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© AFP/Odd Andersen
La finale de l'épreuve féminine de Keirin aux jeux Olympiques de Londres, le 3 août 2013
Outil indispensable pour le cyclisme sur piste français, le vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines sera inauguré en grande pompe jeudi par les pistards bleus, contre les maîtres britanniques de la discipline.
UN BIJOU. La piste de 250 mètres, la même longueur qu'à Roubaix où un autre vélodrome couvert a été construit récemment, séduit l'ensemble des spécialistes. "Du velours !", sourit François Pervis, actuel homme fort du sprint mondial.
Le bâtiment abrite aussi le siège de la Fédération française, qui a migré de la Seine-Saint-Denis. Autour de l'enceinte, des installations format XXL concernent le BMX, autre discipline olympique. "L'ensemble forme un vrai Centre national du cyclisme", se félicite David Lappartient, président de la Fédération française, ravi que ce projet de quelque 100 millions d'euros (74 millions pour le seul vélodrome) initié voici dix ans par la communauté d'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines ait enfin été réalisé.
Des nouveaux équipements prévus par la candidature parisienne aux JO-2012, l'outil yvelinois est le seul qui a vu le jour. Malgré la défaite face à Londres en juillet 2005, la décision a été maintenue, le financement suivant le principe du partenariat public-privé. "L'enveloppe a été respectée, on n'a pas dépensé un centime de plus", affirme la communauté d'agglomération. Premiers coups de pioche en 2011, livraison fin 2013. Jeudi soir, ce sont plusieurs générations du cyclisme français qui se retrouveront avec émotion sur le nouvel anneau "olympique" de 5.000 places.
ATTENDU DEPUIS LONGTEMPS. Plus d'un demi-siècle exactement. La destruction du fameux "Vél d'Hiv", dans le XVe arrondissement de Paris, date de 1959. Les champions français de la piste (Morelon, Trentin, Rousseau, Ballanger, Gané, Tournant, etc) se sont succédé. Ils ont tous attendu le vélodrome promis par les politiques.
"Déjà, à la fin des années 1960", se souvient Gérard Quintyn, ex-coureur devenu entraîneur à l'âge d'or du sprint français. "A l'occasion d'une remise de décoration, Georges Pompidou (Premier ministre puis président de la République) avait dit à Morelon: on vous le fera, ce vélodrome..."
Il y eut des hypothèses (Aubervilliers, la Cipale) et une réalisation, le POPB (Paris Omnisport de Paris-Bercy). Son inauguration en 1984 se fit dans la configuration vélodrome. "Mais la piste n'était installée que 5-6 jours par an", relève Quintyn. Aujourd'hui, elle moisit, en pièces détachées, dans les oubliettes.
INDISPENSABLE MAIS INSUFFISANT. "A Saint-Quentin-en-Yvelines, la piste ne se démonte pas, heureusement", souligne Quintyn. Car la tentation est grande d'augmenter la rentabilité par des spectacles ou autres manifestations: "On sait que le non-sportif rapporte beaucoup plus que le sportif." La convention avec l'exploitant (groupe Bouygues) est censée fixer les créneaux d'entraînement et protéger les intérêts des pistards.
Le haut niveau qui était regroupé à l'Insep, dans l'est parisien, a déménagé début janvier à Saint-Quentin-en-Yvelines. "Les pistards avaient besoin de cet outil. La piste de l'Insep commençait à être trop petite (166 m)", estime Florian Rousseau , le champion-symbole de la piste française, tout en rappelant la richesse des ressources proposées par l'Insep qui reste "la Mecque du sport français" selon la formule de Quintyn.
Pour conquérir l'or, "ce vélodrome est une super avancée", résume Pervis. "Cette piste, c'est le top. Maintenant, il faut avoir le staff qui va avec, les moyens humains, la présence d'un médecin, etc. Il faut travailler sur les différents aspects de la performance, le matériel, le textile, l'aérodynamique. C'est là que l'on pèche depuis des années par rapport aux Anglais".