Happy Birthday : |
Liège-Bastogne-Liège, comme la Flèche Wallonne quatre jours plus tôt, a satisfait la plupart de ses acteurs... mais plongé longtemps dans l'ennui, avant le final, bon nombre de spectateurs. A cause d'un scénario verrouillé mais hélas prévisible.
"Hormis le podium magnifique, c'est incroyablement décevant pour la 100e édition d'une si grande course", a regretté l'organisateur et directeur du TOUR DE FRANCE, Christian Prudhomme. "La période intense est beaucoup trop courte, 10 kilomètres sur 263, ça ne fait pas envie. Et ce n'est pas le directeur du Tour qui parle, c'est l'amoureux du vélo !"
UNE PRUDENCE EXCESSIVE. Dans la quête obsessionnelle de points (réservés aux 10 premiers) pour le classement par équipes établi en fin de saison, les coureurs et leurs responsables se satisfont de places d'honneur. Ainsi, la réaction unanime des deux battus du jour, l'Espagnol Alejandro Valverde (2e) et le Polonais Michal Kwiatkowski (3e), qui ont utilisé la même formulation après la course: "Je suis satisfait."
A l'instar des courses par étapes d'une semaine du calendrier mondial (WorldTour), quasiment robotisées, les coureurs limitent la prise de risques. Aucun des favoris ne s'est exposé dans la dernière heure de Liège-Bastogne-Liège, hormis l'Irlandais Dan Martin qui a tenté le tout pour le tout, sous la flamme rouge du dernier kilomètre. Les autres ont assuré, un accessit le plus souvent.
"C'est la faute aux points pour le classement", accusait avant même le départ de Liège Marc Madiot , le manager de l'équipe FDJ.fr, en prenant l'exemple de sa formation: "Si je veux être en première division l'an prochain, j'ai besoin de points. Je comprends que le spectateur ne se passionne pas... mais je n'ai pas le choix."
UN NIVELLEMENT DES VALEURS, COUREURS ET EQUIPES. L'autre raison principale, avancée moins ouvertement dans l'entourage des équipes, serait assurément plus réjouissante. Faute de carburant extérieur, autrement dit d'apport médicamenteux, les coureurs gèreraient leurs efforts et tenteraient d'économiser l'énergie le plus longtemps possible. Dans le final, ils ne disposeraient plus que d'une seule cartouche, une seule tentative.
"Comme la course est dure, on attend le dernier moment", relève Valerio Piva, directeur sportif de BMC. En parallèle, la préparation de plus en plus pointue (programmation, entraînement, etc) est reconnue par tous. "Le niveau des coureurs a augmenté, celui des équipes aussi, ce qui a tendance à donner des courses verrouillées", confirme Allan Peiper, manager sportif de la même équipe.
"Le niveau du peloton est de plus en plus homogène, vers le haut", constate lui aussi Christian Prudhomme qui sait les possibilités limitées des organisateurs: "On le voit au TOUR DE FRANCE, on peut avoir une course formidable ou terriblement terne. J'ai toujours en mémoire l'attaque d' Alberto Contador dans le col de Manse (du Tour 2011), où il n'y avait jamais eu quoi que ce soit auparavant."
"Tout est possible", estime cependant l'organisateur de la Doyenne qui n'entend pas rajouter d'autres difficultés, à l'évidence un faux remède. Valverde a déjà répondu à ce sujet: "Une course plus dure ? Mais il y a déjà plus de 4000 mètres de dénivelé !"