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Entre admiration, étonnement et scepticisme, Chris Froome continue à susciter une controverse qui s'attache à cette domination inexorable affichée pour gagner une deuxième fois le TOUR DE FRANCE.
Le 14 juillet, Froome obscurcit de nouveau le ciel du cyclisme en 6.500 mètres ravageurs, paroxystiques, dans le final de la montée de La Pierre Saint-Martin.
"Une chape de plomb s'abat sur le Tour", raconte avec le recul Jean-Luc Gatellier, auteur du "Livre d'or du cyclisme" (éditions Solar): "Le malaise est évident face à la puissance dévastatrice de l'équipe anglaise".
En ce jour de fête nationale française, le lieutenant de Froome au sein de la formation Sky, l'Australien Richie Porte , assure le doublé sur les pentes pyrénéennes. Le même Porte affirmera pourtant... trois jours plus tard, avoir été frappé par un spectateur dans la montée.
Entre-temps, la polémique a grandi. Les soupçons de tricherie mécanique ont surgi, nourris par le souvenir de l'écrasante supériorité manifestée par les hommes de Dave Brailsford, le grand manitou de Sky, aux JO de Londres, et par le comportement à éclipses de l'autorité souveraine, l'Union cycliste internationale (UCI). Aucun contrôle systématique de matériel n'a été pratiqué par les techniciens de l'UCI.
- Une seule version -
Si des appels répétés (dirigeants, responsables d'équipes, coureurs) sont lancés afin de ne pas jeter la suspicion, le vrai contre-feu est alimenté au lendemain de la révélation de l'"agression" invoquée par Porte. Le 18 juillet, Froome affirme avoir été aspergé d'urine par un spectateur. Dès lors, la sécurité chasse la possible tricherie comme sujet dominant traité par les médias.
Jusqu'à l'arrivée à Paris, la question reviendra chaque jour, malgré le flou autour de l'incident évoqué par Froome. Aucun témoignage, aucune photo, aucune vidéo, n'a corroboré la version du vainqueur du Tour, alors que le secteur concerné, dans le sud-Aveyron, se résume à quelques kilomètres de plat envahis par le public.
Pendant la course, Alastair Campbell, communiquant proche de Dave Brailsford qui fut l'éminence grise de l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, a tenté aussi de chasser les soupçons. En rappelant quelques évidences dans un sport qui n'a pas encore totalement évacué le traumatisme provoqué par le scandale Lance Armstrong .
- Une prophétie -
"Chris n'est pas comme lui, il ne va pas pousser les autres dans le fossé pour gagner. Et ses coéquipiers, qui pourraient être des leaders ailleurs, le lui rendent bien. Il s'est fait accepter comme un leader incontestable", a estimé dans Libération l'ancien "spin doctor" de Blair. Et de souligner aussi les qualités propres du Britannique.
"Les valeurs de Froome sont proches de ce que nous pensons être la limite supérieure de l'être humain en ce qui concerne la VO2", a d'ailleurs confirmé en fin d'année un expert scientifique (Phillip Bell), qui a mené une batterie d'examens à la demande du coureur.
Mais les zones d'ombre subsistent, contraires à la transparence exigée par l'époque. Froome le sait, lui qui reconnaissait pendant la course: "Ceux qui ont une mauvaise opinion de moi ne changeront pas. (...) Je paye les erreurs de ceux qui m'ont précédé."
"Je peux comprendre, disait Campbell en écho, que certains spectateurs français du Tour, après avoir vécu une ère dominée par un Américain qui a nié constamment avoir triché, soient un peu refroidis par l'hégémonie d'une équipe britannique, qui risque de durer".
La fin du propos sonne comme une prophétie.