une demi-heure avant l'arrivée".
La pause suisse sera aussi l'occasion de préparer l'après-Tour, explique Giuseppe Martinelli, directeur sportif d'Astana. "Les programmes d'après-Tour s'établissent déjà: il y a celui qui pense à San Sebastian, au Danemark, toutes les autres courses... On cherche à faire un point sur la situation".