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© AFP/DAVID STOCKMAN
Le Slovaque Peter Sagan
pose sur le podium après sa victoire dans Kuurne-Bruxelles-Kuurne, le 26 février 2017
Le double champion du monde, le fantasque Peter Sagan , est prêt pour une consécration samedi, dans Milan-Sanremo, la mythique Primavera en ouverture de la saison des grandes classiques cyclistes qu'Arnaud Démare avait conquise l'an passé.
Paradoxalement, le Slovaque a toujours trouvé son maître dans une course taillée à ses mesures. Par son profil, un long ruban de 291 kilomètres qui comporte quelques escarpements au-dessus du littoral de la Riviera mais s'adresse avant tout aux routiers-sprinteurs. Par le sang-froid qu'elle réclame, tant elle se joue sur des détails et privilégie l'instinct après plus de six heures de course.
Impressionnant dans le récent Tirreno-Adriatico dont il a enlevé magistralement deux étapes, Sagan affiche sa décontraction habituelle: "Je dois être désigné favori dans chaque course. Je ne ressens plus ce genre de pression. Je suis habitué."
Pour avoir déjà couru la "classicissima" à six reprises, Sagan (27 ans) connaît le scénario habituel par beau temps, la météo prévue pour samedi. L'échappée lancée dès la plaine du Pô, l'accélération brutale dans la Cipressa, l'avant-dernière difficulté (5,6 km à 4,1%) au seuil des vingt derniers kilomètres, le "rush" des puncheurs dans le Poggio sur la courte montée (3,7 km à 3,7%) qui précède une descente très sinueuse vers la cité des fleurs.
Tout se joue en quelques instants dans cette classique légendaire que les attaquants ont une chance de gagner pour peu que tarde la poursuite en tête du peloton. Le champion olympique, le Belge Greg Van Avermaet a le profil pour se glisser dans l'ouverture. Tout comme le champion du monde 2014, le Polonais Michal Kwiatkowski , passé à l'offensive l'an dernier mais repris sur les 2200 mètres de plat précédant l'arrivée sur la Via Roma exceptionnellement parée pour l'occasion.
- Gaviria plus rapide ? -
Dans ce décor de théâtre à ciel ouvert, les sprinteurs s'arrogent les premiers rôles. A la façon de Démare, qui avait imposé l'an passé sa puissance dans un long sprint que le Colombien Fernando Gaviria , impressionnant jusque-là pour ses débuts, avait loupé à cause d'une inattention (chute).
Douze mois plus tard, Démare revient avec les mêmes ambitions, Gaviria aussi. Tous deux ont gagné dans les dernières courses par étapes (Paris-Nice pour le Français, Tirreno-Adriatico pour le Colombien), pour mieux affermir leur confiance. Avec l'atout supplémentaire pour l'équipe de Gaviria de pouvoir jouer d'autres cartes (Alaphilippe, Boonen, Gilbert) selon le scénario.
L'Allemand John Degenkolb et le Norvégien Alexander Kristoff , devancés dans les sprints de Paris-Nice, ont aussi préparé soigneusement leur affaire. Pour avoir déjà gagné à Sanremo, ils savent comment procéder dans cette course de haute tension, épuisante pour les nerfs en raison des risques d'accrochage pour se placer dans le peloton sur les routes du littoral.
Les autres sprinteurs, le Français Nacer Bouhanni , le Britannique Ben Swift et l'Australien Michael Matthews notamment, connaissent ces dangers. Mais chacun imagine un dénouement favorable sur la Via Roma, où les "tifosi" se désespèrent de voir un Italien s'imposer dans la course la plus longue de la saison. Le dernier ? Filippo Pozzato en 2006.
Cette fois, les chances du pays-hôte (sans équipe de première division), reposent surtout sur le champion olympique de l'omnium, Elia Viviani , et le solide Sonny Colbrelli, vainqueur d'un sprint de Paris-Nice la semaine passée.
Colbrelli, qui prévoit un sprint de 25-30 coureurs, a dessiné le rapport des forces existant dans le journal organisateur la Gazzetta dello Sport: "Sagan est le seul vrai champion du groupe... mais Gaviria est plus rapide."