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A l'époque des premiers bourgeons, Milan-Sanremo ouvre dimanche la période des classiques, les joyaux du sport cycliste, qui exercent une fascination intacte sur les spécialistes et rebutent les autres.
Classique: qui fait autorité en quelque matière que ce soit. La définition du dictionnaire est sans appel. Rapportée au sport cycliste, elle signale les grands rendez-vous des courses d'un jour. En sept à huit heures, c'est l'histoire, parfois la légende, du cyclisme qui s'écrit.
POUR SPECIALISTES. A chacun son registre. Les purs sprinteurs (Cavendish, Greipel) rêvent de Milan-Sanremo, les routiers-sprinteurs (Sagan, Degenkolb) aussi. Les amateurs de pavés (Boonen, Cancellara, Stybar) songent davantage aux courses suivantes, au TOUR DES FLANDRES et à PARIS-ROUBAIX. Les coureurs de grands Tours (Nibali, Rodriguez, Valverde, les frères Schleck, etc) misent plutôt sur les "Ardennaises" dans une trilogie - AMSTEL GOLD RACE, Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège - qui se prête aux victoires en série durant la seconde quinzaine d'avril. Quant aux finisseurs (Gilbert, Gerrans), ils peuvent briller à peu près partout, hormis peut-être sur les sentes pavées menant à Roubaix.
Sur ces parcours, l'expérience prime. Les trentenaires, pour peu qu'ils aient le niveau physique demandé, ont l'habitude d'exercer leur loi. Au bénéfice de leur connaissance du terrain, élément capital dans les courses flandriennes, et aussi de leurs adversaires.
Dans des scénarios souvent tendus, l'aspect tactique prédomine. Avec, pour corollaire, le jeu des alliances. Sagan, qui présente (comme Sean Kelly dans les années 1980) le profil pour gagner sur la plupart des terrains, l'a expérimenté à ses dépens les deux années passées. Le jeune Slovaque, 24 ans, affirme avoir compris. "L'expérience de l'année dernière m'a montré comment cette classique peut être imprévisible et difficile", a-t-il dit à propos de sa deuxième place à Sanremo derrière l'Allemand Ciolek.
DES COURSES AUSSI EXIGEANTES QU'EXCITANTES. Pour autant, il n'y pas de portrait-robot du coureur de classiques. Sinon pour le mental. Alain Gallopin, qui a bourlingué dans de nombreuses équipes, évoque un coureur "aguerri, dur au mal, à la fois patient et entreprenant". La clairvoyance, ajoute-t-il, est aussi nécessaire pour interpréter au mieux les mouvements de la course et mettre toutes les chances de son côté.
Physiquement, les qualités réclamées sont connues mais valables aussi pour d'autres courses: puissance, endurance, vitesse terminale. Par leur durée, souvent plus de six heures, leur distance, au-delà des 250 kilomètres, les classiques exigent énormément de leurs prétendants. A hauteur d'une histoire prestigieuse, souvent plus que centenaire.
"C'est un monde à part", apprécie le Français Sylvain Chavanel , parfait exemple d'un amoureux tardif. "Je n'ai pas appris à les aimer quand je suis passé professionnel. C'est venu sur le tard, j'ai commencé à y prendre goût en 2007".
"Une course par étapes répond à un scénario prévisible, contrôlé par l'équipe du leader. Dans une classique, tout peut se passer", poursuit le Français qui prend l'exemple de Milan-Sanremo.
"Au début, je détestais parce que ça me paraissait ennuyeux, faire 300 bornes, rester dans les roues et rouler à 50 à l'heure sans que ça 'pète'. Mon opinion a changé, reconnaît-il. Il y a une montée en pression pendant la course, avant la Cipressa et le Poggio. C'est super bon, cette excitation, c'est même... génial".