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Jacques Rogge, le président du CIO, lors d'une conférence de presse, le 5 décembre 2012 à Lausanne, en Suisse
Le président du Comité international olympique (CIO) Jacques Rogge a estimé que l'affaire Lance Armstrong était "une triste histoire" qui doit constituer un "tournant" dans la lutte antidopage, lors d'un entretien exclusif avec l'AFP jeudi.
"C'est une triste histoire. Mais on doit la prendre comme une opportunité, un point tournant pour qu'un nouvel esprit arrive dans le cyclisme, que la lutte antidopage continue de s'intensifier, et que plus particulièrement on puisse voir quel rôle joue l'entourage car c'est quelque chose d'important", a déclaré Jacques Rogge.
"Espérons que cela sera le moment à partir duquel la lutte antidopage va s'intensifier. Armstrong s'est engagé à participer à une commission vérité et réconciliation. S'il montre des remords et de la contrition, ce qu'il semble avoir fait dans son interview, je pense que cela pourrait envoyer un signal pour les jeunes coureurs", a estimé le président du CIO.
Alors que certains ont demandé la tête du président de l'Union cycliste internationale (UCI), Pat McQuaid, et surtout celle de son prédécesseur Hein Verbruggen, tout deux membres du CIO, Jacques Rogge se garde bien bien de toute critique et recommande d'attendre les conclusions de la commission indépendante chargée de faire la lumière sur le rôle joué par l'UCI au temps de la domination de l'Américain sur le TOUR DE FRANCE.
"Les appels à la démission ne sont valables qu'à partir du moment où il y a des preuves patentes. Ce sera le travail de la commission indépendante de l'UCI de déterminer s'il y a une culpabilité ou pas", a insisté l'ancien chirurgien orthopédiste. "D'abord investiguer et juger, et puis punir mais pas dans l'ordre inverse."
Comme l'histoire de Marion Jones, l'ex-reine du sprint déchue pour dopage, celle de Lance Armstrong montre "les failles" dans la lutte antidopage du début des années 2000, selon lui.
Et de rappeler que les autorités antidopage n'avaient pas un test de détection de l'EPO aussi solide que maintenant, pas de test de détection pour l'hormone de croissance ou pour les autotransfusions sanguines. Surtout la lutte se faisait de manière moins stratégique, avec peu de contrôles hors compétition. Les progrès scientifiques, mais aussi le soutien des autorités policières et judiciaires et l'introduction du passeport sanguin sont autant d'éléments qui ont permis selon le président du CIO à faire avancer la lutte antidopage.
Alors, Jacques Rogge, qui s'apprête à quitter son poste en septembre après 12 ans à la tête du CIO, a regretté de voir l'UCI et l'Agence mondiale antidopage (AMA), deux instances censées faire front commun contre les tricheurs, s'entredéchirer à nouveau: "Je plaide pour une collaboration honnête et sincère entre l'UCI et l'Agence mondiale antidopage. Il est dommage que les gens s'affrontent car seule une synergie peut apporter un résultat favorable".
L'ancien président de l'AMA, Dick Pound, a même avancé que le CIO, dont il est aussi membre, devrait être plus "dur" avec le cyclisme, en utilisant son pouvoir de l'exclure du programme olympique pour non conformité aux règles du Code mondial antidopage.
"Le CIO a très bien fait en amendant sa charte pour dire: vous devez vous conformer ou vous ne pouvez pas participer, mais ils sont réticents à utiliser ce pouvoir", avait ainsi déclaré en novembre à l'AFP le Canadien.
Si le CIO a déjà estimé la semaine dernière "peu probable" une exclusion du cyclisme des JO, Jacques Rogge s'est refusé à toute remarque. "J'ai l'habitude de ne pas commenter les déclarations de mes collègues", a avancé le Belge, qui avait gagné l'élection à la présidence en 2001 face à Dick Pound.