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© AFP/Christophe Ena
Le coureur Christopher Froome
, en jaune, et son manager de l'équipe Sky Dave Brailsford trinque au départ de la 21e et dernière étape du 103e TOUR DE FRANCE, le 24 juillet à Chantilly
Les nuages planent au-dessus de l'équipe Sky, victorieuse de quatre des cinq derniers Tours de France, et surtout de son manager Dave Brailsford, inquiétés par plusieurs enquêtes en Grande-Bretagne et désormais en proie aux soupçons.
Brailsford, à l'origine de l'exceptionnelle réussite de la piste britannique puis de son équipe de marque (Wiggins, Froome), pourrait même se retrouver sur la sellette. Bien qu'il se défende de toute infraction à la législation antidopage et soit soutenu publiquement par plusieurs coureurs.
. Plusieurs enquêtes en Grande-Bretagne
L'équipe Sky et la fédération britannique (British Cycling) font actuellement l'objet de deux enquêtes. L'une est menée par l'agence antidopage britannique (UKAD) sur le dossier concernant le premier coureur du pays vainqueur du TOUR DE FRANCE en 2012, Bradley Wiggins . L'autre par l'organisme de financement UK Sport.
Pour l'heure, ce sont les travaux de la commission d'enquête parlementaire (Chambre des Communes), suite à des allégations d'intimidation au sein de British Cyling, qui retiennent l'attention. Pendant les auditions, le sujet des AUT, les autorisations (de produits en principe interdits) à usage thérapeutique, a été évidemment évoqué. A l'époque des faits, en 2011, la fédération britannique et l'équipe Sky avaient recours au même médecin, le Dr Richard Freeman. Wiggins, multi-champion olympique aujourd'hui retraité, est concerné au premier chef.
. Erreurs de procédure ou infractions ?
"Il y a une différence fondamentale entre des fautes de procédure et des infractions", a plaidé Brailsford, mardi, auprès de la commission. En juin 2011, Wiggins a reçu un mystérieux colis alors qu'il terminait dans les Alpes le Critérium du Dauphiné. Que contenait le paquet transporté tout exprès d'Angleterre ? Un puissant corticoïde (triamcinolone) comme le soupçonnent les spécialistes de l'antidopage ? un banal fluidifiant bronchique comme le soutient Brailsford ?
La commission a découvert que le Dr Freeman ne pouvait justifier les prescriptions de l'époque et le dossier médical de Wiggins. Ces éléments étaient seulement présents sur l'ordinateur personnel du médecin qui, soutient-il, lui a été volé à l'été 2014 lors de vacances en Grèce.
Pour étayer ses allégations à propos du fluidifiant bronchique (Fluimicil) disponible sans ordonnance dans les pharmacies en France, la direction de l'équipe britannique a publié mardi soir un communiqué. Elle soutient que, sous la forme utilisée par Wiggins, ce médicament, acheté en... Allemagne et stocké à Manchester, ne pouvait être trouvé dans les pharmacies françaises.
Quant à l'absence d'enregistrement des informations médicales, l'équipe a refusé de parler de "défaillance" mais a reconnu "une erreur regrettable". L'explication ? Plusieurs de ses (neuf !) médecins en 2011 auraient eu "du mal à utiliser" le système informatique. "Depuis, le système de notes médicales de l'équipe s'est développé de façon significative", a affirmé Sky.
Par avance, la responsable de l'antidopage britannique, Nicole Sapstead, avait vivement critiqué le service médical lors de sa comparution devant la commission. Le Dr Freeman, s'est-elle étonnée, "a conservé des dossiers médicaux sur un ordinateur portable alors qu'il était censé, selon la procédure de l'équipe Sky, télécharger ces enregistrements dans une boîte à lettre électronique accessible aux autres médecins de l'équipe".
. Risque de déstabilisation
L'affaire, qui suscite des remous en Angleterre où Brailsford et Wiggins ont été anoblis par la reine après les résultats tonitruants du Tour et des JO 2012, est à même de déstabiliser l'équipe britannique. Même si, pour l'heure, les résultats ne s'en ressentent pas et si le manager rappelle le credo officiel: "Notre mission est de gagner proprement, comme nous le faisons depuis huit ans."
Le journaliste David Walsh, qui avait été appelé par l'équipe Sky à ses débuts pour voir le fonctionnement interne dans un souci de transparence, a pris ses distances avec Brailsford. Au regard de la crédibilité qu'il estime "perdue", le journaliste se disait convaincu, fin décembre, que le triple vainqueur du Tour, le Britannique Chris Froome, était "propre" mais estimait le départ du manager nécessaire. "Mais je ne pense pas, ajoutait-il, que cela va se passer ainsi".
Après l'annonce par le site spécialisé cyclingnews qu'un coureur de Sky envisageait de demander en interne le départ de Brailsford, la réaction n'a pas tardé. "Nous sommes tous à cent pour cent derrière Dave", a réagi le Britannique Geraint Thomas , approuvé publiquement par quelques autres (Kwiatkowski, Rowe, Viviani, etc).
Pour l'instant, Froome s'est abstenu de soutenir publiquement son patron. Le dernier envoi du vainqueur du Tour ? Un tweet qui le voit avec son fils Kellan sur le bras et un message souriant: "Je profite de mes derniers jours en Afrique du Sud."